Une amie pour Andy, une alliée pour sa maman

SAINT-NORBERT-D’ARTHABASKA. Après avoir essayé des poissons, un chat et des hamsters, Sandra Boilard a pensé qu’un chien Mira pourrait apaiser son fils Andy, affligé d’un syndrome sévère de Gilles de la Tourette et de troubles aussi divers qu’un déficit d’attention, de la dyslexie, de la dysorthographie et de la dyspraxie.

Le chien, une chienne en fait, vient tout juste d’entrer dans la maison de la famille Boilard-Poisson, Andy n’ayant pas encore la possibilité de le sortir lui-même avec la laisse.

Seule sa mère peut le faire, elle qui a séjourné pendant toute une semaine (du 11 au 18 septembre) dans les locaux de Mira pour apprendre à contrôler un chien d’assistance.

Andy et Shelly n’ont pas encore fait ensemble leur entrée à l’école Notre-Dame de Saint-Norbert-d’Arthabaska que fréquente le garçon de 10 ans et Sandra Boilard ne sait pas trop comment les choses se passeront. Elle sait toutefois que l’arrivée de son fils et du Labernois devra être précédée d’une intense séance de sensibilisation et d’information. Elle expérimente les sorties… et certaines réticences. La maladie de son fils n’a souvent rien d’apparent.

Curieusement, dès que la chienne Shelly a mis les pattes dans la maison de Saint-Norbert-d’Arthabaska, c’est comme si elle avait su tout de suite qu’elle était destinée au jeune Andy, raconte Sandra. «Elle le suit partout. Andy m’a dit qu’il n’avait pas de mot pour dire comment il l’aimait», raconte la maman.

Près de deux ans d’attente

Il s’est écoulé plus d’un an et demi entre le moment – le 8 avril 2013 – où la famille a appris qu’elle était admissible à accueillir un chien et celui où elle a pu enfin recevoir Shelly, entraînée pour accompagner des enfants vivant avec un trouble envahissant du développement (TDH).

«Je ne savais même pas que ça existait. Je croyais que les chiens Mira n’étaient destinés qu’à des personnes aveugles ou handicapées physiquement», admet Sandra reconnaissante de cet immense cadeau de Mira. «Cela vaut 30 000 $ un chien comme ça, on nous fournit tous les accessoires et surtout l’entraînement.»

Ainsi, le jour du 9e anniversaire d’Andy, on lui annonçait qu’il aurait un chien à lui.

Les premières démarches pour l’obtenir ont commencé à la fin de l’année 2012. Sandra se souvient de l’entrevue téléphonique menée par le psychologue Noël Champagne, de l’épais formulaire qu’il lui avait fallu remplir pour rendre compte de l’état de son garçon.

Il leur avait aussi fallu se soumettre à des séances d’observation. Sandra et son fils se sont enfermés dans un lieu d’où on pouvait les voir, les entendre, les filmer. Et la maman se souvient aussi d’avoir pleuré à chaudes larmes et d’avoir eu envie de renoncer au projet lorsque le moment est venu de laisser Andy seul avec un chien. À sa grande surprise, l’enfant est resté calme.

Un «emploi» à temps plein

Il y a trois ans, Sandra Boilard a quitté son emploi, parce que la condition de son fils aîné nécessitait beaucoup trop de temps, d’attention, de visites chez le pédopsychiatre, de travail à la maison avec l’orthopédagogue et la psychoéducatrice.

Le diagnostic du syndrome de Gilles de la Tourette avait été posé lorsque l’enfant se trouvait à la maternelle. Bien sûr que les parents d’Andy avaient, auparavant, identifié certains symptômes, loin de s’imaginer toutefois qu’ils étaient attribuables à cette maladie. Il avait des manies et des tics, tant verbaux que moteurs.

Pendant longtemps, la mère a fait plusieurs «détours» par l’homéopathie, le reiki, l’hypnose, les produits naturels, «allergique» à l’idée de lui donner des «produits chimiques». Aujourd’hui, au moins six fois par jour, l’enfant doit prendre divers médicaments, dont du Ritalin et des antipsychotiques. «On est toujours en ajustements de sa médication. Il digère vite et réagit rapidement.»

Depuis le diagnostic, Sandra Boilard a sorti son fils de la maternelle de l’école privée où il était devenu le «pire cauchemar» de son enseignante. Elle l’a ensuite sorti du service de garde et de l’autobus scolaire où il était victime d’intimidation.

Avec ses nombreux tics, ses troubles moteurs, ses mouvements désordonnés, l’enfant devenait la cible d’insultes et d’injures. «Il était malheureux à un point tel qu’à huit ans, il m’avait écrit une lettre m’annonçant qu’il voulait en finir», raconte Sandra.

C’en était trop. D’un commun accord avec le papa, Sandra a quitté la banque où elle travaillait afin de véhiculer Andy tous les jours à l’école où elle occupe la présidence du Comité d’établissement. Une façon pour elle de veiller à ce que le canal de communications ne soit jamais fermé. Elle dit que s’est développée une grande «complicité» entre elle et l’école. «Si Andy n’a jamais doublé et se trouve en cinquième année, c’est parce qu’on ne l’a jamais lâché…» Dans la classe, il bénéficie de l’aide d’une technicienne en éducation spécialisée.

Si les pilules calment les tics et les tocs de l’enfant, elles ne le guérissent pas. Pas plus que ne le fera la chienne Shelly. «C’est un coup de dés», dit la mère.

En une semaine, la compagnie canine a fait une différence dans le comportement d’Andy et dans la dynamique familiale. Le garçon accepte de se coucher parce que «sa meilleure amie» l’accompagne. Il lui lit des histoires, il l’embrasse, la caresse. Concentre son attention sur elle… plutôt que sur sa petite sœur ou ses parents. «Parce qu’il est toujours dans nos culottes», dit la maman.

Elle observe qu’une crise de colère peut être rapidement résorbée par la seule présence de la chienne. «Sa présence diminue son anxiété.» Si Shelly est la meilleure amie d’Andy, Sandra dit de la chienne qu’elle est sa meilleure alliée.

La mère a appris à vivre au jour le jour avec Andy dont on ne sait pas comment, adulte, il composera avec sa maladie. Pour certains, les symptômes s’atténuent au fil du temps. Dans le cas du garçon, c’est le temps qui le dira.