Un moment de bonheur à la Ferme Panama de Saint-Pierre-Baptiste

L’hiver est terminé et le printemps est arrivé. Les vaches peuvent enfin sortir et c’est le bonheur à la Ferme Panama de Saint-Pierre-Baptiste située le long de la route 165 à Saint-Pierre-Baptiste.

Rares sont les troupeaux de vaches laitières qui peuvent encore aller dans les pâturages. Les propriétaires de la ferme, Dave Fortier et Sophie Bédard, sont fiers de maintenir cette tradition québécoise qui marque la fin de la période d’hivernation. Les pâturages étaient prêts, la semaine dernière, pour accueillir leur troupeau qui avait passé les six derniers mois à l’intérieur. C’était enfin l’heure de sortir « leurs filles » dehors!

« À cette période de l’année, nos vaches les plus vieilles le savent. Elles sentent la chaleur et chaque fois qu’on ouvre les portes de la ferme les queues se balancent. Elles ont hâte de retrouver les pâturages. C’est pour nous un gros souffle d’énergie que de voir nos championnes sautiller et gambader librement vers nos prairies », de commenter le couple propriétaire depuis 2012 de la ferme familiale qui a vu grandir Dave . « Ça n’a rien à voir avec la descente des alpages en Suisse, mais c’est quand même mémorable et émouvant de vivre ce phénomène de nos yeux. »

Pour Dave et Sophie, le bien-être de leurs vaches est leur priorité à la ferme et le fait d’envoyer les vaches paître dans les champs durant les mois d’été contribue à leur bonne santé, sont-ils convaincus. « Nous croyons que le fait qu’elles puissent marcher au grand air et faire de l’exercice est bénéfique pour leur bien-être physique, psychologique et émotionnel. »

« À l’extérieur, elles ont la liberté d’un grand espace pour socialiser ou s’isoler à leur guise. Elles se déplacent pour s’alimenter et s’abreuver et leur quotidien est basé sur le choix de la plante qu’elles veulent choisir de manger. Cette méthode d’élevage fait d’elles des vaches mieux équilibrées », estiment-ils.

Sortir les « filles » dehors demande quand même une certaine préparation allant de la préparation des pâturages jusqu’à la vérification des clôtures et broches électriques pour qu’elles n’aillent pas chez le voisin. « Nous prenons aussi plein de précautions, notamment pour qu’elles ne se percent pas les pieds sur des roches par exemple. »

À la fin de la journée, c’est à bord de son quatre roues que Dave va les rechercher dans les prairies pour qu’elles puissent passer la nuit à l’étable jusqu’au lendemain matin. « À la fin de l’été, elles reviennent toutes seules en suivant notre plus vieille dès qu’elles entendent le quatre roues démarrer. »

Parmi les autres avantages à faire sortir leurs bêtes, le couple fait mention de coûts énergétiques moins onéreux alors que les systèmes de ventilation et d’éclairage sont moins exploités à la ferme durant cette période. Il y a aussi tout le temps de travail économisé à l’étable pendant que les vaches s’alimentent à l’extérieur.

Le couple se dit conscient que cette méthode d’élevage offre cependant des rendements moins élevés. « Ce serait plus payant de les garder à l’intérieur à l’année pour qu’elles offrent une production maximale, mais nous avons bâti notre ferme en ayant des vaches qui vont au pâturage et cela cadre avec nos valeurs. Nous ne voulons pas stimuler nos vaches à donner du lait au maximum pour passer à une autre ensuite. Nous préférons les garder plus longtemps avec nous. »

La Ferme Panama compte un troupeau de 70 têtes avec 35 vaches (principalement de race Holstein) en lactation. Elle a triplé sa production depuis une quinzaine d’années alors qu’elle produit annuellement environ 300 000 litres de lait qui est destiné à l’industrie laitière. En 2019, les propriétaires ont procédé à des rénovations majeures des installations. Dave et Sophie (qui est originaire de Lyster) sont aussi les parents de trois enfants de 9, 6 et 4 ans.

« Le lait de vache nourrie à l’herbe goûte quelque chose et la saveur de ce lait change avec les saisons », dit le couple qui mijote d’ailleurs un projet qui est encore embryonnaire à ce stade-ci. « Nous aimerions bien embouteiller notre lait de vache aux pâturages. C’est un lait qui se distingue des autres et nous voudrions en faire profiter les gens. »

D’ailleurs, Sophie est à compléter son cours à l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA) en contrôle de fabrication des produits laitiers en prévision de gérer leur nouvelle usine laitière. « Nous espérons bien que ce projet puisse se concrétiser dans un avenir rapproché! », ont-ils conclu.