Un gros tas qui dérange à Saint-Norbert-d’Arthabaska

SAINT-NORBERT-D’ARTHABASKA. Des citoyens de Saint-Norbert-d’Arthabaska dénoncent l’aménagement, en plein village, d’une installation abritant les abrasifs utilisés par la Municipalité durant la saison hivernale. L’aménagement de ces abrasifs recouverts d’une membrane se situe derrière des résidences de la rue Landry, très près des terrains privés.

À la séance du conseil municipal du 2 septembre, une pétition regroupant les signatures de 32 citoyens des rues Landry, Demers et Prince a été déposée.

Dans cette pétition, les signataires manifestaient leur opposition au projet de construction d’un entrepôt pour les abrasifs sur le terrain voisin des propriétés situées au 79 et 85 de la rue Landry, estimant «qu’il est inconcevable de construire ce bâtiment dans le milieu du village, c’est-à-dire dans une zone résidentielle très achalandée avec des vitesses excessives à tout moment de la journée».

La présence des poids lourds qui doivent faire le plein d’abrasifs augmentera les risques d’accident, font valoir les citoyens tout en signalant la présence de deux garderies à proximité.

«Les élus nous ont fait savoir, le 2 septembre, qu’ils allaient étudier notre pétition. Mais voilà que six jours plus tard, le 8 septembre, la machinerie arrivait pour entreprendre les travaux. Le conseil municipal n’a donc pas considéré notre pétition. J’ai l’impression que tout était déjà décidé», a indiqué Lise Boisvert, rencontrée chez elle par le www.lanouvelle.net.

La propriétaire de deux résidences voisines déplore les conséquences néfastes d’un tel projet, notamment sur la valeur des propriétés. «Avec une affaire de même, quelle valeur aura maintenant ma maison? Sans compter le bruit généré par les camions et par la membrane avec les vents», a-t-elle souligné.

Les citoyens mécontents estiment que le projet devrait se réaliser en campagne. «Mais les élus soutiennent qu’il n’y aurait aucun terrain vacant en campagne. Je ne les crois pas», a confié Mme Boisvert.

Une représentante du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques a été rencontrée, a-t-elle dit. «Il semble toutefois que la Municipalité respecte les normes. On nous a suggéré de déposer des plaintes en cas de bruit», a indiqué la citoyenne découragée par ce que les gens appellent «la montagne noire».

«Nous sommes directement concernés par ce projet. Pourquoi n’ont-ils pas pris la peine de venir nous rencontrer avant?», se questionne Lise Boisvert.

«Auparavant, nous étions tranquilles, nous profitions d’une belle vue. Maintenant, on ne voit plus rien. Mais ça ne semble pas les déranger. Ça leur prenait une place pour leur tas de terre. Ils n’ont pas pensé à nous», a-t-elle dit, déçue de la tournure des événements.

Impossible de faire autrement

Au cours d’un entretien téléphonique, le maire de Saint-Norbert-d’Arthabaska, Alain Tourigny, a confié que la pétition déposée à la séance du conseil municipal a fait réfléchir les élus.

«Mais nous avons un service à donner. Si on ne le fait pas, c’est tout le village qui sera mécontent», a-t-il noté.

Mais le conseil municipal, a-t-il fait valoir, n’agit pas pour imposer quelque chose. «Nous prenons en considération ce que nous disent les citoyens. Mais dans ce cas-ci, il nous était impossible de faire autrement.»

Les élus ont bien tenté, affirme le maire Tourigny, de trouver une autre solution. «Il faut toutefois savoir que 95% de notre territoire constitue une zone verte, zone agricole, où on ne peut bâtir, a-t-il expliqué. Nous avons vérifié certains endroits, mais on n’y pouvait rien en raison de différentes contraintes, par exemple des puits ou des milieux humides à protéger.»

L’endroit retenu se trouve en zone blanche et permet la construction. La Municipalité y a acquis un terrain. «Nous avons procédé aux vérifications et nous sommes conformes avec la règlementation en vigueur», a précisé le maire de Saint-Norbert-d’Arthabaska.

Le site retenu pour les réserves d’abrasifs (sable, sel et pierres à glace) se retrouve vers la sortie du village (vers Sainte-Hélène-de-Chester. «Bien sûr, il y a des résidences, reconnaît le maire Alain Tourigny. Mais nous n’avions aucune autre possibilité. Auparavant, les réserves d’abrasifs se situaient en plein coeur du village, près de l’école, du centre communautaire, de la patinoire. Nous n’étions pas conformes. Et c’était encore plus dangereux qu’à l’emplacement actuel. Il y avait un danger plus grand au niveau de la sécurité des jeunes.»

Toutefois, le maire manifeste une certaine ouverture. «Nous ne sommes pas fermés à rien», a-t-il souligné, laissant entendre, par exemple, que la construction d’un éventuel entrepôt pourrait se faire un peu plus loin des résidences si la Municipalité obtenait l’autorisation d’acquérir un peu plus de terrain.

Ce projet d’entrepôt, qui abriterait les réserves d’abrasifs, le conseil municipal aimerait le réaliser à court terme. Mais il s’agit d’un projet onéreux, de l’ordre de 750 000 $. Pas question d’étouffer les contribuables. «Réaliser le projet sans subvention gouvernementale serait trop demander aux citoyens. Nous étudions les possibilités à savoir comment le gouvernement pourrait contribuer. Ce qu’on veut, c’est minimiser le plus possible les coûts pour les contribuables», a conclu le maire de Saint-Norbert-d’Arthabaska.