Un dos d’âne comme «piège à piétons»?

Ce dos d’âne placé dans la zone piétonnière et entre les portes d’entrée et de sortie du magasin Canadian Tire constituerait un véritable «piège» pour les piétons. C’est ce que prétend Me Alain Gervais qui menace d’une action en dommages Gestion Sandalwood, propriétaire du complexe commercial Le Centre de Victoriaville.

Il le fait au nom de sa cliente, une Victoriavilloise sérieusement handicapée après avoir trébuché sur ce dos d’âne le 15 avril 2016.

Elle et son mari – dont on respecte le souhait de témoigner anonymement – se débattent depuis un an pour faire reconnaître à Gestion Sandalwood la responsabilité de l’accident de la dame et obtenir compensations pour les lésions permanentes qu’elle a subies.

En sortant du magasin en compagnie de son mari, elle a trébuché sur l’installation, se blessant grièvement à la tête et au bras droit – fracture de l’humérus -. Elle a été hospitalisée quelques heures et malgré de nombreuses séances de physiothérapie, d’ergothérapie, elle n’a jamais vraiment retrouvé le plein usage de son bras droit.

Droitière, elle écrit difficilement, mange maladroitement, à tel point qu’elle évite de fréquenter les restaurants, boit son café avec une paille de crainte de s’ébouillanter, s’interdit de conduire la voiture. «C’est mon mari qui doit m’aider à me doucher tous les jours.» Et c’est sans compter les maux de tête qui l’accablent depuis un an.

Poursuite en vue

Son conjoint a fait des pieds et des mains pour documenter le dossier, ayant déjà fait parvenir à Gestion Sandalwood une première mise en demeure deux semaines après l’accident. «Chez Canadian Tire, on m’avait dit que le dos d’âne n’était pas de son ressort.»

Il a eu quelques appels des assureurs de la compagnie, mais rien de ce qu’il espérait. Jusqu’au moment où, chez Gestion Sandalwood, on lui a annoncé que le «dossier était fermé». Ce qui a fâché le couple qui a décidé, en novembre dernier, de remettre la cause entre les mains de l’avocat Alain Gervais.

Ce dernier a fait parvenir une mise en demeure au propriétaire du Centre de Victoriaville en avril. S’il n’a pas de réponse d’ici la fin du mois de mai, il intentera une poursuite en dommages contre Gestion Sandalwood.

Le couple et l’avocat arguent que ce dos d’âne n’est pas sécuritaire pour les piétons. Il ne devrait pas se trouver en plein centre de la zone piétonnière. Au moment de l’accident – et encore aujourd’hui – il n’est pas signalé par un panneau indicateur. «Et il a fallu plusieurs semaines, après l’accident, avant qu’il ne soit repeint en jaune. En avril 2016, il n’y avait plus de neige et le dos d’âne n’était presque plus visible.»

Des normes?

Le conjoint de la dame a effectué beaucoup de recherches sur les dos d’âne, sur leurs normes d’installation, tant auprès de la Ville que du ministère des Transports.

Seulement sur le site du Centre canadien d’hygiène et de salubrité au travail, il a déniché une recommandation selon laquelle un dos d’âne ou butoir de roues doit être placé «loin de la circulation des piétons (comme les aires d’entrée et les aires de sortie)». Il y est également précisé que dans un parc de stationnement bien conçu, ces installations ne sont pas nécessaires, tant parce qu’ils créent un risque de trébuchement que de causer des dommages aux véhicules.

Le Victoriavillois ouvre l’œil sur tous les dos d’âne qu’il croise, remarquant que chez Canac, par exemple, on a recouvert le dos d’âne de caoutchouc. «Comme en voit aussi dans la cour de l’hôpital de Trois-Rivières, remarque son épouse. S’il y en avait eu, au moins, le caoutchouc aurait amorti le choc de ma chute.»

Son mari remarque aussi qu’à Drummondville, devant le magasin Michaels, le dos d’âne s’étend sur une très large surface. «Et il ne s’élève pas brusquement. Dès qu’on y accède, on sent une légère pente sous le pied, ce qui nous rappelle son existence. À Drummondville, on n’a pas peur des pictogrammes. Au Canadian Tire, rien ne nous prévient et il est rare, surtout quand on les bras chargés de nos achats, qu’on marche avec les yeux toujours rivés au sol. La montée du dos d’âne est trop brusque.»

L’homme croit bien que son épouse n’est pas la seule à avoir trébuché sur cette installation. Il invite les personnes qui souhaiteraient lui communiquer leur expérience, leur mésaventure ou leur plainte à le joindre à son adresse électronique (gpsab@outlook.com).