«Un cri de victoire contre le cancer!»

VICTORIAVILLE. Il y a toutes sortes de manières de réagir à la maladie. Anik Pelchat a trouvé la sienne, s’engageant à participer, seule femme nord-américaine au Sun Trip 2015, une longue randonnée de 8000 kilomètres entre Milan en Italie et Astana la capitale du Kazakhstan. Et cela, aux guidons d’un vélo solaire à trois roues.

À écouter parler la jeune femme de 47 ans, cette prochaine expédition a toutes les apparences d’un pied de nez au cancer.

«C’est un élan de vie. La perspective du Sun Trip me permet de me projeter dans le futur, en santé, vigoureuse, férocement athlétique!», dit Anik.

Elle raconte comment de cette fulgurante mastite survenue en juin 2013, elle s’est confrontée à un diagnostic de cancer du sein.

En janvier 2014, une première chirurgie a retiré ce qui n’allait être finalement qu’un segment de la lésion cancéreuse. À la suite de cette opération, on découvrait quatre nouveaux foyers de cancer… Dès lors, Anik avait accepté l’idée de la mastectomie… étant même prête à l’ablation des deux seins.

Mastectomie… et reconstruction

Parce que le cancer était localisé, qu’elle était en bonne santé, on lui a proposé la mastectomie d’un sein assortie d’une reconstruction immédiate selon la méthode du DIEP (Deep Inferior Epigastric Perforator).

Anik explique que son sein a été reconstruit à partir de ses propres vaisseaux sanguins prélevés au bas du ventre. Elle dit qu’elle a déjà commencé à retrouver des sensations sous le bras. Elle n’a subi aucun autre traitement, ni chimio, ni radio, ravie des résultats, reconnaissante des soins attentionnés et compétents qu’elle a reçus à l’hôpital Saint-Sacrement de Québec.

«Je connaissais le Sun Trip. J’aurais aimé y participer dès l’été dernier pour la première édition. Ce n’était pas possible. Quand on m’a annoncé la mastectomie, je me suis dit que je ferais l’expédition, en amazone s’il le fallait!», dit-elle dans un grand éclat de rire.

Quarante-trois personnes en provenance de 14 pays différents, dont trois du Québec (elle et deux jeunes hommes dans la vingtaine) se sont inscrits au Sun Trip.

Chacun y va en brandissant, pour ainsi dire, sa bannière, tous propulsés par l’énergie solaire, mais chacun avec une impulsion supplémentaire. «Pour moi, c’est un cri de victoire contre le cancer», dit Anik. Elle y va aussi pour d’autres raisons qui sont celles, inhérentes au Sun Trip, afin de «véhiculer» le message des énergies vertes.

Car les participants voyagent grâce à un trike, un vélo à trois roues, remorquant un panneau solaire servant à alimenter la batterie. «L’énergie solaire recharge les piles du moteur électrique, nous procurant une assistance de 30%. Oui, il faut toujours pédaler. Le vélo à trois roues est plus confortable, on peut s’adosser, même s’appuyer la tête.»

Voyager en solo

Parce qu’elle a l’habitude de voyager seule, ce qu’elle a fait en ex-Yougoslavie, en Roumanie, en Israël, en Syrie, Anik Pelchat ne craint pas cette longue randonnée en solo.

«En tant que femme, on a des codes vestimentaires à respecter, un comportement et une attitude à tenir, des gestes à apprivoiser.»

Elle a choisi son itinéraire et fixé son objectif. Elle souhaite parcourir ses 8000 kilomètres, en moins de 60 jours, en passant par Kiev et Atyrau, sachant que les 700 derniers kilomètres, elle les roulera dans des vestiges de route de l’arrière-pays du Kazakhstan. Elle dormira souvent à la belle étoile, en mode manouchistan.

Elle devra apprendre un peu de la langue russe, maîtriser tous les aspects mécaniques et techniques de son tricycle, parlant de vivre son moment Spoutnik. Elle partira dès le mois de mai pour s’entraîner en Angleterre avant de prendre le départ à Milan le 6 juin. «C’est une folie qui me ressemble, qui rejoint la téméraire et aventurière que je suis. Oui, il y a mon cri de victoire contre le cancer, mais j’aime aussi du Sun Trip le message qu’il envoie sur les technologies vertes.» Pas par hasard qu’Astana soit la destination du Sun Trip puisque la capitale sera l’hôtesse de l’exposition universelle des énergies du futur.

Ce long périple lui rappelle ses voyages de maman en Westfalia avec son fils Émile.

Pour s’y rendre et se lancer dans cette grande aventure, Anik a commencé à réunir les fonds. Elle a besoin de 22 550 $. Le gros de la somme – 15 650 $ – est requis pour le vélo et ses équipements. On peut lui écrire à anikpelchat@gmail.com. On peut aussi la suivre sur Facebook (https://www.facebook.com/aniketsputnik?ref=ts&fref=ts).