«Un beau et vieux métier qu’on veut garder»

VICTORIAVILLE. «C’est un beau et vieux métier, et on veut le garder», lance Mélissa Fontaine, chef de zone locale chez Postes Canada à Victoriaville, au cours de l’entretien avec le www.lanouvelle.net. Une entrevue aux côtés de Jacinthe Demers, facteur adjoint, pour parler de certains dangers associés au métier, mais surtout pour sensibiliser les citoyens et faire en sorte qu’ils aient conscience de la sécurité et de son importance.

L’an dernier, une opération de sensibilisation avait été menée, axée sur les chiens. «On en a beaucoup entendu parler, souligne Mélissa Fontaine. On a reçu des commentaires positifs.»

Mais tout n’est pas encore parfait. Récemment encore, un facteur a subi non pas une, mais deux morsures d’un même chien.

Cette fois, les deux employées de Postes Canada souhaitent mettre l’accent sur les obstacles à la livraison, principalement les escaliers dangereux. «En fait, on demande le respect du Code du bâtiment, le respect des normes en vigueur. Pas seulement pour nous, mais pour leur propre sécurité, celle de leurs visiteurs ou encore des intervenants d’urgence en cas de besoin», précise la chef de zone locale.

Jacinthe Demers, elle, sait de quoi elle parle. Six mois environ après avoir entamé son travail de facteur, elle a perdu un doigt, arraché lors d’une chute dans un escalier non déneigé. «On souhaite que les endroits soient sécurisés pour qu’on n’ait pas à tout surveiller, dit-elle. De plus, avec le poids qu’on a sur les épaules, nous sommes plus à risque.»

Quotidiennement, les facteurs trimballent une sacoche double pesant 35 livres. Ainsi attriqués, ils parcourent, chaque jour, l’équivalent de 13 à 15 km.

Diverses anomalies s’observent au niveau des escaliers. Et ils se font nombreux. «Certains facteurs grimperont jusqu’à 5000 marches par jour», souligne Mélissa Fontaine.

Les problèmes rencontrés au sujet des escaliers sont variés, allant des marches manquantes, usées ou branlantes à l’absence de rampes en passant par la présence de différents objets, pots de fleurs, jouets, quand ce ne sont pas des excréments d’animaux.

Les escaliers constituent ainsi un lieu à haut risque. «Un des pires endroits pour les accidents, acquiesce Mme Fontaine. Et le danger augmente en saison hivernale.»

Certains clients semblent peu conscients, par exemple, de l’importance de déneiger et de déglacer leur accès. «Comme pour les propriétaires de chiens, leur animal n’est jamais méchant, nous disent-ils», fait remarquer Mélissa Fontaine.

D’où l’importance de la sensibilisation. «On est tous gagnants là-dedans et cela porte fruit. L’an dernier, nous n’avons enregistré aucun accident avec perte de temps. Nous mettons beaucoup l’accent sur la santé et la sécurité», note-t-elle, tout en faisant état d’un comité santé-sécurité bien en place pour assurer le suivi des avis expédiés aux propriétaires au sujet des problèmes signalés.

«La sécurité, plaide Mme Fontaine, c’est l’affaire de tous. On veut que notre personnel qui arrive en bonne condition reparte de la même façon pour profiter de la vie.»

«On ne peut pas tout éviter, ajoute-t-elle. Mais plus on fait de la prévention, meilleures sont les chances d’éviter des ennuis.»

Même son de cloche chez Jacinthe Demers. «Mieux vaut prévenir que guérir parce qu’un accident demeure traumatisant», note-t-elle, tout en précisant qu’elle ne monte plus un escalier enneigé et glacé.

En présence d’une situation non conforme, des avis peuvent être acheminés aux clients. Et si aucun changement n’est apporté, les facteurs peuvent interrompre la livraison du courrier.

«Mais en général, on obtient une bonne collaboration des citoyens. Et nous comptons sur un bon personnel, mentionne Mme Fontaine. Nos facteurs collaborent bien. Ils signalent les problèmes, conscients de leur sécurité.»

Les deux femmes apprécient leur boulot. «Les facteurs se font des amis, développent un grand réseau de connaissances», signale Mélissa Fontaine.

La venue du facteur, pour certains, constitue la seule visite de la journée. «Une dame, par exemple, quand elle me voit, m’invite à m’asseoir un peu et on discute», confie Jacinthe Demers.

«Un beau métier à deux côtés, renchérit la chef de zone locale. Le côté social, le matin, lors du tri du courrier et ensuite, le facteur entreprend sa distribution.»

«Un beau métier qu’on veut garder», disait Mélissa Fontaine. «Il faut comprendre que là où les accidents se font nombreux, cet endroit pourrait bien voir s’implanter une boîte communautaire pour le courrier.»