Un automne chaud en perspective

CENTRE-DU-QUÉBEC. Si les régions qui dominent au chapitre de la croissance de la productivité au Québec sont celles qui exploitent leurs ressources naturelles, des élus et des militants refusent, au Centre-du-Québec, que l’industrie gazière et pétrolière se développe au détriment de l’environnement. Et les prochains mois s’annoncent déterminants.

La région sera touchée sur deux fronts. D’abord, le Bureau des audiences publiques sur l’environnement déposera, d’ici le 28 novembre, son rapport au ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, qui le rendra public dans les 60 jours suivant sa réception.

Richard Langelier, du Collectif scientifique sur les gaz de schiste, parie que des forages expérimentaux seront autorisés dans la région de Bécancour. «C’est le «jackpot» du gaz de schiste», illustre-t-il.

Ensuite, les gouvernements favoriseront l’exportation du pétrole brut de l’Alberta vers le Québec, au lieu qu’il s’approvisionne à l’étranger. C’est connu : l’or noir voyagera par pipeline. En vertu du même souci d’indépendance énergétique, le transport ferroviaire sera également mis à contribution.

La «pétro-économie» de demain

Il y a quelques jours, les grands réservoirs de la compagnie Kildair, à Sorel-Tracy, ont accueilli le premier chargement de pétrole arrivé par les wagons de Canadian National, qui ont dû limiter la vitesse de circulation de 40 à 15 kilomètres à l’heure, en raison de la précarité du réseau ferroviaire.

Les installations stockeront le pétrole brut arrivant de l’Ouest canadien en attendant de prendre la direction des raffineries de Montréal et Lévis. «On risque de voir passer cinq fois plus de wagons de pétrole à Drummondville», signale Richard Langelier.

En plus de faire le point sur les projets d’exploration à l’île d’Anticosti et en Gaspésie, la question du transport sera d’ailleurs abordée lors d’une prochaine formation offerte par des spécialistes, à Saint-Casimir, aux militants verts du Québec.

«Nos élites politiques et économiques veulent transformer le Québec en pétroéconomie», soutient M. Langelier.

Celui-ci était d’ailleurs présent à la rencontre qui se déroulait à Saint-Edmond-de-Grantham, samedi, à laquelle prenaient part plusieurs représentants de municipalités du Centre-du-Québec et d’ailleurs. Le but était d’évaluer leurs recours depuis l’entrée en vigueur du règlement provincial sur la protection de l’eau potable, qui annule les cadres légaux que chacune avait adoptés.

Toute décision a un coût

Face aux arguments voulant que l’exploitation des ressources naturelles soit payante au Québec, le député néo-démocrate et porte-parole adjoint de l’opposition en matière d’environnement, François Choquette, préfère sa vision à long terme. «On veut faire des profits aujourd’hui, mais il faut penser à nos enfants et petits-enfants», lance-t-il.

Il donne en exemple les sites abandonnés par des compagnies minières, dont la décontamination a coûté des milliards de dollars. «Qui paye pour ça?», questionne-t-il, déplorant que les citoyens doivent assumer financièrement de telles erreurs.

«Je ne suis pas d’accord avec le développement aveugle des ressources naturelles (…) Quand on sera prêt, on le fera durablement», plaide-t-il.

Le chercheur Robert Gagné considère surtout le coût économique d’une telle position. «C’est beau la protection de l’environnement. C’est légitime. Ce faisant, ne pensez pas que vous allez être prospères et que vous allez maintenir votre niveau de vie éternellement comme ça», conclut-il.