Stéphane Boisvert : 650 km à pied pour montrer que la vie continue

Enseignant en éducation physique, Stéphane Boisvert avait défrayé les manchettes à l’hiver 2017 lorsque le planchiste qu’il était s’est perdu en s’aventurant hors-piste dans les montagnes de la Colombie-Britannique. Pour redonner à la communauté qui l’a supporté dans son épreuve, le Victoriavillois de 41 ans entreprendra sous peu un long périple de 650 km sur le Sentier international des Appalaches en Gaspésie.

Il s’agit de tout un défi personnel pour ce prof qui a dû subir l’amputation de son pied droit et des orteils du pied gauche. Fervent adepte de nature et de plein air, Stéphane Boisvert s’attaque aussi à ce défi pour soutenir et promouvoir quatre causes qui lui tiennent à cœur.

Il pense depuis un bon moment à cette aventure qui l’attend. Comme il le dit lui-même, il a eu beaucoup de temps pour réfléchir durant ses périodes d’hospitalisation.

Quand on l’a retrouvé sept jours après qu’il se soit perdu, Stéphane avait de sévères engelures aux pieds. On l’a alors conduit dans un hôpital du coin, puis transféré à Calgary où il a été hospitalisé pendant 10 jours avant son rapatriement dans un centre hospitalier de Québec. Au total, il a subi huit interventions chirurgicales. « À l’hôpital, j’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir. 

Puis l’an passé, mes 40 ans arrivaient, j’ai réfléchi, j’ai essayé plusieurs affaires, j’ai exploré beaucoup d’activités. À la fin, je souhaitais réaliser un défi physique pour un peu boucler la boucle. C’est malencontreux ce qui m’est arrivé.  Mon désir d’aventure et les décisions que j’ai prises m’ont amené là. Malgré tout, affirme-t-il, je demeure fondamentalement quelqu’un qui aime la nature, le plein air. Je veux accomplir un défi pour montrer que la vie continue, qu’il est important d’avancer un pas à la fois malgré les embûches qui peuvent survenir. Je tiens à réaliser ce défi personnel et, par la même occasion, redonner à la communauté. »

Parce qu’à la suite de sa mésaventure, Stéphane Boisvert a reçu le support du milieu. « La communauté m’a beaucoup aidé. Une campagne GoFundMe a été organisée. On m’a aidé financièrement, j’ai eu du support d’amis, de la famille, des proches et des profs », souligne-t-il.

Ainsi, avec son défi, le professeur d’éducation physique à l’école secondaire Le boisé de Victoriaville souhaite supporter quatre organismes : Psy’chien, un organisme qui éduque et certifie des chiens d’assistance psychiatrique, le Centre de prévention suicide Arthabaska-Érable, Rando-Québec et le Réseau autonomie santé (RAS), un organisme de la région dont il fait partie et qui 

organise des activités de toutes sortes pour les personnes à mobilité réduite ou en situation de handicap. 

Stéphane Boisvert pensait, au départ, relever son défi l’an dernier pour ses 40 ans, mais la COVID et une blessure l’ont contraint à reporter son projet.

Il partira donc à l’aventure cette année à l’âge de 41 ans. Et son trajet, il souhaite le parcourir en 41 jours. Un sentier de 650 km qu’il entreprendra le 26 juin à Matapédia en direction de Gaspé où il espère arriver le 5 août.

L’aventurier consacrera une période de 10 jours à chacun des organismes soutenus. « J’alloue 10 jours à chaque cause pour mettre en lumière chacune d’elles », précise-t-il

Il ne se fixe pas d’objectif financier précis. L’argent amassé par période de 10 jours revient à l’organisme en question.

On pourra suivre Stéphane Boisvert sur sa page officielle du défi sur Facebook stephaneboisvert-phoenix­_aventurier. On y trouve le lien pour effectuer des dons. Il a aussi un compte Instagram accessible à l’adresse phoenix­_aventurier.

Au cours de son périple, il compte bien partager des publications sur la page   avec des photos. « À la fin peut-être que je ferai un genre de documentaire avec vidéos et photos », avance-t-il.

La préparation

Stéphane Boisvert s’est bien préparé et entraîné en vue de sa longue expédition. « J’ai même enseigné avec une veste lestée. J’ai fait des randonnées avec du poids, en moyenne de 10 à 15 km à chaque sortie », précise-t-il.

Mais même bien entraîné, il se dit bien conscient de sa fragilité. « L’aspect physique peut être un frein, car j’ai une fragilité au pied gauche. Ça peut entrer en ligne de compte, car j’ai eu une greffe de peau sous le pied. C’est assez fragile. C’est pourquoi je dois faire de fréquents arrêts pour vérifier si je ne suis pas blessé », explique-t-il.

Sur le Sentier international des Appalaches, l’enseignant prévoit marcher entre 6 h et 8 h par jour, de 9 h à 17 h environ, comme si c’était une journée de travail. Il pense parcourir ainsi de 16 à 17 km quotidiennement.

Stéphane Boisvert souhaite ardemment compléter son défi. Mais, confie-t-il, ce n’est pas une finalité en soi. Si une blessure ou un problème avec les prothèses devait, par exemple, le contraindre à abandonner, il retournerait le terminer l’an prochain. Aussi simple que cela.

Mais il a prévu le coup cette fois. Il a appris de sa terrible expérience de l’hiver 2017. « Le parallèle avec ma mésaventure, l’erreur que j’ai faite, c’est de ne pas avoir eu d’ange gardien, quelqu’un au courant de mon itinéraire. Je ne répéterai pas deux fois la même erreur. La vie est faite d’apprentissage, on apprend de nos erreurs, exprime-t-il avec philosophie. Certaines sont plus dramatiques que d’autres. Cependant, le seul regret que j’ai, c’est de ne pas avoir eu d’ange gardien. »

Pour son périple, il a tout prévu. Des proches le suivront en véhicule récréatif. Il tient d’ailleurs à remercier sa famille et ses proches qui le soutiennent. « En cas de besoin, j’aurai cette option pour des soins, pour le ravitaillement ou pour une pause. Je suis bien préparé, je suis paré à toutes éventualités. Je ne suis pas à l’abri d’un accident ou incident en montagne, mais au moins, on pourra me secourir », note-t-il.

Sinon, Stéphane Boisvert sillonnera le sentier de façon autonome avec sa tente et son sac de couchage. Il dormira soit dans sa tente installée au sol, sur une plateforme, dans un abri ou encore dans un refuge. Il a déjà effectué ses réservations.

Rencontré 11 jours avant le début de sa randonnée, l’aventurier se sentait fébrile, pensant à tout l’aspect ravitaillement, logistique du VR et aux causes soutenues tout en poursuivant sa recherche d’appuis financiers.