Que sont devenus les sacrements?

Depuis la fin des cours d’enseignement religieux dans les écoles primaires, les rituels catholiques ont dû recouvrer des lieux et des moments propices pour accompagner les fidèles. Martin Yelle, responsable du catéchuménat à Victoriaville, explique dans quel contexte se vit aujourd’hui la démarche initiatique chrétienne.

La déconfessionnalisation du système scolaire québécois au tournant des années 2000 a fait sortir de son créneau habituel tout le processus de préparation aux sacrements d’initiation que sont l’Eucharistie et la Confirmation. N’y étant plus soumis automatiquement durant l’enfance, en plus du Baptême, qui n’incarne plus un passage obligé, bien des adultes ne peuvent aspirer au mariage dans l’enceinte de l’Église ou même à devenir parrain et marraine, puisqu’ils n’ont pas vécu les rites sacrés pour s’y qualifier.

Par conséquent, plusieurs d’entre eux y perçoivent un papier à obtenir, oubliant qu’à l’instar du permis de conduire l’on exige d’ajouter la pratique à la théorie, puis de les intégrer. Le changement de contexte social porte ses inconvénients, mais favorise, selon Martin Yelle, le retour à l’essence des sacrements. «Ç’a amené les paroisses à prendre en main l’éducation de la foi des enfants, mais aussi des adultes, en y insufflant les valeurs chrétiennes», explique-t-il.

Les jeunes et la foi

Pour les jeunes, l’aventure GPS (groupe de pèlerins solidaires) a été mise sur pied il y a quelques années. Ce chemin de découverte de la foi, pavé d’ateliers orchestrés par les paroisses catholiques de Victoriaville, s’éloigne des cours théoriques magistraux en privilégiant l’expérience ressentie lors de l’exploration de la spiritualité. Sorties thématiques et culturelles s’inscrivent facilement à l’horaire, pourvu qu’elles mènent à une réflexion sur des valeurs. En outre, l’engagement communautaire peut devenir un mode empirique de compréhension des apprentissages religieux.

Annie Jutras, Amélie Voyer, Martin Yelle et Louisette Garand font partie de l’équipe de l’unité pastorale de Victoriaville. (Photo gracieuseté)

«Les jeunes explorent et, à travers des haltes proposées, donc des rencontres périodiques avec les animateurs, ils peuvent manifester le désir de vivre leur première communion, par exemple. Ils complètent alors une préparation plus immédiate à ce sacrement», résume M. Yelle. Ainsi, la durée du processus s’avère indéterminée. Toute une équipe de l’unité pastorale de Victoriaville s’affaire à offrir ses formations et à les adapter aux réalités et aux besoins d’aujourd’hui. Quelque 300 enfants et adolescents y évoluent actuellement.

Catéchuménat

Martin Yelle travaille plus particulièrement auprès des adultes qui, pour différentes raisons, n’ont pas récolté les enseignements nécessaires à l’exercice des rites catholiques. Le catéchuménat, dont il a la responsabilité à Victoriaville, représente la période de temps destiné aux gens qui désirent recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne. Et puisqu’il s’agit d’adultes, la notion de choix y prend une place symbolique.

Traditionnellement, l’idée de durée permettait également à la communauté chrétienne de valider et nourrir la foi du converti. «La démarche se vit dans la durée, dans le temps de recherche, d’apprentissage et de mise en contexte. On y approfondit la dimension spirituelle, la relation à Dieu et la prière. On aborde aussi la célébration, c’est-à-dire la manière dont on vit des rites liés à différentes étapes de notre vie», énumère-t-il.

Toute cette matière, on désire la faire vivre et la rendre intelligible. Pour ce faire, les parcours se veulent de plus en plus individualisés et respectueux des réalités familiales et professionnelles des participants afin d’éloigner tout tracas et favoriser l’ouverture. «Je travaille beaucoup à partir de l’expérience, confie M. Yelle. Une visite de l’église Saint-Christophe-d’Arthabaska, par exemple, et l’utilisation des œuvres d’art comme lieu d’interprétation de notre propre existence, de nos épreuves, offre une médiation entre le réel et quelque chose d’autre», observe-t-il.

Le résultat souhaité, soit le sacrement, ne lui apparait pas comme la fin en soi. Ce que vit la personne s’avère l’objet de la démarche. «Quelle incidence cela peut avoir dans ton cheminement de vie, dans tes choix professionnels et éthiques. Il y a des conséquences à la foi», note Martin Yelle. Enfin, l’approche qu’il privilégie consiste à relever la présence de la parole biblique dans le quotidien, plutôt que de mettre des textes liturgiques à l’étude. «Le mot catéchèse signifie laisser raisonner la parole», conclut le collaborateur en pastorale.

Rencontres

M. Yelle tiendra une soirée d’information au Centre Emmaüs, le mercredi 16 janvier à 19 h, afin d’éclairer les intéressés sur tous les détails de la trajectoire menant aux  sacrements. Tous les services, ateliers, séminaires et activités offerts aux adultes sont publiés au facebook.com/viefoivicto. Pour les plus jeunes, une rencontre explicative de la démarche GPS  s’est déroulée le lundi 14 janvier au Centre de catéchèse (129, rue Larivière).  Il demeure possible d’obtenir plus de renseignements au laganggps.ca.