Pierre Flamand livre un message d’espoir

VICTORIAVILLE. Pierre Flamand revient de loin. Victime d’un accident de motoneige, le Victoriavillois de 53 ans se rétablit lentement des nombreuses blessures qu’il a subies. S’il souhaitait parler publiquement de sa pénible mésaventure, c’est pour sensibiliser les gens aux dangers de la vitesse. Mais aussi pour entretenir l’espoir qu’on peut s’en sortir malgré les embûches.

Le 3 janvier 2013, le quinquagénaire a enfourché sa motoneige acquise en 2012 pour une balade qui l’amène à Warwick, puis à Saint-Albert pour le souper. En soirée, il s’arrêtera chez son amie de cœur à Victoriaville.

«Ma copine travaille à l’hôpital. Elle travaillait à minuit ce soir-là. J’ai donc quitté son domicile vers 23 h 45», raconte-t-il.

C’était une soirée froide. Le thermomètre indiquait moins 25 degrés Celsius.

Pierre Flamand conduit sa motoneige dans le secteur du réservoir Beaudet. Dans la pinède, le motoneigiste file à vive allure. «Je circulais à 110 ou 120 km/h, alors que la limite de vitesse est fixée à 30 km/h», admet-il.

L’homme connaissait le coin. Malgré tout, il a manqué une des courbes. «J’ai freiné et la motoneige a dérapé pour aller heurter des arbres», explique le motoneigiste.

L’homme n’a pas perdu conscience. Il était étendu au sol, sur le dos. «J’ai tenté sans succès de me traîner. Impossible. J’ai crié «au secours», j’ai appelé à l’aide», relate-t-il. Mais personne, dans la nuit froide, pour entendre sa détresse.

Au sol, Pierre Flamand observait le ciel «Je voyais la pleine lune et des bouts de pins. C’était les seules belles choses que je voyais.»

L’accident, survenu vers minuit, lui fait prendre conscience de l’importance de ne jamais partir seul en randonnée. «Étant croyant, je me suis mis à prier», mentionne-t-il.

Si personne ne l’avait trouvé, le motoneigiste serait mort gelé. Mais son sauveur se pointera entre 45 et 60 minutes après l’accident. Pierre Flamand a vu, comme il dit, sa lumière au bout du tunnel. «Cette lumière était celle d’une motoneige. Sur le coup, l’homme ne m’a pas vu, il a aperçu la motoneige», souligne-t-il.

Curieusement, ce sauveur, la victime le connaissait par son travail. «D’ailleurs, c’est un gars que je n’appréciais pas tellement. Et c’est lui qui vient me sauver la vie», confie-t-il.

Son ange gardien lui dira plutôt qu’une «Coors light» l’a sauvé. Le motoneigiste arrivait de Saint-Fortunat, buvant une deuxième bière avant de reprendre le chemin du retour. «S’il avait quitté plus tôt, il serait revenu avant l’accident», constate Pierre Flamand.

Dans un piètre état

Alertés, les policiers, paramédics et pompiers sont intervenus pour porter secours au blessé transporté d’abord à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, puis transféré à Trois-Rivières où il passera huit heures et demie en salle d’opération.

«J’ai subi des fractures aux deux jambes, sans compter cinq côtes fracturées, une fracture aux clavicules et les deux mains gelées», dit-il, en entrevue dans son domicile de la rue Laurier Est.

Pierre Flamand a vécu une longue hospitalisation de deux mois et demi, contraint à demeurer couché pendant une bonne période, sans pouvoir bouger. Malgré tout, cet ex-toxicomane a su garder le moral. «J’aime être entouré, je n’ai pas trouvé cela si difficile. Mes ateliers de croissance personnelle suivis il y a des années m’ont sûrement beaucoup aidé», croit-il.

L’homme, qui a longtemps vécu à Sainte-Anne-de-Bellevue, a recommencé à marcher après deux mois passés au centre de réadaptation. Depuis environ trois semaines, il réussit à parcourir les cinq kilomètres autour du réservoir Beaudet. «Et je prévois marcher sans canne dans deux mois environ», souligne Pierre Flamand, un homme de maintenance, un homme à tout faire.

Aujourd’hui, ses os sont bien soudés, ses mains ont retrouvé leur dextérité lui permettant même de gratter la guitare.

Pierre Flamand assume l’entière responsabilité de son malheur. «Je roulais trop vite. On a le choix dans la vie. J’assume ma responsabilité», affirme-t-il, reconnaissant aussi qu’il n’avait obtenu un abonnement pour circuler sur les sentiers, le privant ainsi d’une prime d’assurances. «Et puis, j’ignorais que la Société de l’assurance automobile n’accordait pas d’indemnité pour les motoneiges et les VTT dans les accidents hors routes», signale-t-il.

Ce qu’il retient aujourd’hui de sa mésaventure, c’est l’espoir. «Il ne faut pas perdre espoir, soutient-il. Au fond, j’ai été chanceux dans ma malchance.»

S’il tient à mettre en garde les citoyens contre la vitesse excessive, Pierre Flamand lance aussi un autre message. «Si tu as un rêve, réalise-le. Si tu veux, tu peux.»

L’homme a réalisé le sien à l’âge de 36 ans, quelques années après avoir trouvé le chemin de la sobriété. Il a effectué, à vélo, un périple de six mois en Gaspésie et dans les provinces maritimes. «Beaucoup de gens m’ont aidé, des religieuses, des Montagnais. Toute une expérience, commente-t-il, comme une thérapie. On se retrouve soi-même.»

Aujourd’hui, Pierre Flamand entrevoit un avenir positif se profiler devant lui. L’homme a hâte de retourner au travail. Il caresse même le projet d’obtenir sa classe de permis lui permettant de se retrouver au volant d’un camion pour effectuer des livraisons.