«Pas qu’une question de volonté!»

VICTORIAVILLE. Les préjugés à l’encontre des alcooliques et toxicomanes nuiraient à leur guérison, selon Benoît Prince, directeur général de la Maison de thérapie Victoriaville-Arthabaska. «Je n’en reviens pas qu’encore aujourd’hui, j’entende des commentaires du genre : «Il n’a rien qu’à arrêter de consommer, qu’à se prendre en main; il n’a pas de volonté. Ce n’est vraiment pas qu’une question de volonté!»

Benoît Prince aurait souhaité tenir une chronique pour marteler son message et sensibiliser la population au fait que la dépendance (à l’alcool, aux drogues) est une maladie.

«Et c’est considéré depuis longtemps comme une maladie!», affirme M. Prince, évoquant la découverte, dans les années 1940, du facteur THIQ (tétrahydroisoquinoline) par la scientifique Virginia Davis.

Nommément, le syndrome de dépendance figure aussi, depuis 1964, à la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexe de l’Organisation mondiale de la santé, fait remarquer le directeur général du centre de traitement situé au pied de la rue Laurier.

M. Prince dit que depuis qu’il dirige la Maison, il est plus à même de constater que les préjugés ne reculent pas. Il soutient que ces idées préconçues, que cette méconnaissance de la maladie qu’est la dépendance n’aident en rien ceux qui en souffrent. C’est d’«empathie» dont ils ont besoin pour d’abord reconnaître qu’ils sont malades et qu’ils peuvent en guérir.

Benoît Prince soutient que le diabète est la maladie qui se rapproche le plus de celle de la dépendance. «Il y a bien des gens qui ne savent pas qu’ils sont diabétiques. Et une fois qu’ils l’apprennent, ils ne veulent pas toujours recourir à l’insuline.»

On peut guérir de l’alcoolisme si on emploie la bonne méthode, poursuit le porte-parole de la Maison, fréquemment invité à prononcer des conférences. «Le remède, c’est l’abstinence totale…», dit celui qui est sobre depuis 22 ans.

Après, souligne-t-il, il faut travailler sur soi et apprendre à négocier avec la vie. «Il y a plein de gens pour qui c’est naturel, il y en a d’autres pour qui c’est plus difficile.»

De considérer que les alcooliques sont malades ne les déresponsabilise pas, au contraire, affirme Benoît Prince. «À quelqu’un qui veut mourir par en dedans, ce serait de lui donner une claque sur la gueule que de lui dire qu’il n’a pas de volonté!»

Quelques chiffres

49%

C’est le pourcentage des usagers provenant des MRC d’Arthabaska et de L’Érable ayant séjourné à la Maison de thérapie Victoriaville-Arthabaska depuis avril 2013.

73%

Ce sont les hommes qui, en majorité, ont fréquenté les services de la Maison.

55 jours

Le séjour moyen des quelque 120 personnes ayant entrepris la thérapie.

Un sur quatre

Des gens de l’extérieur qui ont séjourné à la Maison, un sur quatre s’y établit à sa sortie.