Pas question de s’immiscer dans la campagne électorale

Assurément, le maire de Victoriaville, Antoine Tardif, suit avec beaucoup d’intérêt l’actuelle campagne électorale provinciale. Mais contrairement, dit-il, à « des maires tentés de prendre le plancher », il ne s’immiscera pas dans la campagne. Pas question non plus de présenter une liste de demandes, une liste d’épicerie comme on dit parfois.

Ancien gardien de but, il s’explique avec une analogie sportive. « C’est comme si la partie vient de commencer, c’est l’élection provinciale. Moi je suis gardien de but et quand tu es sur le banc, que ce n’est pas ton match, tu regardes aller le jeu et tu ne peux sauter sur la glace pour effectuer un arrêt », expose-t-il.

« On a vu beaucoup de maires tentés de prendre le plancher, note-t-il. On a récemment lu que les maires du Québec allaient être l’opposition du gouvernement, qu’ils se préparaient à s’en aller en campagne. »

Mais le maire de Victoriaville ne loge pas à cette enseigne. « Ce n’est pas mon objectif, bien au contraire, poursuit-il. J’ai toujours travaillé mes dossiers à longueur d’année en collaboration avec les acteurs du milieu dans un esprit collaboratif. C’est propre à notre région, on se connaît tous et on travaille bien ensemble. Ça nous amène des résultats. »

Il rappelle, à cet effet, la concrétisation des investissements pour l’hôpital, projet de quelque 360 M $, l’aide financière du gouvernement provincial de près de 15 M $ pour les travaux au réservoir Beaudet, les investissements dans les infrastructures sportives pour le Cégep et de Collège Clarétain et l’octroi de près d’un million de dollars pour la relance du centre-ville qui a permis à la Ville d’offrir de grands spectacles cet été, chose qu’elle répétera l’an prochain.

« Je suis forcé d’admettre que notre esprit collaboratif et les relations que nous entretenons avec les différents partenaires produisent des résultats. Ça porte ses fruits de travailler de cette façon. Voilà pourquoi, souligne-t-il, je ne veux pas arriver en campagne avec une liste de demandes. »

Il les connaît les listes des demandes du Centre-du-Québec, de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) ou de la Fédération québécoise des municipalités (FQM).

Mais pour sa ville, Antoine Tardif ne voulait pas faire de même, n’y voyant d’ailleurs aucun intérêt puisque les dossiers sur lesquels il planche avec son équipe sont connus par l’ensemble des acteurs du milieu. « C’est notre planification stratégique, en fait, et à mon souper du maire, j’ai déballé toute ma vision pour les prochaines années. »

Il insiste sur sa volonté de faire de Victoriaville la ville verte du Québec, une ville accessible. « Nous voulons être soutenus dans nos initiatives de développement durable, signale-t-il. Pour y arriver, ça prend de l’aide pour les logements. On le voit avec l’inflation, c’est difficile de se loger à un coût raisonnable. Même chose pour nos familles et les places en garderie. La Ville a mis en place un programme, mais on a besoin de l’aide du gouvernement. Tout cela est connu et c’est en marche. »

Les électeurs, estime le maire Tardif, sont davantage préoccupés, ces temps-ci, par l’inflation, le coût de la vie, les problématiques de main-d’œuvre et le système de santé. « Ce sont des enjeux propres au gouvernement du Québec et là c’est le temps d’entendre les candidats à ce sujet », insiste-t-il.

Quand on lui demande à quoi il s’attend d’un député, il répond sans hésiter : une personne dévouée à 100% au développement de la Ville de Victoriaville. « Et il faut reconnaître que nous l’avons en ce moment. Avec Eric Lefebvre, on sait qu’il est près de François Legault et que nos demandes se rendent rapidement autour de la table au conseil des ministres. Je n’ai rien à dire par rapport à la relation qu’on a avec notre député provincial. Ça va très bien, assure-t-il, et on veut poursuivre le travail de la même façon. »

Antoine Tardif n’en dira pas plus, souhaitant respecter les champs de compétence. « Il y a un an, j’étais en campagne électorale, j’ai fait part de mes projets, de mes enjeux, de mes dossiers. Maintenant, avec la campagne provinciale en cours, c’est à eux (les candidats) de prendre le plancher et d’expliquer ce qu’ils veulent faire. »

Le maire de Victoriaville ne va pas jusqu’à dire qu’il est mal vu pour un maire de prendre position en campagne électorale. « Mais c’est certain qu’avec la tribune qu’on a, si on décide de s’impliquer et de prendre de la place durant la campagne, ça peut avoir une incidence sur les électeurs. Moi, j’ai décidé que je ne voulais pas brouiller les cartes. Je voulais laisser les projecteurs entièrement sur la campagne provinciale », explique-t-il.

Cependant, pas question pour lui de jeter la pierre à quiconque. « Je pense que c’est propre à chacun, croit-il. S’il y avait un enjeu particulier qui m’amenait à prendre position d’une façon ou d’une autre, peut-être que mon analyse serait différente, sauf qu’en ce moment, j’ai l’impression d’avoir tous les leviers en main pour faire avancer Victoriaville sans avoir besoin de m’immiscer dans la campagne. »

Le maire Tardif, jusqu’ici du moins, n’a pas eu à brandir le poing, à mettre de la pression ou à faire des sorties publiques. Mais, assure-t-il, il est bien capable de le faire, au besoin. « Quand Antoine va se choquer et va sortir pour demander et exiger quelque chose, c’est que le travail de collaboration aura été fait, mais que ça n’aboutit pas. Dans de tels cas, il faudra se faire entendre. Mais en ce moment, ça va bien. J’admets que la collaboration est très bonne avec notre député et qu’on a eu d’excellents résultats. C’est ce à quoi je m’attends comme maire de Victoriaville, pouvoir faire avancer les dossiers », conclut-il.