«On l’a mérité!»

VICTORIAVILLE. «C’est une excellente nouvelle!», s’est exclamé le directeur général du cégep de Victoriaville, Vincent Guay, en parlant de la reconnaissance que vient d’accorder le ministère de l’Enseignement supérieur au CETAB+. Créé il y a près de cinq ans, le Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité fait désormais et officiellement partie du réseau des Centres collégiaux de transfert technologique (CCTT). «Ce statut, on l’a mérité», affirme, pour sa part son directeur général, Serge Préfontaine.

Le CETAB+ du cégep de Victoriaville et le Centre d’expertise et de formation en design industriel du cégep de Lanaudière sont devenus les 48e et 49e CCTT du réseau.

Avec la reconnaissance viennent l’assurance d’une continuité et un budget pour le fonctionnement de base, explique M. Préfontaine. «On ne savait jamais, d’une année à l’autre si on trouverait le budget. On avait toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête.»

Ainsi, pour les trois premières années, le centre peut compter sur une subvention annuelle de 230 000 $, 150 000 $ en provenance du ministère de l’Enseignement supérieur et 80 000 $ du ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations.

Ces trois premières années constituent une sorte de «probation», comme dit M. Guay, au terme de laquelle le ministère évalue les performances du CCTT. S’il passe le test, le CETAB+ pourra ensuite miser sur une subvention annuelle de 280 000 $ pour cinq autres années.

Le CETAB+, dont les bureaux sont situés à la résidence des étudiants, fait travailler jusqu’à 27 personnes en période estivale, des chercheurs, des stagiaires, des étudiants.

«On ne peut pas, quand on est un établissement comme le nôtre, se contenter d’activités d’enseignement. La recherche n’est pas une excroissance. Elle génère des produits de connaissances et contribue au développement de l’économie», soutient Vincent Guay. «D’avoir un CCTT, on en est contents, d’en avoir deux, c’est encore plus heureux», poursuit-il, évoquant l’autre CCTT du cégep, le CISA (Centre d’innovation sociale en agriculture). Victoriaville et sa région constituent un terreau idéal pour des centres de recherche en agriculture. Parce qu’on peut y transférer les activités de recherche, parce que les producteurs peuvent soumettre leurs problématiques et parce que les activités de recherche ont des retombées sur le programme d’enseignement en agriculture biologique, explique encore M. Guay.

Serge Préfontaine résume la mission du CETAB+ en disant qu’il guide et aide les entreprises à développer l’agriculture biologique, des entreprises d’ici, mais d’ailleurs aussi. Il dit qu’avec la présence du CETAB+ au cégep de Victoriaville, «on crée un buzz autour du bio.

Une longue quête

M. Préfontaine rappelle qu’à au moins trois reprises, le Cégep avait tenté d’obtenir une accréditation pour ce CCTT en agriculture, les deux premières alors que le projet esquissé par Denis La France et lui-même visait le développement durable en agriculture et spécifiquement le champ des canneberges. Le projet portait un autre nom, CADERA, pour évoquer des applications en développement durable et récupération.

N’eût été de l’accueil et des croyances de Vincent Guay, le CETAB+ n’existerait pas, affirme M. Préfontaine. ««Prouvez-moi que ça marche!», nous demandait-il.»

Le financement de base du nouveau centre de recherche est donc venu du Cégep lui-même (100 000 $ par année), de la Conférence régionale des élus et du ministère de l’Agriculture du Québec. Et malgré le fait qu’il ne soit pas encore reconnu au titre de CCTT au Québec, le centre avait pu obtenir le statut fédéral de centre d’accès à la technologie (et une subvention annuelle de 100 000 $) ainsi que plusieurs subventions du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), totalisant 3,6 millions $ pour des projets de recherche et 450 000 $ pour des équipements.

Si la reconnaissance a été si longue à venir en provenance de Québec, croit-on, c’est parce que le cégep de Victoriaville possédait déjà deux CCTT (le troisième étant l’ÉQMBO) et qu’il existait déjà plusieurs autres centres de recherche en agriculture.

Le CETAB+ aurait su démontrer que ses activités n’empiéteraient pas dans le «champ» des autres centres, qu’il pouvait travailler en étroite collaboration et qu’il serait le seul à viser exclusivement labourer le sillon de l’agriculture biologique.