Marcher 3000 km pour le défi et la cause

Depuis le 6 décembre, la Victoriavilloise d’origine Marie-Christine Dupuis et son conjoint Samuel Boulay-Grimard sont en Nouvelle-Zélande afin de parcourir à pied les 3000 km du sentier Te Araroa. Le couple a décidé de se lancer dans cette aventure pour relever un défi, mais aussi en soutien à la recherche pour le cancer de la Fondation du CHUM.

D’entrée de jeu, il faut savoir que la maman de Marie-Christine, Céline Carrier, est décédée du cancer en 2021. La recherche du CHUM lui a permis de rester en vie cinq années supplémentaires plutôt que cinq mois, ce qui rend sa fille très reconnaissante. Elle voulait donc donner un sens à cette aventure en sollicitant des dons pour cette fondation. 

Mais également le couple, qui s’adonne à la randonnée et au voyage sac à dos depuis quelques années, a voulu se lancer un beau défi en tentant de parcourir les 3000 km, en six mois, de ce sentier néo-zélandais qualifié de titanesque.

Ils se sont donc préparés et ont débuté leur aventure au début du mois de décembre. En entretien vidéo, il y a quelques jours, le couple avait déjà près de 1000 km dans les espadrilles (qu’ils venaient de changer d’ailleurs) et tout allait bien pour eux.

Puisqu’elle a 32 ans et lui 29, qu’ils n’ont pas de maison ou d’enfant, ils ont déterminé que c’était le meilleur moment pour tenter cette épreuve qui demande une bonne forme physique et mentale ainsi que de la préparation. Et s’ils ont choisi la Nouvelle-Zélande, c’est qu’aucun des deux n’y était déjà allé, ce qui ajoutait à l’aventure. « Ça nous sort de notre zone de confort. C’est un gros défi personnel et de couple aussi », lance d’entrée de jeu Marie-Christine.

Le duo transporte tout son équipement de survie (et de camping) et parcourt du nord au sud la Nouvelle-Zélande grâce à cette randonnée. Jusqu’à maintenant, le sentier leur a permis de longer la plage, de gravir des montagnes et même de passer dans les villes. Autant de paysages différents qu’ils savent apprécier. « Il y a des fermes, des moutons, des volcans, des plages, bref des environnements vraiment différents », expliquent-ils avec un grand sourire, malgré la journée pluvieuse qui s’annonce.

Partis depuis un peu plus d’un mois, Marie-Christine et Samuel ont trouvé un rythme de croisière. Se levant à 5 h le matin, ils prennent environ une heure et demie à démonter leur camp avant d’entamer la vingtaine de kilomètres quotidiens de marche. Seulement pour préparer leurs pieds, il faut compter 20 minutes. En effet, ne voulant pas être ralentis par des ampoules ou blessures, ils ont établi un rituel, qui inclut de la laine de mouton dans les bas qui semble fonctionner. Et à la fin de la journée, une séance d’étirement et de yoga est toujours au programme, ce qui permet de repartir le lendemain sans trop de courbatures.

Ils parviennent à vivre avec un montant de 12 à 15 $ par jour, par personne. « On vit avec le minimum », explique Marie-Christine en ajoutant toutefois que pour réussir cet exploit, il faut des calories, donc de la bonne nourriture.

Outre la performance physique de cette grande marche (qui comprend aussi des portions à franchir en kayak), les deux retiennent les contacts humains qu’elle permet. En effet, sur leur chemin, ils ont rencontré plusieurs personnes, des gens du pays, mais aussi des randonneurs comme eux. Les Néo-Zélandais sont très accueillants et généreux, ont-ils remarqué. Une dame les a invités à boire un thé, un autre une bière, ce qui leur permet des rencontres intéressantes qui donnent un bon aperçu de ce qu’est la vie dans cette lointaine contrée. On les a même invités à dormir.

Au fil des semaines, ils ont développé une routine. Et aucune journée ne passe sans que Marie-Christine ait une pensée pour sa maman. « Je porte son collier et j’ai même un bracelet avec ses cendres. Elle m’accompagne partout. »

Pendant qu’ils marchent (en moyenne 23 km par jour, soit un demi-marathon), ils ont le temps de réfléchir, de se perdre chacun dans ses pensées, mais aussi parfois sur le sentier. En effet, ils ont bien une application qui leur permet de les guider, mais les indications sont parfois inexistantes ce qui leur a fait, à quelques reprises, ajouter quelques kilomètres à leur itinéraire. 

Une fois par semaine, ils s’arrêtent pour planifier les sept jours suivants. Ils doivent prévoir les campings (pour la partie nord du moins) et le ravitaillement. Ils savent ainsi la distance qu’ils auront à parcourir pour aller d’un point à l’autre. Chaque jour amène ses défis, dont la température et la pluie qui se traduisent souvent par de la boue qu’il faut gérer afin de ne pas se blesser. Mais cela fait partie de l’aventure. 

Lorsqu’on leur demande ce qui est le plus difficile dans ce voyage, Marie-Christine estime que ce sont les fins de journée. « Après 20 km, ça tire dans les jambes », fait-elle remarquer. La pesanteur du sac à dos (dans lequel tient tout l’équipement) est aussi à considérer, surtout lorsqu’il est rempli de cinq ou six jours de nourriture. Et il y a également l’accès à l’eau qu’il faut prévoir et qui est une source de stress puisqu’elle n’est pas disponible partout. Chacun a deux litres et ils savent qu’ils peuvent faire 30 km avec cette quantité. 

Ils ont déjà eu à gravir une montagne, une étape difficile qu’ils ont mis 13 heures à franchir, avec la boue et les branches. « On n’avait pas le choix puisqu’il fallait se rendre où il y avait de l’eau », se souviennent-ils.

Cela ne les empêche pas de profiter du moment, des paysages et des rencontres. « On écoute la musique de la nature, le chant des oiseaux alors que d’autres ont toujours les écouteurs dans les oreilles », explique Samuel.

Le couple semble bien s’accorder dans cette randonnée impressionnante et garde le sourire. « C’est l’expérience d’une vie et ça vaut la peine, même si ce n’est pas toujours facile », résument-ils.

Marie-Christine et Samuel sont également bien conscients de la chance qu’ils ont de pouvoir faire cette pause puisque pour réaliser cette aventure, les deux bénéficient d’un congé sans solde de six mois de leur travail respectif. Mais ça aura tout de même demandé un certain investissement, notamment dans le matériel qui se doit d’être de qualité et surtout léger ainsi que les billets d’avion, naturellement.

On peut suivre leur périple sur la page Facebook Marie et Sam en Nouvelle-Zélande et contribuer en leur nom à la Fondation du CHUM (https://www.jedonneenligne.org/fondationduchum/MC2022/).