Les producteurs agricoles dénoncent les modalités du régime transitoire

Réunis en assemblée générale annuelle, mercredi, au Pavillon Arthabaska de Victoriaville, plus d’une centaine de producteurs agricoles du Centre-du-Québec ont dénoncé unanimement les modalités du régime transitoire de gestion des zones inondables, des rives et du littoral.

Ce régime, entré en vigueur le 1er mars 2022, impose de nouvelles exigences à ceux et celles qui cultivent des terres à l’intérieur du littoral. Pourtant, déplorent les producteurs, les limites littorales pour les cours d’eau du Québec ne sont pas établies officiellement.

« On n’a malheureusement pas les données précises pour les superficies que ça implique au Centre-du-Québec puisque cet exercice n’a pas pu être complété par l’ensemble des municipalités responsables de la délimitation de ces limites. À défaut de main-d’œuvre et de ressources, certaines municipalités n’ont pas réalisé cet exercice, donc ça demeure une notion un peu aléatoire, a fait valoir Daniel Habel, président de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec. Pour avoir fait une expérience de calcul sur trois entreprises, on en arrive à une variante de perte de 8 à 12% des surfaces en culture pour ces entreprises. »

Le producteur Pierre Guérard de la ferme Guérard et Fils de la route 263 Sud à Princeville évalue qu’environ 80% de ses 320 acres en culture seraient affectés sans compter les bandes riveraines.

Cet exploitant d’une ferme laitière de 150 têtes estime que tout a été fait trop vite.

« C’est subi, on nous arrive avec ça et on n’a pas de délimitations précises concernant le littoral. Il faudrait que nous ou l’agronome on fasse la limite et qu’on obtienne de l’agronome une lettre de conformité, mais l’agronome est bien mal à l’aise de faire une recommandation sans savoir où se situe la ligne des hautes eaux », a-t-il expliqué.

Il déplore le manque de clarté dans la réglementation, tout en souhaitant une clarification et un accompagnement. 

Dans une résolution adoptée lors de l’assemblée générale, la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec demande une révision au gouvernement. « On demande carrément une révision de la ligne de haute crue puisque ça ne reflète pas la réalité de terrain, a précisé Daniel Habel. Nous demandons une révision pour refléter la réalité des crues printanières réelles, ce qui va du même coup soustraire du territoire ce qui est considéré dans le littoral et qui ne peut être exploité à des fins agricoles. »

La Fédération plaide aussi pour que les producteurs ne soient pas assujettis à des pénalités ou des amendes pour non-respect des exigences tant que tout n’est pas réglé.

Les producteurs interpellent aussi les municipalités pour qu’elles les accompagnent dans leurs revendications auprès de l’État. La Fédération a d’ailleurs récemment sollicité une rencontre avec les députés de la région pour les sensibiliser et discuter de la situation. « Jusqu’à maintenant, on n’a pas eu de réponse positive pour la tenue de ces rencontres », a fait savoir le président Daniel Habel.

« On souhaite aussi que notre résolution soit partagée aux MRC pour qu’on puisse convenir de l’application qui se fera et du partenariat qu’on pourra développer dans la démarche à suivre », a-t-il ajouté.

Planification stratégique

Les membres de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec ont aussi adopté une planification stratégique.

« L’exercice n’avait pas été mené depuis une vingtaine d’années, a souligné Daniel Habel. Le plan deviendra notre ligne directrice pour les cinq prochaines années. Il viendra cadrer toutes les interventions que la Fédération régionale fera dans les années à venir, tant du côté des professionnels, des gestionnaires que des élus. »