Les cultivateurs prêts à rentrer dans leurs champs

Les cultivateurs qui vivaient dans la crainte d’un retard dommageable dans leurs opérations d’ensemencement, en raison des pluies incessantes, se préparent à envahir leurs champs.

«À l’heure actuelle, on peut dire qu’on a un retard d’environ trois semaines», de reconnaître Daniel Habel, président de l’UPA du Centre-du-Québec, lui-même copropriétaire de la ferme l’Espérance, à Parisville, une entreprise laitière ancestrale de 6e génération, qui oeuvre également dans les grandes cultures et la production acéricole.

«Tous nos équipements sont attachés aux tracteurs qui sont prêts à partir. Il reste juste à mettre quelqu’un dedans pour démarrer et aller dans les champs. Si le beau temps persiste, ça ne sera pas si pire, Mais, comme à chaque année, il faut vivre avec les caprices de Dame Nature. Dire que nous ne sommes pas nerveux à ce moment-ci serait mentir, mais on est loin des craintes que nous vivions il y a deux ou trois semaines», a-t-il indiqué.

Les retards ne sont pas les mêmes selon les types de culture, comme l’explique Louis-Marie Jutras, propriétaire des Cultures de chez nous, à Sainte-Brigitte-des-Saults. «Pour le soya par exemple, il n’y a pas lieu de s’en soucier pour l’instant, du moins pas avant le 20 mai. Mais pour le maïs, nous avons ensemencé seulement 25 de nos 400 âcres et, pour le poireau, seulement 50 de nos 140 âcres. Jeudi (18 mai), d’après ce que je peux voir, on va entrer dans nos champs. Nous ne sommes pas dans des conditions idéales, mais si on peut avoir 10 jours de beau temps, ça serait bien. Mais, si au contraire, on a des belles journées qui sont suivies par une période de gel, ça ne nous avancera pas. Quant aux petits fruits, tels que la fraise et la framboise, c’est pas pire.»

Attention aux machines

Par ailleurs, Daniel Habel tient à lancer un message de patience aux automobilistes qui vont voir apparaître sur les routes dans les prochains jours d’imposantes et de très lentes machineries agricoles.

«Moi je compare ce phénomène à la première neige, qui a pour effet de surprendre les automobilistes. On doit, comme au début de l’hiver, adapter notre conduite. Nous les cultivateurs, nous n’avons pas le choix de composer avec la météo. Les gens dans leurs véhicules doivent emprunter la même philosophie. C’est comme ça. Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse? Surtout qu’on risque de voir des tracteurs en pleine nuit car certains vont sans doute trouver un moyen de travailler 24 heures sur 24 pour combler les retards. Nous, notre responsabilité, c’est de cultiver le jardin du Québec et de mettre de la nourriture sur la table des Québécois», de souligner le président de l’UPA du Centre-du-Québec.

Certains font valoir que les retards en agriculture pourraient faire augmenter le prix de quelques aliments, mais M. Habel dit qu’il est trop tôt pour se prononcer.