Le plaisir de rouler pour huit aventuriers

Huit amateurs de découverte, dont deux Victoriavillois, ont quitté Victoriaville vendredi matin à bord de leurs Citroën deux chevaux (2 CV) pour une randonnée de plus de 3000 km.

Les six hommes et deux femmes ont baptisé leur aventure Expédition 51 du nom de ce circuit de 1700 km à la hauteur du 51e parallèle et qui débute à Baie-Comeau. 

Font partie de l’aventure Gaëtan St-Arnaud et Hélène Boulanger de Victoriaville,  Alain Grégoire et Nicole Sheinck de Brossard, Freddy Pfeuti de Coaticook qui fait équipe avec Bruce Grant d’Ottawa, Gilles Pelcot et Gabriel Aubertin de Knowlton.

L’idée d’un tel voyage revient à Gaëtan St-Arnaud qui en a parlé à Freddy. « Une chimie s’est développée et ils ont évoqué l’idée de le faire en deux chevaux.

Ça leur prenait des gens pour grandir le groupe », raconte Alain Grégoire. 

Quand on lui a présenté l’affaire, tout était pratiquement bouclé. « Gaétan, blague-t-il, n’est pas organisé du tout. Quand il nous a présenté le projet, tout était cousu. Tout était déjà tout prévu. »

Gaëtan St-Arnaud a mis environ six mois à préparer cette expédition. Il faut dire qu’il a l’habitude des voyages.  « Ça fait plusieurs randonnées qu’on fait, comme plusieurs tours de la Gaspésie. Nous nous sommes rendus aux Îles-de-la-Madeleine. On a visité la péninsule acadienne, la Nouvelle-Écosse. On a aussi roulé en Ontario et aux États-Unis, notamment à New York. Le but, confie-t-il, c’est de rouler ensemble, d’avoir du plaisir. »

Et voyager en 2 CV revêt un caractère particulier. « Ça fera 25 ans que j’ai la mienne l’an prochain. Oui, c’est une voiture mythique. Il faut avoir l’esprit un peu ouvert et ne pas être pressé. Il faut prendre le temps de vivre, d’avoir du plaisir », exprime Gaëtan St-Arnaud.

Un peu d’histoire

Appartenant maintenant à Peugeot, la marque Citroën était l’une des trois marques françaises connues à l’époque, raconte Alain Grégoire. « Citroën était très innovatrice dans ses idées avec l’invention de la traction, notamment. Et il y a eu la deux chevaux sortie en 1948 après la Deuxième Guerre mondiale. Cette auto visait le marché du peuple, les gens qui travaillaient aux champs, voilà pourquoi ils ont fait une suspension très souple et fallait que ce soit très économique », explique Alain Grégoire.

Ces voitures peuvent rouler à 115 km/h environ. Celle de Freddy, dotée d’un plus petit moteur, fait environ 100 km/h. « Avec un vent favorable », rigole-t-il.

La production de la Citroën 2 CV s’est poursuivie jusqu’en 1990, poursuit Alain Grégoire. « Ils l’ont fait durant tellement longtemps que ça a marqué l’histoire. Surtout l’histoire française, mais ils en ont exporté partout dans le monde. Voilà pourquoi, lorsqu’on se promène avec ça, les gens le remarquent et les observent, surtout les Français. C’est le sourire qui accroche », souligne-t-il.

On ne peut les manquer ces petites bagnoles avec les phares avant sortis comme deux grands yeux.  « Ça amène la bonne humeur partout, c’est agréable », note Alain Grégoire estimant qu’on en retrouverait au-delà de 150 au Québec. 

Le résident de Brossard en possède une depuis sept ans, comparativement à 11 ans pour Freddy et presque 15 ans pour Bruce.

L’expédition

Les huit participants ont donc pris la route, vendredi matin, à bord de leurs voitures pour leur balade qui, d’ici le 16 septembre, totalisera quelque 3500 km.

« La motivation, c’est de voir des paysages, c’est d’aller explorer des régions intéressantes, mais de le faire en bonne compagnie et d’avoir du plaisir », assure Gaëtan St-Arnaud.

Bien que le trajet ait été dessiné, au préalable, les aventuriers laissent place aussi à l’improvisation. « On a un trajet, mais on peut faire des arrêts où l’on veut. On veut aller jusqu’au bout de la route 138 des deux bords. Il y a une fin à Natashquan et une fin par Blanc-Sablon. C’est un 100 km de plus qu’on veut parcourir, car on veut voir le bout de la route et découvrir les paysages », indique Alain Grégoire.

Le jour de leur départ, des amis les attendaient pour le souper à Kamouraska. Sur la Côte-Nord, des Innus les accueillaient pour un dîner. « C’est un voyage culturel en même temps, on rencontre des gens. On est très ouvert. Quand les gens voient nos voitures, ils veulent venir nous parler », observe Gaëtan St-Arnaud.

Le nombre de kilomètres par jour parcourus par le groupe varie, d’une petite distance d’une cinquantaine de kilomètres jusqu’à des journées de 300 et même de 400 km.

De Baie-Comeau, la route passe notamment par Manic-5 et Fermont, après quoi c’est l’entrée au Labrador et la découverte de Churchill Falls, Goose Bay et Fort Simpson dans les Territoires du Nord-Ouest.

À Blanc-Sablon, le groupe des huit montera à bord d’un bateau qui le conduira tout près de Natashquan au bout de la route 138. Après quoi, ils mettront le cap pour un retour à Baie-Comeau.

Presque tout leur trajet se fait sur une route asphaltée à l’exception d’une portion totalisant près de 170 km en gravier.

Alain Grégoire a créé une page Facebook où l’on y documente l’expédition, photos à l’appui.