Le PCQ veut abolir le monopole de la SAQ

Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, était de passage aujourd’hui en Mauricie. Lors d’une visite du vignoble Les Boissons du Roy, le chef conservateur a profité de l’occasion, en compagnie du candidat dans Champlain et propriétaire de l’endroit, Steeve Massicotte, pour faire l’annonce des propositions de sa formation politique en matière de vente de vins & spiritueux au Québec. 

« On doit libéraliser la vente de vins et de spiritueux au Québec. En quoi c’est le rôle de l’État de s’accaparer l’exclusivité de cette gestion? Au Parti conservateur, on considère que la vente d’alcool ne fait pas partie des missions de base de l’État. La vente d’alcool se doit d’être encadrée certes, mais pas sous la forme d’un monopole étatique. Actuellement, nous sommes dans un système extrêmement complexe et surréglementé. En ouvrant le marché, on instaure une saine concurrence et tous les consommateurs québécois en profiteront directement. Qui peut se plaindre d’avoir accès à un large éventail de produits aux meilleurs prix? On paie nos vins beaucoup trop chers au Québec et il n’y a aucune bonne raison qui justifie ça », soulève Éric Duhaime. 

Si cette idée s’inscrit naturellement dans les valeurs du PCQ, qui croit en la force du marché comme vecteur de progrès, d’enrichissement collectif et de saine concurrence, rappelons que le chef de la CAQ, François Legault, avait mis de l’avant dès 2014 la privatisation de la SAQ comme une idée intéressante à implanter dès un deuxième mandat. Cette promesse faisait même partie de ses engagements lors de la campagne électorale de 2018. 

Dans un article du journal Le Soleil paru le 17 mars 2014, François Legault déclarait en effet que « le monopole de la Société des alcools du Québec (SAQ) permet de vendre son vin à un prix qui n’a pas de bon sens ». Il y allait d’ailleurs plusieurs citations intéressantes, notamment celles-ci : 

« Il faut s’assurer qu’il y ait de la compétition. Le privé est meilleur que le public quand il y a de la compétition. On n’est pas obligés de privatiser mur à mur pour bien gérer. Mais dans le cas de la SAQ, ce serait possible de créer de la compétition. Ça n’a pas de bon sens qu’on paie aussi cher nos vins au Québec. » 

« Je ne vois pas ce que le gouvernement fait dans la vente de boissons alcooliques au Québec. Je ne pense pas que ça fasse partie de la mission du gouvernement. » 

Pour le chef conservateur, il s’agit d’une autre promesse qu’a fait miroiter la CAQ pour gagner des électeurs  

« Pour une fois que j’étais d’accord avec M. Legault! C’est quand même décevant de constater qu’on ajoute un autre exemple à la liste de promesses non tenues de la CAQ. Au Parti conservateur du Québec, ce qu’on propose, ce ne sont pas que des paroles en l’air pour chercher à séduire l’électorat. Si on le dit, on va le faire », a assuré le chef conservateur. 

Monopole de la SAQ : un grain de sable dans l’engrenage des entrepreneurs et des consommateurs 

Le 15 décembre 2021, l’Institut économique de Montréal (IEDM) publiait dans le Journal de Montréal un article au sujet des problèmes causés par le monopole de la SAQ « Mettons fin au monopole de la SAQ ». 

On y faisait notamment état des problématiques vécues par de nombreux restaurateurs et propriétaires de bars. Déjà gravement touchés par les nombreuses fermetures de leur commerce, les entrepreneurs ont eu à vivre les répercussions financières de la grève des employés des entrepôts de la SAQ. Ne pouvant se tourner vers un autre fournisseur/distributeur pour solutionner ce problème, ceux-ci ont vu avec résignation leurs profits, déjà grandement impactés à la baisse, être encore considérablement réduits. 

Des distilleries victimes de règles absurdes 

Encore plus récemment, l’Union québécoise des microdistilleries (UQMD) s’insurgeait contre la majoration excessive qu’empoche la SAQ. Le 3 juin, un texte publié par Gabriel Giguère, analyste en politiques publiques à l’IEDM intitulé « La SAQ en voie de noyer les microdistilleries » exposait cette situation aberrante. 

Les microdistilleries se voient dans l’obligation de verser une « majoration avoisinant les 50% du prix de vente de la bouteille à la SAQ, et ce, même si le produit est vendu à partir de l’atelier de fabrication. « C’est donc 20 $ qui sont versés à la société d’État pour une bouteille affichée à 40 $. » Bien que selon la SAQ, « la majoration permet d’assumer les frais de vente et mise en marché, de distribution et d’administration et de dégager un résultat net », dans les faits elle n’est nullement impliquée dans la vente et la mise en marché sur le site des producteurs. 

« Ça n’a absolument aucun sens que le gouvernement vampirise le fruit du travail de nos entrepreneurs québécois de cette façon. On doit tout faire pour valoriser nos produits du terroir et leur permettre de se faire connaître en dehors des tablettes de la SAQ. Le gouvernement voudrait nous dire qu’il cherche à décourager l’innovation, la relève et l’entreprenariat au Québec qu’il pourrait difficilement faire mieux », s’est indigné Éric Duhaime. 

« Cette semaine, on a eu plein d’exemples de c’est quoi au fond, la CAQ de François Legault. Ils ont promis d’aller à droite, mais finalement ils ont gouverné à gauche, puis ils font maintenant un autre virage à droite à la veille des élections. On va se le dire, c’est une tentative bien maladroite de plagier les propositions du Parti conservateur aux Québécois. Moi comme des milliers d’électeurs, on a voté pour ce genre de promesses et on a été trahis alors M. Legault, soyez certain d’une chose : on ne nous y reprendra pas deux fois », a déclaré Éric Duhaime.