La sextorsion, un crime en vogue

Les cas d’extorsion ont explosé de 139% en cinq ans. Et ce ne pourrait être que la pointe de l’iceberg.

Les dossiers d’extorsion au Québec ont bondi de 504 en 2009 à 1206 l’an dernier. Après une certaine accalmie entre 2009 et 2011, les cas pour cette catégorie de crimes se sont multipliés à compter de 2012 (717 cas) avant de bondir à 1206 dossiers en 2013.

Cette hausse soudaine concorde avec les mises en garde répétées des services policiers contre la sextorsion, une forme d’hameçonnage informatique au cours de laquelle des gestes à caractère sexuel sont posés, puis enregistrés à l’insu de la victime.

Un document produit en mai 2014 par Interpol indiquait qu’il est difficile de mesurer ce fléau, mais il appert que les victimes de ce type de délit se comptent par centaines de milliers à travers la planète. Et le Québec n’y échappe pas.

«C’est difficile d’avoir un portrait précis parce que dans beaucoup de cas, les victimes ne portent pas nécessairement plainte», relève le sergent Benoit Richard, porte-parole de la Sûreté du Québec, ajoutant que le nombre de personnes qui a accès à Internet est en augmentation partout sur la planète, notamment dans les pays en développement.

Généralement basés outre-Atlantique, les suspects qui ont obtenu des images compromettantes réclament une somme d’argent, menaçant leur victime de les publier sur le Web, si elle refuse d’obtempérer.

Medoussa Koné, une Montréalaise, a ainsi piégé un résident de la région de Cowansville en Montérégie en début d’année. La jeune femme de 21 ans, qui aurait travaillé pour un réseau basé en Côte d’Ivoire, a soutiré 5000 $ à sa victime. L’homme a obtempéré et a versé la somme d’argent demandée, mais la suspecte, Medoussa Koné a tout de même publié ladite vidéo sur le Web. Elle a ensuite exigé une somme supplémentaire de 18 000 $ pour la retirer. Refusant de déposer un tel montant, la victime a porté plainte, le 3 mars 2014, à la SQ de Brome-Missisquoi. Après de longues démarches d’enquête, les policiers sont parvenus à identifier Medoussa Koné, puis à la localiser, le 12 mars 2014, dans un commerce de Granby où elle a été mise en état d’arrestation. En juin, la Montréalaise a plaidé coupable à des accusations d’extorsion et de fraude. Elle a été condamnée à 104 jours de détention, à 1000$ d’amendes et à 240 heures de travaux communautaires, le tout assorti d’une probation de trois ans.