Johanne Roby s’inquiète de la pollution lumineuse

VICTORIAVILLE. Obnubilées par l’efficacité énergétique et la durabilité des ampoules DEL, les villes en négligeraient leurs effets sur la santé. C’est ce que croit Johanne Roby, docteure en chimie, chercheuse et enseignante au cégep de Sherbrooke. Elle admet qu’au fil de ses recherches, elle est devenue militante, soucieuse de protéger l’«intégrité nocturne», s’inquiétant d’ailleurs des pressions qu’exerce l’«industrie de l’éclairage».

Elle était de passage à Victoriaville pour une conférence sur le sujet devant une soixantaine d’élèves de quatrième et de cinquième secondaire, invitée par son amie d’enfance, l’enseignante Yolaine Rousseau.

Originaire de Lyster, Mme Roby a amorcé sa conférence en parlant de son parcours, de ses choix de vie… et de la chimie pour laquelle elle a poussé des études postdoctorales.

Au cégep de Sherbrooke, elle s’est lancée dans la recherche aux côtés d’un prof de physique, Martin Aubé, devenu un expert mondial en mesures de pollution lumineuse.

Devant des élèves «allumés», elle a expliqué ce qu’étaient la lumière, la pollution lumineuse, quelles en étaient les incidences sur la santé humaine, sur la flore et sur la faune.

Et il n’a pas été question que de la perte du ciel étoilé. Des études commencent à démontrer un lien entre la lumière artificielle dans laquelle on baigne constamment et des problèmes de santé comme le cancer du sein, l’obésité, l’insomnie, les symptômes dépressifs, a-t-elle dit.

Elle a distingué les divers types d’ampoules, l’intensité de lumière qu’elles génèrent, le spectre de couleurs qu’elles produisent. Trop de bleu la nuit contrerait la production de la mélatonine, cette hormone qui permet au corps de se restaurer, même de se réparer. Poétiquement, elle a dit que l’humain avait besoin de soleil pour le réveil et de nuit pour le sommeil. Se river l’œil à l’écran rétroéclairé de sa tablette intelligente avant d’aller au lit ne favoriserait pas le sommeil.

La «gestion» de son éclairage n’est pas chose facile, d’autant, admet-elle, que le domaine est bien mal connu.

Elle a donné quelques trucs pour réduire les impacts de l’éclairage artificiel, comme de diminuer l’intensité des lumières, d’utiliser des détecteurs de mouvement, de favoriser la lumière jaune-orange-rouge, de n’éclairer que là et quand c’est nécessaire, d’utiliser des lunettes qui filtrent le bleu, de diminuer l’intensité de l’éclairage des écrans électroniques et d’utiliser un programme de gestion des couleurs (F.lux).

Depuis quelques jours et à l’intention des villes, l’Astrolab du Mont-Mégantic et le Groupe de recherche en pollution lumineuse offrent une formation sur l’éclairage.

Aucun des arguments liés à l’efficacité, à l’économie, même à la sécurité de l’éclairage aux DEL ne convainc la chercheuse, se disant beaucoup plus soucieuse de la santé… le «choix sensé» que devraient faire les villes.