Homme, cinquantaine cherche… business!

PLESSISVILLE. Commissaire industriel au CLD de L’Érable au cours des sept dernières années, Dany Caron ne laisse pas son job parce qu’il ne l’aime pas. Il semble plutôt qu’à 50 ans, sa passion pour l’entrepreneuriat l’ait rattrapé.

«J’ai déjà eu mes propres compagnies en informatique avant de me joindre au CLD de L’Érable et j’avoue que je m’ennuie de l’entrepreneuriat», d’expliquer Dany Caron à quelques jours de quitter ses fonctions de commissaire industriel.

«J’ai eu 50 ans cet été. C’est comme le démon du midi à 40 ans, mais à l’inverse, c’est professionnel. Sept ans sur un payroll d’une entreprise, c’est mon record à vie. Je ne serais jamais resté aussi longtemps au CLD si je n’avais pas adoré mon travail», mentionne-t-il.

Et le plus étrange dans toute cette histoire, c’est qu’il ne s’en va nulle part. «L’idée de partir sans avoir rien trouvé d’avance était de ne pas entrer en conflit d’intérêts ou du moins de porter l’illusion que je pourrais l’être. Je n’aurais pu aller rencontrer un entrepreneur le matin afin de l’aider au nom du CLD puis lui demander en après-midi si son entreprise était à vendre. Le CLD ne me paye pas pour que je me cherche une business.»

Celui-ci ne croit pas se relancer en informatique. «Quand je suis arrivé à titre de commissaire industriel, je connaissais plus ou moins le secteur manufacturier. Mais j’ai appris à aimer ça. Je vise donc à acquérir une entreprise manufacturière dans L’Érable si possible ou du moins dans le Centre-du-Québec, et ce, cet automne. C’est mon objectif et la principale raison de mon départ», de signifier M. Caron qui est originaire de Plessisville et qui habite Victoriaville.

«Je me compare un peu à un joueur de golf. Il y a sept ans, je jouais 94, mais j’ai appris à driver durant ces années en côtoyant les entrepreneurs. J’ai maintenant le goût de me tester sur le terrain. Peut-être en suis-je rendu à jouer 89?», s’interroge-t-il.

Comme chef d’entreprise, il entend appliquer les mêmes principes qu’il a tentés d’inculquer ces sept dernières années aux entreprises d’ici. «Je veux une entreprise qui développe ses propres produits et qui met l’accent sur la commercialisation pour qu’elle soit moins dépendante des donneurs d’ordre», fait-il valoir.

La qualité de nos entreprises

Durant son séjour à titre de commissaire industriel, M. Caron dit avoir été renversé par la qualité des entreprises qu’on retrouve dans la MRC de L’Érable. «C’est vraiment impressionnant quand on pense à une entreprise comme Machinex qui a fabriqué le plus gros centre de tri technologique au monde pour l’Angleterre ou Plessitech qui conçoit des godets pour pelles pour l’industrie chinoise et qu’on les retrouve sur des chantiers miniers du Nord québécois ou encore Modèlerie GLT qui fabrique des pièces de composites pour la CSeries de Bombardier.»

«Il y en a d’autres qui auraient aussi avantage à se faire connaître ailleurs dans la province et partout dans le monde. La mondialisation, ce n’est pas nécessairement inné pour la génération actuelle, mais cela devrait se régler avec la prochaine génération d’entrepreneurs», croit-il. «Nous avons beaucoup semé au CLD pour leur faire comprendre ça et je pense que ça portera fruit dans le futur.»

La crise de 2008-09 et le parc éolien

M. Caron se considère chanceux d’avoir vécu deux épisodes économiques importants durant qu’il aura été en poste, soit la crise économique de 2008-2009 et la construction du parc éolien de L’Érable, un projet de 450 millions $. «Ça m’a permis de m’affirmer comme commissaire industriel. Plusieurs auraient été stressés, mais pour moi, ça m’a motivé.»

«On n’avait pas vécu pareille crise depuis 1929. Nos entreprises exportaient à 90% vers les États-Unis alors que le pays était presque en faillite. Nous avons eu alors à travailler avec plusieurs de nos entrepreneurs pour les aider à se sortir de cette impasse. Je pense entre autres à Princecraft qui exportait 80% de sa production vers les États-Unis. On a aidé l’entreprise à développer le marché de l’Ouest canadien. Nous avons fait beaucoup de maillage d’entreprises à ce moment afin que celles qui allaient bien puissent donner de l’ouvrage à celles qui fonctionnaient moins bien».

«Au bilan, nous avons peut-être perdu une ou deux entreprises qui avaient déjà des difficultés avant la crise, mais les autres ont résisté, même si plusieurs ont eu un genou à terre. Notre travail aura sans doute été l’un des éléments qui leur auront permis de s’en sortir», pense M. Caron.

Pour ce qui est du projet de 450 millions $ du parc éolien de L’Érable, M. Caron affirme avoir été déçu. «Le parc, c’est ma plus grande déception. C’est positif quand on parle de retombées économiques pendant la construction du parc pour les entreprises d’excavation, entrepreneurs généraux, électriciens et autres, un rapport sera bientôt dévoilé à cet effet. On a réussi à amener nos sous-traitants locaux à s’intéresser au projet et on s’est battu pour convaincre les donneurs d’ordre de faire affaire avec eux. De ce côté, ce fut un succès.»

«Mais ça n’a pas donné beaucoup d’ouvrage à notre secteur manufacturier. Il n’y a pas eu de retombées sur le manufacturier», répète-t-il. «J’aurais aimé voir un autocollant Érable sur une pale», image-t-il. Si nous avons appuyé le projet au BAPE, c’est que l’on croyait à ses retombées», avance-t-il. «Il n’y a pas eu de pérennité créée pour les projets futurs. Et ça n’a pas de sens qu’une entreprise comme Plessitech, qui est l’une des deux seules entreprises en Amérique du Nord accréditée pour la construction de moyeux d’éoliennes, n’ait obtenu aucun contrat pour le projet éolien de L’Érable, un contrat dans sa cour.»

L’avenir

Pour M. Caron, il y a deux types de commissaire industriel. «Il y a ceux qui ne vivent que pour installer des entreprises sur leur territoire. Mais, nous n’avons rien à gagner collectivement en déshabillant Jacques pour habiller Gilles. Ce n’était pas ma façon de faire», explique-t-il.

«Mon rôle comme commissaire a toujours été de faire en sorte que la sous-traitance qui sortait de la MRC de L’Érable revienne sur notre territoire et la façon d’y parvenir était de connecter les entrepreneurs entre eux. Ça toujours été ça mon challenge et je suis fier des événements comme Alliance Érable que nous avons réalisés pour y parvenir.»

En terminant, M. Caron souhaite que son successeur puisse continuer sur cette même lancée que le CLD a semé pendant son séjour, soit la proximité avec les entreprises. «Il faut continuer à faire du travail de terrain pour ne pas perdre nos acquis. Le CLD est une bibitte que nos entrepreneurs méritent de connaître.»

Il comprend que la nouvelle réalité des coupes budgétaires rattrapera certes le CLD à un moment ou un autre, mais qu’il faudra conjuguer avec pour maintenir l’encadrement et le soutien technique de nos entreprises pour leur permettre de continuer de grandir.