Habitation : un entrepreneur convaincu de la pertinence des pavillons secondaires  

Les propos d’Antoine Tardif à son souper du maire en lien avec le manque de logements, la densification et la construction en hauteur n’ont pas manqué de retenir l’attention de l’entrepreneur Richard Picard.

Le président de Modules Tech Pic-Bois de Victoriaville avait déjà en tête ce qui se faisait déjà en Ontario, ces minimaisons ou pavillons secondaires aménagés sur les terrains de résidences privées.

« J’ai rencontré Antoine (Tardif) pour lui faire part d’un tel projet et savoir ce qu’il en pensait. Il a trouvé l’idée bonne, d’autant que nous sommes une ville axée sur la famille et sur la qualité de vie »,  mentionne Richard Picard en entrevue avec La Nouvelle Union.

L’aménagement de minimaisons ou de pavillons secondaires dans la cour de résidences privées pourrait contribuer, croit-il, à ramener le lien familial et à éviter l’isolement des aînés comme cela a été le cas durant la pandémie.

« Plutôt que d’envoyer nos aînés autonomes dans les RPA (résidences pour aînés) où ils ont été isolés pratiquement pendant deux ans en raison de la pandémie, ce serait bien un pavillon secondaire, une minimaison derrière la maison à proximité de leur famille, souligne Richard Picard. Ils pourraient être d’un grand secours si, par exemple, les parents font face à un besoin de gardiennage. Garder les enfants une journée, ce n’est pas la fin du monde, et ça leur fait plaisir. » 

En plus des aînés, une telle habitation pourrait aussi bien servir aux enfants, note-t-il, qui peinent parfois à trouver des logements abordables dans le contexte actuel.

Richard Picard a discuté aussi du projet avec le personnel du service de l’urbanisme de la Ville.  On l’a informé qu’il était tout à fait possible d’installer de telles habitations sur les terrains. « Les règlements n’interdisent pas un ajout à une maison existante ou l’implantation d’un bâtiment isolé. Les règlements le permettent depuis bon nombre d’années, mais personne jusqu’ici n’a poussé en ce sens », fait-il remarquer.

Richard Picard a reçu des autorités municipales la réglementation en vigueur. L’ajout d’un pavillon secondaire est permis en respectant, toutefois, certains critères. « Même s’il existe déjà une remise, il est possible d’ajouter un pavillon secondaire, précise-t-il. Mais il faut que ce soit en ville, dans le périmètre urbain desservi par le réseau d’aqueduc et d’égout.  Et on ne peut pas louer l’installation. »

On définit la notion de pavillon secondaire par un petit bâtiment résidentiel autonome et comprenant un seul logement. Un tel pavillon doit trouver place dans la cour arrière d’une habitation existante et être construit sur des fondations permanentes.

La réglementation n’autorise qu’un seul pavillon secondaire par terrain, et ce terrain doit avoir une superficie minimale de 700 mètres carrés.

Et seul un terrain occupé par une habitation unifamiliale détachée ou une habitation bifamiliale détachée peut accueillir un pavillon secondaire.

Une telle option s’inscrit dans la volonté de la Ville de bonifier l’offre d’habitation sur le territoire en favorisant notamment la construction d’habitations bigénérationnelles ou secondaires sur un même lot. « Les pavillons secondaires constituent une des façons d’augmenter le nombre de logements », signale Charles Verville du Service des communications et des relations citoyenne.

En vacances, le maire de Victoriaville n’a pu être joint, mais dans un communiqué publié à la mi-juillet, Antoine Tardif encourageait les promoteurs et personnes intéressées à s’informer des différentes options autorisées par la Ville pour offrir des logements adaptés aux personnes aînées.

Le communiqué révélait d’ailleurs les résultats d’une consultation menée auprès de 827 personnes âgées de 57 ans et plus et indiquant une volonté assumée des répondants de maintenir une autonomie et un maintien à domicile le plus longtemps possible. Et plus de la moitié des gens disait souhaiter vivre dans une habitation de 10 logements et moins.

Les pavillons secondaires érigés dans la cour arrière d’une résidence présentent aussi certains avantages, souligne Richard Picard. « Quand les aînés sont contraints à quitter ou s’ils décèdent, par exemple, le pavillon peut être vendu, déménagé et installé ailleurs », note-t-il.

Les pavillons, construits sur mesure selon les clients, peuvent avoir différentes dimensions et s’installent sur une base de béton ou sur des pieux.

Richard Picard s’attend à devoir éventuellement embaucher de la main-d’œuvre avec ce nouveau marché qui se dessine, lui qui d’ailleurs est sur le point d’accueillir quatre travailleurs étrangers lesquels s’ajouteront aux quatre employés actuels afin de répondre à la croissance de la demande pour les gazebos de luxe qu’il fabrique sur mesure et qu’il vend à la grandeur du Québec et en Ontario.

« C’est populaire présentement en Ontario et aux États-Unis. Moi, j’y vois de l’avenir là-dedans. Autrefois, les gens gardaient leurs parents à la maison. Ce sera un peu de ce style-là. Je pense que c’est un plus. Les gens peuvent aménager le terrain comme ils veulent, faire un petit jardin, planter des fleurs, faire de quoi de beau. On verra comment ça va se développer, mais moi j’y crois. Et la Ville aussi », conclut Richard Picard.

Une construction pourrait coûter minimalement environ 75 000 $ et davantage, bien sûr, en fonction des caractéristiques et de la dimension du bâtiment.

On s’attend à ce que d’autres entrepreneurs emboîtent le pas et acceptent l’invitation du maire Tardif. « Les entrepreneurs demeurent à l’affût des nouvelles options qui s’offrent », observe Charles Verville.