Germain Provencher doit la vie à «ses anges»

VICTORIAVILLE. Ses amies, ses collègues de travail, sont devenues «ses anges» en l’arrachant des griffes de la mort. Nouvellement retraité de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska où il a œuvré comme infirmier auxiliaire pendant 21 ans, Germain Provencher, a bien failli ne pas pouvoir jouir d’une retraite bien méritée. L’homme, qui vient de souffler 65 bougies le 27 décembre, a été récemment victime d’un arrêt cardiaque. Mais heureusement, «ses anges» ont pris les choses en main.

Avec sa conjointe Chantale Boissonneault et entourée de ses précieuses amies Catherine Parent, Johannie Bourque et Nancy Quirion, Germain Provencher a accepté de partager, avec le www.lanouvelle.net, l’expérience qu’il a vécue le 12 décembre lors du «party» de Noël avec ses collègues. «Je tenais à leur rendre hommage, mes amies m’ont sauvé la vie», dit-il

Fidèle à son habitude, le groupe faisait la fête. Plusieurs départements de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, dont celui de Germain et de ses amies, le 5e A en médecine, célébraient Noël. Les employés de la pharmacie, de la clinique externe, de la pédiatrie et de la gériatrie y participaient aussi. «Nous avions près d’une quinzaine de tables. Ce sont des beaux «partys» animés, bien organisés. Nous y étions aussi allés l’an passé», rappelle-t-il.

La soirée de danse a pris son envol vers 21 h. Germain et Catherine ne perdent pas de temps. «Nous autres, nous sommes toujours en train de danser», mentionne Germain. «Là où il y a de la musique, nous y sommes, Germain et moi», renchérit Catherine Parent.

Le duo ne demeure pas sur le plancher de danse, mais grimpe plutôt sur la scène occupée par les DJ. À un certain moment, Germain se fait prendre en photo avec le disc-jockey. «On s’est rapproché, la tête penchée quelque peu. Puis, en me redressant, j’ai ressenti un étourdissement, je suis parti vers la droite et je ne me souviens plus de rien», raconte-t-il.

L’homme a chuté tête première de la scène, sa tête heurtant le sol, ce qui a causé une lacération. «C’est comme si le cœur a diminué, j’ai perdu conscience. Après la chute, le cœur a cessé de battre», mentionne le nouveau retraité.

Sans le voir tomber, les filles qui l’accompagnaient l’ont cependant rapidement vu au sol. Catherine, Johannie et Nancy n’ont pas perdu de temps. L’adrénaline aidant, elles ont saisi leur ami inconscient pour le déposer sur la scène et le placer sur le dos. «On a constaté qu’il n’avait pas un beau faciès», souligne Catherine. «J’ai vérifié au niveau du cou, ajoute Nancy, et il n’y avait aucun pouls.»

Une pédiatre, la docteure Lysanne Blouin, s’est pointée au même moment, accompagnée d’une résidente en médecine et d’une infirmière Marie-Ève Côté.

«J’ai défait doucement la chemise de Germain pour ne pas la déchirer. La Dre Blouin a alors fait savoir qu’il fallait entreprendre le massage cardiaque», se souvient Nancy Quirion.

Trois séries complètes de 30 massages ont été effectuées, l’une par la pédiatre, la seconde par la résidente et la troisième par Nancy Quirion.

L’infirmière Denise Doré, coordonnatrice du département du 5e A, a procédé, de son côté, à la ventilation.

«Je venais d’entreprendre la quatrième série de massages quand Germain est revenu à lui», souligne Nancy.

Germain a souvenir de certaines choses. «Catherine me parlait en tenant un pansement sur mon front, elle m’encourageait en me disant de ne pas m’inquiéter. Je me souviens aussi que je cherchais ma blonde», confie-t-il.

Sa conjointe Chantale, justement, n’a pas eu connaissance de l’incident puisqu’elle se trouvait à la salle de bain. «Les gens se sont bien occupés d’elle pour la garder à une certaine distance», précise l’ex-infirmier auxiliaire.

Certes, l’homme éprouvait une certaine douleur à la tête due à la chute. Mais, aux dires de Catherine, il avait une autre souffrance. «Il a dit : ah non, les filles, j’ai gâché votre soirée.»

À la suite de l’appel d’urgence 9-1-1 effectué dès les premiers instants, des policiers de la Sûreté du Québec sont arrivés les premiers, munis de leur défibrillateur externe automatisé (DEA). «Nous étions contents puisque la salle ne disposait pas de cet appareil. Mais on n’en a pas eu besoin, cependant. On a suggéré à l’établissement de s’en procurer un», signale Catherine Parent.

Germain Provencher se souvient aussi d’avoir été placé sur la civière des paramédics. «Mais j’en ai perdu des bouts durant le transport vers l’hôpital. Mais une fois rendu à l’urgence, j’étais réveillé avec ma pleine conscience.»

Après un passage aux soins intensifs, l’homme a été rapatrié en pays de connaissance, au 5e A, parmi ses amies. «Elles m’ont gâté en masse», précise-t-il.

Un incident tout à fait imprévisible

Rien n’aurait laissé présager l’incident cardiaque survenu lors de cette soirée à la Place 4213. Germain Provencher, un homme actif, ceinture noire en taekwondo et en karaté, a adopté, depuis longtemps, de saines habitudes de vie. «J’ai toujours fait beaucoup d’exercice, j’étais en bonne forme physique. Je n’ai eu aucun avertissement», note le père de cinq enfants et grand-papa de neuf petits-enfants.

«C’est la dernière personne à qui on aurait pensé que pareil incident puisse arriver», témoigne Nancy Quirion.

Ce soir-là, le sexagénaire n’a pas été foudroyé par un infarctus, mais il a plutôt souffert d’une forme d’arythmie cardiaque. «C’est le circuit électrique du cœur qui a fait défaut. On a réglé le problème en m’installant, le 18 décembre, un «pacemaker». Il s’agit de ma sécurité. Il est bon pour 15 ans», souligne M. Provencher, sorti de l’hôpital le 20 décembre.

Homme actif, Germain trouve plutôt difficile l’inactivité. «C’est long, mais je recommence à reprendre des forces», dit-il.

Heureux d’être en vie

Le Victoriavillois sait fort bien qu’il l’a échappé belle. Si l’arrêt cardiaque s’était produit ailleurs, ou dans son sommeil par exemple, le sexagénaire ne serait plus de ce monde.

«Il est tombé à la bonne place, au bon moment, avec les bonnes personnes», observe Catherine.

Oui, les bonnes personnes, un personnel médical bien au fait des techniques, des procédures qu’elles ont l’occasion de pratiquer dans leur milieu de travail. «Ce n’est pas la première fois qu’on le fait, mais quand ça arrive à quelqu’un qu’on connaît, c’est très difficile en raison des émotions», fait remarquer Nancy Quirion.

«En plus, nous n’étions pas dans notre milieu, avec les différents équipements», ajoute Catherine Parent. «À l’hôpital, on a tout ce qu’il faut pour réanimer», note Germain Provencher, heureux d’être vivant.

«Sans elles, je ne serais plus là. C’est une grande reconnaissance, c’est certain», mentionne-t-il, au moment où ses amies versaient quelques larmes.

«Il nous a fait brailler, et il le fait encore», confient les filles, émues. «Des larmes de joie», tient à dire Nancy.

«C’est en pareille circonstance qu’on constate que la vie ne tient qu’à un fil», renchérit Johannie Bourque.

Des poules? Non, des anges

Germain Provencher prend bien soin de ses amies. Lors des veillées, il se rend les chercher à domicile et les ramène à la maison après la soirée.

«Nous sommes ses poules», affirment les filles. «Mais aujourd’hui, ce ne sont plus ses poules, ce sont ses anges», témoigne Chantale Boissonneault, son amie de cœur.

L’homme n’a pas manqué d’aller offrir une rose à ses amies à qui il doit la vie. L’incident a permis de souder encore plus les liens existant entre eux.

Germain est le seul homme invité aux soirées de sacoche des dames, le seul qui a droit aux confidences. «Il s’agit d’un beau groupe, d’une belle équipe de travail. Mais on a beaucoup de plaisir à l’extérieur. On se fait des «partys», des soupers», indique l’infirmier auxiliaire à qui ses amies ont offert, comme cadeau de retraite, un album souvenir rempli de photos et de petits mots. Une attention qui témoigne de l’appréciation qu’on lui vouait.

Enfin, Germain et «ses anges» pourront remédier à leur «party» écourté cette année. Place 4213 leur propose, pour l’an prochain, une table VIP. «Les DJ sont venus me voir à l’hôpital. J’étais très content. On se reprendra l’année prochaine», conclut le rescapé.