Francophonie en Ontario : pour Alain Rayes, seul le leadership peut changer la donne

Loin d’être d’accord avec ceux qui ont dépeint le chef conservateur, Andrew Scheer, comme un leader pris entre l’arbre et l’écorce, le député Alain Rayes envisage plutôt une résolution de cette impasse par un travail concerté qui permettrait de relever des solutions concrètes.

Alain Rayes a précisé la position adoptée par son parti quant à la décision du gouvernement Ford d’annuler le projet d’université francophone et de supprimer le Commissariat aux services en français, lors d’une entrevue téléphonique, mercredi. D’emblée, le député de Richmond-Arthabaska constate que son chef, préoccupé par le cours des choses, n’est pas resté muet relativement aux coupures dans les services en français en Ontario. «Samedi (24 novembre), il a parlé avec le premier ministre de l’Ontario pour lui faire part de ses préoccupations face à cette décision.» Il ajoute qu’au cours du dernier week-end, le vice-président du comité permanent des langues officielles, le député conservateur Alupa Clarke, a pris contact avec Caroline Mulroney pour discuter de ces questions. Ce dernier a en outre déposé une motion pour convoquer Mme Mulroney afin qu’elle s’explique au comité des langues officielles à Ottawa, ce qu’elle a refusé mardi.

«À titre personnel, j’ai fait une déclaration officielle, lundi, pour dénoncer cette situation et dire l’importance pour nous des deux langues officielles en situation minoritaire», dit-il. Cette déclaration, diffusée dans son intégralité sur sa page Facebook, Alain Rayes explique l’avoir aussi faite au nom de son parti, tout en déposant une motion afin de supporter les communautés francophones hors Québec, ainsi que celles anglophones au Québec. «On a même demandé au premier ministre de présenter, d’ici les 30 prochains jours, un plan d’action pour voir comment (y arriver)», de dire le député, qui rappelle que son parti ne tient pas les cordons de la bourse gouvernementale.

Les libéraux ont également déposé une motion afin de dénoncer les coupes de Doug Ford. Ni l’une ni l’autre des deux motions n’a obtenu le consentement unanime des élus de la Chambre.

Tous ensemble

Si Alain Rayes affirme que la situation s’avère inacceptable, il pense qu’il est du devoir de tous les représentants en Chambre de trouver des façons d’aider le gouvernement de l’Ontario à respecter les francophones. Puisque les décisions attribuées à Doug Ford demeurent de compétence provinciale, il lui appert que le défi est d’ordre diplomatique et que seul le leadership peut changer la donne.

L’ingérence du fédéral reste une avenue à proscrire. Toutefois, il fait remarquer que dans ce cas, l’opposition officielle, soit son parti, a parlé à Caroline Mulroney la journée même; des communications que le camp Trudeau n’a pas réussi à établir. «Qu’ils prennent le téléphone, qu’ils montent dans leur voiture et se rendent à Queen’s Park à Toronto et qu’ils aillent discuter avec eux. Mélanie Joly en a des solutions puisqu’elle a un budget avec Patrimoine Canada et les Langues officielles, qui lui permettrait de soutenir financièrement des dossiers qui touchent les universités», suggère-t-il. Étant donné que le projet d’université francophone a achoppé sur des questions d’argent, aux dires de M. Ford,  Alain Rayes estime que le gouvernement fédéral pourrait dénouer aisément l’impasse. Enfin, le député se désole du débat actuel, qui reste à l’état de joute partisane. «On doit tous travailler ensemble pour trouver des pistes de solution», souhaite-t-il.

Plus d’argent?

Parce que le gouvernement ontarien porte une bannière qui établit une filiation avec le parti conservateur fédéral, plusieurs ont associé la formation d’Alain Rayes aux décisions des coupures des services aux francophones en Ontario. Il confirme avoir reçu des messages d’inquiétude de la part de citoyens, à l’instar de ses confrères de tous partis confondus. «L’événement est malheureux, mais rappelle l’importance de protéger nos deux langues officielles en situation minoritaire et démontre la nécessité de mettre en place des mécanismes de protection.» Il admet qu’il reste du travail à faire afin de bien signifier aux gens que la question des langues officielles constitue une priorité pour les conservateurs.

Depuis quelques mois, deux de leurs députés travaillent sur la section des langues officielles de leur plateforme électorale. «On tente actuellement d’accélérer le processus afin de présenter à la population nos propositions pour éviter de revivre une telle situation.» En attendant, il escompte agir en partenariat avec le gouvernement pour identifier les actions à prendre en vue de faire revenir sur sa décision le gouvernement ontarien. Si les problématiques financières de la province motivent à elles seules ces choix, Alain Rayes soutient qu’il y a des solutions. Il rappelle qu’une université francophone retient l’attention, mais qu’il y a aussi trois universités anglophones qui ne verront pas le jour à cause des récentes compressions budgétaires en Ontario.