Faute de recrutement, la Clinique médicale de Warwick fermera ses portes

La nouvelle de la fermeture de la Clinique médicale de Warwick, en fonction depuis 77 ans, a suscité beaucoup de commentaires lors de son annonce au www.lanouvelle.net vendredi dernier. Mais ce n’est pas de gaieté de cœur que les copropriétaires en sont venus à cette décision, justifiée par l’impossibilité de recruter de nouveaux médecins.

C’est que trois des actuels médecins quitteront sous peu la clinique. De ce nombre, deux partent pour la retraite. Ainsi, avec seulement trois médecins, impossible de continuer d’accueillir des patients dans les locaux de Warwick. « Les départs imminents de la Dre Harrisson-Boulay à la fin mai, la retraite du Dr Deshaies en août ainsi que la retraite de la Dre Chamberland à venir nous ont placés devant une évidence; nous ne pourrions opérer la clinique de façon efficace et rentable. Bien que nous ayons tenté de trouver de nouveaux médecins pour pallier ces départs, aucune candidature n’a retenu notre clinique comme lieu de travail, ce fut pour nous une grande déception », ont exprimé les docteurs Monic Pichette, Patrice Péloquin et Pierre-Hugues Blanchard par voie de communiqué.

Dre Pichette a par la suite expliqué, en entretien téléphonique, que toutes les possibilités avaient été examinées afin de trouver une façon de garder en place la clinique qui fait partie du paysage warwickois depuis plus de sept décennies. Cette dernière y pratique depuis 27 ans maintenant et comptait bien y finir sa carrière, d’ailleurs, mais devra changer ses plans. « Il y a un manque de médecins de famille », a-t-elle résumé. Et malgré les efforts faits, impossible d’attirer des résidents du côté de Warwick. Ceux-ci semblent préférer de plus grandes cliniques. « Il aurait fallu recruter au moins deux médecins », indique Dre Pichette.

Ainsi, pour les patients des trois médecins qui quittent dans les prochaines semaines ou mois, ils deviendront orphelins et devront s’inscrire pour obtenir un nouveau médecin de famille ou du côté du Guichet d’Accès à la Première ligne (GAP) déjà en fonction dans la région. Mais pour les patients des docteurs Pichette, Péloquin et Blanchard, leur dossier sera transféré à la Clinique médicale d’Arthabaska, où ils garderont accès à leur médecin de famille. 

Ce sont ainsi 9000 patients qui se retrouvent avec un changement majeur relié à l’annonce de cette fermeture. De ce nombre, environ 4000 se retrouveront sans médecin de famille. « D’ici le 23 décembre, nous continuerons à suivre notre clientèle à la Clinique médicale de Warwick. Par la suite, nous poursuivrons notre pratique à la Clinique médicale d’Arthabaska à compter de janvier 2023. Tous les dossiers des docteurs Chamberland, Deshaies et Harisson-Boulay seront disponibles à la Clinique familiale d’Arthabaska à des fins d’accessibilité administrative (résumé des dossiers, entre autres) », disent encore les copropriétaires dans le communiqué.

De plus, afin de dresser un portrait exact de la situation, la Dre Pichette a expliqué qu’environ 50% de la clientèle de la Clinique médicale en question provenait de Victoriaville et de villes avoisinantes, alors que l’autre moitié résidait à Warwick. La fermeture demandera, malgré cela, un changement dans les habitudes de plusieurs. Le recrutement qui est devenu impossible pour Warwick entraînera donc une structure non viable pour la clinique, et ce, malgré la volonté de la Ville de faire tous les efforts pour conserver le service dans sa municipalité.

En effet, des rencontres ont eu lieu entre les deux parties et la Ville a offert du soutien financier (pour assumer une partie du déficit engendré par le départ de la moitié des médecins) et de l’aide pour le recrutement. Mais pour les propriétaires de la clinique, il n’y a pas d’autre solution que la fermeture qui se prépare actuellement. D’ailleurs, à ce sujet, Dre Pichette suggère à la Ville, pour aider les patients, d’investir dans le transport vers la clinique de Victoriaville afin de faciliter la tâche à certaines personnes démunies. Du côté du maire de Warwick, Pascal Lambert, il garde espoir de conserver l’actuelle clinique en place avec les médecins. Sinon d’autres avenues seront étudiées afin d’attirer de nouveaux médecins dans la municipalité, comme il l’a expliqué. « Il faut toujours garder espoir et nous allons travailler pour garder la clinique en place », a-t-il mentionné au téléphone.

Ce dernier compte miser notamment sur la qualité de vie « incroyable » dans sa municipalité, comme il le dit lui-même. « Nous respectons le choix des médecins, mais nous demeurons ouverts à toute solution qui pourrait répondre aux problématiques et aux enjeux des médecins actuels. D’ailleurs, nos propositions soumises demeurent sur la table pour tout médecin prêt à prendre la relève », a-t-il terminé en disant qu’il y avait des pistes à travailler. La situation vécue à Warwick n’est pas unique au Québec. On le sait, plusieurs petites cliniques peinent à recruter des médecins de famille qui se font de plus en plus rares. Moins d’étudiants choisissent ce domaine et préfèrent d’autres spécialisations et ceux qui complètent dans la médecine générale ont l’embarras du choix de cliniques plus grandes et plus attractives que celle de Warwick, comme nous sommes à même de le constater.