Étudiants internationaux : « On accouche d’une souris », dit Denis Deschamps

Les demandes d’admission des étudiants internationaux ont beau exploser, mais elles ne se traduiront que par l’accueil de quelques élèves de plus. « On est passé d’environ 150 à près de 900 en termes du nombre de demandes. C’est majeur. Les chiffres sont immenses, mais en réalité, c’est très peu d’étudiants qu’on peut avoir sur les bancs d’école à l’automne prochain. On accouche un peu d’une souris », se désole le directeur général du Cégep de Victoriaville, Denis Deschamps.

Le grand patron du Cégep s’exprimait ainsi, la semaine dernière, devant les membres du conseil d’administration lors d’une séance virtuelle. Il est vrai, a-t-il noté, qu’on assiste à une « montée vertigineuse » des demandes d’admission des étudiants internationaux. Cette explosion des demandes, il l’explique notamment par la promotion que le Cégep a lui-même faite par sa présence à divers salons en Europe et en Afrique, notamment au Maroc. Mais aussi par les efforts de la Fédération des cégeps qui travaille à la promotion du réseau collégial dans certains pays, notamment en Afrique de l’Ouest, l’Afrique francophone.

Mais pour Denis Deschamps, un des éléments qui a certainement moussé le nombre de demandes des étudiants internationaux, c’est l’annonce gouvernementale du printemps 2022 concernant l’exemption des frais de scolarité. Le Québec, a rappelé M. Deschamps, a depuis longtemps une entente avec la France sur l’exemption des frais de scolarité, ce qui fait en sorte que les étudiants français, en venant étudier dans un cégep québécois, paient somme toute les mêmes frais que les étudiants québécois.

« Québec a souhaité élargir cette mesure à d’autres pays en annonçant, au printemps 2022, une enveloppe de 80 M $ sur quatre ans. Cela a sûrement moussé l’engouement chez les étudiants internationaux à venir étudier chez nous », a confié le DG du Cégep de Victoriaville.

Denis Deschamps se souvient qu’il avait applaudi cette annonce. « Je me suis dit : wow! C’est super, on pourra en accueillir beaucoup. Mais finalement, en regardant le détail avec l’équipe de la direction des études, on a réalisé que ce n’était pas grand-chose pour la première année. »

Ainsi, malgré l’importance de la somme, 80 M $, cela ne représente que bien peu pour le Cégep de Victoriaville. « Ça signifie qu’on passe de trois ou quatre bourses d’exemption de frais de scolarité à environ six ou sept bourses. C’est un peu désolant, a-t-il exprimé, car on aurait une capacité d’accueil beaucoup plus importante. On aurait pu accueillir facilement 25 ou 30 étudiants provenant de l’Afrique ou d’autres pays francophones parce que les demandes viennent d’un peu partout. »

Les dirigeants du Cégep assurent qu’ils suivront la situation de près. « On verra quel sera l’impact sur les trois autres années du programme en espérant que le nombre de bourses soit croissant. On fera nos représentations pour faire en sorte que notre cégep et les autres puissent obtenir davantage d’exemptions », a conclu Denis Deschamps.