Et si le lait de transition pour les veaux faisait une différence?

Dans le cadre du cours Projet Innovant du programme de Gestion et technologies d’entreprise agricole de l’Institut national d’agriculture biologique du Cégep de Victoriaville, une équipe d’étudiantes s’est questionnée sur l’efficacité du lait de transition, un lait enrichi de poudre de colostrum. 

Ce mélange a été donné aux veaux naissants deux fois par jour au cours des 10 premiers jours de vie pour simuler le lait naturel des vaches, plus riche au cours de cette période et correspondant mieux aux besoins du petit. L’équipe a eu la chance de collaborer avec la Ferme Landrynoise, Équipements 3V, Meunerie Ducharme et Grober Nutrition comme partenaires et commanditaires pour mener à terme ce projet expérimental. 

Selon plusieurs études menées en Ontario et en Californie, ce lait serait mieux adapté aux besoins des veaux qui ont un intestin encore immature au cours des trois premières semaines de vie. De ce fait, ceux-ci sont plus à risque de contracter des maladies pouvant entraîner la mort ou un état général affaibli de l’animal. La période d’alimentation lactée des veaux est reconnue comme étant très importante puisqu’elle influencera la production laitière future de l’animal. Ainsi, plus l’animal gagne rapidement en masse dès son jeune âge, meilleure sera sa première lactation et sa rentabilité sera accrue dans l’élevage. 

Il est bien connu que l’administration du colostrum au cours des premières heures de vie des ruminants est déterminante pour la protection immunitaire des ceux-ci. Cependant, pour le moment, au Québec, aucune étude avec des groupes contrôlés n’a exploré l’usage de lait de transition comme un atout pouvant avoir des bénéfices quantifiables sur la santé des veaux laitiers et leur croissance dans les fermes du Québec.

Pour ce premier essai à la ferme, 2 groupes de 11 veaux ont été comparés au cours de l’automne 2021. Le groupe traité au lait de transition recevait 94 g de colostrum en poudre équivalent à 20 g d’IgG par jour pour une période de 10 jours alors que le groupe témoin était nourri selon les pratiques habituelles de la ferme. Une vérification de l’acquisition de l’immunité passive à la suite de l’ingestion du colostrum a été réalisée au début de l’expérience comme contrôle. De plus, les masses ont été mesurées deux fois par semaine au cours des deux premières semaines et, par la suite, hebdomadairement jusqu’au sevrage des veaux. Les suivis des traitements médicamenteux administrés par le personnel, des diarrhées et des problèmes respiratoires ainsi que des mortalités ont été comptabilisés, analysés et comparés entre les deux groupes.

Les résultats de cet essai n’ont pas démontré de différence significative au niveau de la croissance des veaux au sevrage. Cependant, aucune mortalité n’est survenue dans le groupe expérimental et les diarrhées ont été moindres au cours des trois premières semaines de vie. Bien que ces résultats ne soient pas aussi concluants qu’espérés, l’étude a démontré une diminution de 13% de l’utilisation d’antibiotiques ce qui est une donnée très intéressante. Cet essai mériterait d’être répété avec une régie plus rigoureuse et des méthodes d’alimentation similaires entre les groupes. Selon les étudiantes, cette avenue pourrait probablement améliorer les gains moyens quotidiens et les performances de la future vache dans un contexte d’élevage où la régie est contrôlée différemment. C’est ce que s’efforce de faire la ferme partenaire de ce projet pour progresser en vue d’optimiser ses performances d’élevage.  

Mentionnons d’ailleurs que les élèves de l’INAB peuvent compter sur la collaboration d’un réseau de fermes partenaires pour explorer différentes installations agricoles et expérimenter des techniques diversifiées d’élevage.