Du café qui fait chaud au cœur et au corps

Depuis un peu plus d’une année, le Café Farniente et le Dépanneur Voisin de Victoriaville offrent des cafés au suivant, grâce à la générosité des clients. Mais pour ceux qui en bénéficient, il s’agit de bien davantage qu’un simple breuvage chaud qu’ils obtiennent, c’est un geste qui leur apporte réconfort et espoir.

Rappelons le concept qui est très simple : les clients qui passent au commerce payent tout simplement un café ou autre breuvage ou encore un repas supplémentaire. Celui-ci est ensuite inscrit sur un tableau noir près de la caisse et est biffé lorsque donné à la personne qui en fait la demande. 

La propriétaire du Farniente, Nathalie Godin, explique que c’est dans l’accueil et le non-jugement qu’elle reçoit les gens qui profitent de ces cafés. Depuis que le service est en place, elle estime en servir environ une centaine par mois. « Et l’hiver on peut compter une vingtaine de soupes, une dizaine de repas, une quinzaine de muffins, toujours mensuellement. Les gens sont généreux », énumère-t-elle. Autant de petites attentions qui viendront réchauffer le corps et le cœur de ceux qui en bénéficieront.

C’est le cas de Katy Robichaud qui vient tous les jours au Farniente. Vivant dans l’itinérance pour le moment, elle est bien heureuse de pouvoir venir se réchauffer et prendre un bon café ou une soupe. « Le matin, je pars de l’hébergement l’Ensoleilvent et j’arrive ici vers 9 h », explique-t-elle. Katy peut passer quelques heures au restaurant et il lui est même arrivé, à quelques reprises, d’y rester toute la journée. Il faut savoir que plusieurs endroits accueillent les personnes sans domicile fixe au cours de la journée, mais à certaines périodes, il n’y a rien d’accessible, ce qui ajoute de l’importance au service du café au suivant. 

Il faut aussi savoir qu’à Victoriaville, comme le souligne Katy, il n’y a pas d’autres restaurants que le Farniente où les gens, comme elle, peuvent s’asseoir et étirer leur café. Elle apprécie donc encore plus l’ouverture d’esprit de la propriétaire.

« De venir ici, ça me permet de voir du nouveau monde et, à ce moment, je ne pense pas à ce que je vis. De voir des gens sourire, ça nous donne le goût de sourire aussi. Nous sommes accueillis ici à bras ouverts », ajoute Katy. Ils sont quatre ou cinq à venir régulièrement bénéficier des cafés gratuits, en plus des autres qui, pour différentes raisons, utiliseront ces dons anonymes.

Donc, pour les clients si le geste d’offrir un café à quelqu’un qu’ils ne connaissent pas peut sembler anodin ou même banal, pour ceux qui en bénéficient, c’est une source d’espoir qui peut même leur donner le goût de continuer. « Ça nous sort de l’isolement et calme l’anxiété », ajoute même Katy.

Du côté de Nathalie, c’est tout ce qu’il y a de plus normal d’aider ceux qui en ont besoin et c’est grâce à ce service qu’elle le fait naturellement. Elle confie même que parfois la demande de cafés est plus grande que l’offre et, qu’à ce moment, c’est le Farniente qui assume les frais.

L’itinérance bien présente

Ainsi, malgré ce que plusieurs peuvent penser, l’itinérance est bien présente à Victoriaville et dans la région, mais peu visible. « Ici, ce n’est pas comme à Montréal. Des personnes en situation d’itinérance sont parmi nous, mais on ne le sait pas », mentionnent Kim Perreault de la Maison Raymond-Roy et Chantale Pagé de Répit Jeunesse (l’initiative ayant été mise sur pied par la Table de concertation intersectorielle en itinérance dont les deux organismes font partie). « Le café, c’est pour le besoin de se réchauffer, mais ça va au-delà. Quand on a une journée plus grise ou on a juste besoin d’un petit boost, de savoir que quelqu’un a payé un café et que n’importe qui y a accès ça peut faire une différence », indique Kim. 

Donc, l’ouverture d’esprit du Farniente et du dépanneur est bien appréciée. « Ça sort des organismes communautaires où tout le monde a besoin d’aide. En venant ici ils peuvent rencontrer d’autres gens », énonce Chantale de Répit Jeunesse. Kim Perreault, de son côté, salue l’ouverture de Nathalie Godin à accepter tout le monde dans son établissement. 

Cela amène donc de nouvelles personnes dans le restaurant, bien entendu, avec différentes problématiques. Mais l’équipe bénéficie du soutien des intervenantes et même des travailleurs de rue en cas de problème. Toutefois, Nathalie estime que la plupart sont très tranquilles, contents d’avoir un endroit bien au chaud, surtout pendant l’hiver. « Il y a certaines personnes avec qui on ne sait pas trop comment agir, mais on cherche des façons de gérer la situation », fait-elle savoir.

Ainsi, elle ne regrette pas de participer à ce projet, si important pour ceux qui y ont accès. Elle lance même un appel à la générosité des clients pour aider encore davantage de personnes. Parce qu’au-delà du simple breuvage, ceux qui utilisent le service sont reconnaissants et ne manquent pas, souvent, de rendre la pareille en venant, lorsqu’ils en ont les moyens, payer aussi un café au suivant.