Diffusion Momentum fait face à d’importants défis

« Il va falloir faire équipe, se serrer les coudes, pour relancer la machine après deux années d’arrêt, tantôt complet, tantôt partiel », a lancé le président du conseil d’administration de Diffusion Momentum, Roger Richard.

Cet ex-maire de Victoriaville a pris la parole devant les partenaires, les grands donateurs et les membres du Carré 150 à l’occasion d’un cocktail soulignant les sept ans d’existence de l’espace culturel inauguré le 3 septembre 2015.

Roger Richard a laissé tomber quelques chiffres « qui parlent d’eux-mêmes », a-t-il dit. Les revenus de la billetterie ont chuté, passant de 2,7 M $ en 2018-2019 à 1,5 M $ en 2021-2022.

Avant la pandémie, le Carré 150 comptait plus de 3000 membres, nombre qui a régressé à 1750 l’an dernier. « S’ajoute à cela, la rareté de la main-d’œuvre spécialisée, notamment les techniciens de scène. Cela a un impact sur notre masse salariale. Inévitablement, a confié M. Richard, les cachets des artistes sont à la hausse, ce qui aura comme conséquence une augmentation du coût du billet un jour ou l’autre. »

Sans compter l’inflation, a-t-il fait valoir, qui oblige la clientèle à faire des choix et à considérer le nombre de spectacles qu’elle peut s’offrir. « D’ailleurs, l’été a été difficile pour un grand nombre de salles de spectacles au Québec. Nous, heureusement, on s’en est sorti convenablement, notamment en raison du succès de La Corriveau », a précisé le président du CA de Diffusion Momentum qui, cependant, s’appuyant sur les statistiques des années antérieures, anticipe une baisse de 35% de l’achalandage à l’automne dans les salles de spectacles.

Malgré tout, Roger Richard affiche un optimisme « prudent et réaliste ». « Nous avons géré très prudemment au cours des deux dernières années et nous disposons d’un coussin financier attribuable essentiellement aux mesures d’aide financière gouvernementales encaissées depuis deux ans », a-t-il énoncé.

Ce coussin permettra d’assurer la relance des activités si, a-t-il signalé, la situation ne se dégrade pas davantage ou perdure dans le temps.

La fidélité du public, des commanditaires et des partenaires, a-t-il observé, constitue « notre meilleure police d’assurance ».

Le soutien du milieu explique la bonne santé financière de l’organisme. « C’est avec fierté que je peux vous certifier que Diffusion Momentum est en bonne santé financière en dépit de la COVID. Nous n’avons aucune dette qui nous est propre », a-t-il soutenu.

Cette situation, il l’attribue aux commanditaires qui ont maintenu leurs contributions financières malgré le report répété ou l’annulation des spectacles auxquels ils étaient associés. Il a salué ainsi la Caisse Desjardins, le Cégep de Victoriaville, Hydro-Québec, Sani Marc, Promutuel et Cascades. « Merci également à la Ville de Victoriaville d’avoir respecté intégralement l’entente d’aide au fonctionnement en dépit de l’arrêt partiel de nos activités. Grand merci aussi aux gouvernements pour leur soutien substantiel. »

Tout ce support des partenaires, toutefois, n’aurait pas suffi, a fait remarquer Roger Richard, sans un suivi rigoureux du conseil d’administration. « Un contrôle très serré des dépenses a été effectué. »

Les deux dernières années, par ailleurs, ont permis à Diffusion Momentum de revoir sa structure financière et de renouveler son conseil d’administration formé de 11 membres. Outre le président, il s’agit d’un conseil paritaire composé de cinq femmes et cinq hommes provenant équitablement des milieux artistique et administratif. « On leur doit beaucoup. Ils ont été en mesure de gérer au quotidien, contre vents et marées, les activités du Carré 150 au cours des deux dernières années », a observé le président du CA.

Des priorités

Si la relance des activités constitue la grande priorité, deux autres dossiers se font tout aussi prioritaires, a exposé Roger Richard.

Il s’agit d’assurer la pérennité du Carré 150 en élaborant, avec la Ville, un plan conjoint de maintien des actifs du bâtiment et la création d’un fonds de mise à niveau périodique des équipements amovibles. « Les discussions sont déjà amorcées de façon constructive et nous sommes confiants de faire progresser ce dossier au cours des prochaines semaines », a-t-il indiqué.

L’autre élément consiste en l’élaboration et l’adoption d’un plan triennal de développement tenant compte du vieillissement de la clientèle actuelle et la nécessité d’adapter progressivement la programmation à la clientèle de demain.

« Tout cela avec une ferme intention de faire du Carré 150 et de son centre d’art un pôle de développement culturel régional incontournable », a fait valoir Roger Richard qui n’a pas manqué de souligner la présence de plusieurs maires de la région et des deux préfets Christian Côté et Gilles Fortier des MRC d’Arthabaska et de L’Érable. « On compte sur vous, a-t-il dit, pour que le Carré 150 rayonne dans chacune de nos municipalités. »

Des défis et un rêve

Roger Richard a fait savoir que la prochaine année ne manquera pas de défis. « Notamment notre volonté de faire du Carré 150 un support au développement touristique de Victoriaville et des municipalités des MRC d’Arthabaska et de L’Érable », a-t-il souligné, tout en dévoilant des données récentes.

Cet été, les représentations de Radio-Cassette et de La Corriveau ont attiré, entre le 22 juillet et le 31 août, quelque 7000 personnes, dont la moitié provenant de 11 des 17 régions administratives du Québec, et même de la région de Toronto. « Cette présence accrue de visiteurs, nous en sommes persuadés, contribuera au développement de notre centre-ville », a formulé Roger Richard.

Par ailleurs, sans en dévoiler la teneur, le président du CA a fait part d’un rêve que poursuit Diffusion Momentum, un projet de développement. « Si les astres devaient s’aligner positivement ces prochains mois, a-t-il avancé, pourquoi ne pas conférer au Carré 150 un caractère d’attractivité comme moteur de développement du centre-ville? On va s’en reparler, je l’espère. »

Les grands donateurs

En évoquant les sept ans d’existence du Carré 150, Roger Richard s’est réjoui de ce « rêve devenu réalité après 25 ans de discussions trop souvent stériles ».

Certes, la Ville de Victoriaville et les deux ordres de gouvernement ont assumé l’essentiel des coûts de quelque 31 M $ pour la réalisation de ce centre de diffusion culturel. 

Mais la contribution des grands donateurs a aussi joué un rôle important. Roger Richard a salué et remercié les familles Lemaire, Auger, Bourgeois et Gaudreau pour avoir répondu présent à l’invitation. « Vous méritez que vos noms soient associés visiblement et de façon permanente au Carré 150 », a-t-il exprimé, tout en ajoutant que cet apport des grands donateurs, des organismes, des institutions et des entreprises « a contribué à faire du Carré 150 et de son centre d’art, non seulement une réussite, mais un véritable sujet de fierté régionale ».

Roger Richard a adressé un clin d’œil à ce grand disparu. « Tu n’es pas là ce soir pour célébrer avec nous, mais je me plais à penser que tu nous regardes de là-haut. Merci Guy Aubert pour ton implication inestimable. »

Le Carré 150 en quelques chiffres

Prenant la parole avant Roger Richard, la codirectrice générale et artistique Roxanne Genest, a dit adorer son travail, elle qui fait partie de l’aventure depuis 12 ans. « Quand je vous vois, je sais que vous y avez cru, vous aussi », a-t-elle dit aux convives, ajoutant que le Carré 150 se veut « un incubateur culturel et un centre de diffusion incontournable dans notre région ».

Le Carré 150 emploie 82 personnes. En sept ans, 1483 spectacles y ont été présentés, sans compter les quelque 175 ateliers, expositions et conférences au centre d’art et environ 170 résidences d’artistes, des lancements de saison et des conférences, de même que 669 locations de salle.

Au final, le décompte fait état de 611 304 spectateurs provenant de plus de 300 villes du Québec, du Canada et même des États-Unis.