Des syndicats manifestent pour «que ça change»

Des représentants et représentantes du milieu de l’éducation ont manifesté en fin de journée, jeudi, devant le Grand Union de Victoriaville, immeuble où se situent les bureaux du député d’Arthabaska et whip en chef du gouvernement, Eric Lefebvre.

«Faut que ça change» et «négociez», voilà des messages adressés au gouvernement Legault par des membres du syndicat de l’enseignement des Bois-Francs, du syndicat du personnel professionnel de l’éducation et du syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Victoriaville, trois organisations affiliées à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Les syndiqués dénoncent l’attitude du gouvernement à la table des négociations et parlent de «lenteur» et de «mauvaise foi».

Les syndicats réclament de meilleures conditions de travail et salariales. «Nos conditions de travail sont liées aux conditions d’apprentissage de nos élèves, jeunes et adultes, a indiqué Nancie Lafond, présidente du syndicat de l’enseignement des Bois-Francs. Il y a aussi la question salariale. Au pays, nous sommes la province où les enseignants sont les moins bien payés.»

«Négociez», tel est le message qu’elle lance au gouvernement. «C’est ce qu’on veut. Il faut arrêter de jaser, de parler, de discuter. On veut des solutions. Et on en a à proposer. Mais depuis un an qu’on négocie, tout ce qu’on amène est rejeté du revers de la main et n’est pas pris en considération. À un moment donné, ça va faire», a-t-elle déploré.

La présidente est d’avis que si le gouvernement a de l’argent «pour payer du pop-corn dans les cinémas, il devrait en avoir à mettre dans les classes».

Du côté du Cégep, la présidente du syndicat des enseignantes et enseignants, Audrey Bouchard-Lachance, dénonce aussi la lenteur dans les négociations. «On tente de négocier depuis un an et demi, mais on dirait que de l’autre côté, ils n’ont pas le mandat de négociations», a-t-elle observé.

Les échanges achoppent au cadre financier. «On veut améliorer nos conditions de travail, améliorer la précarité, rendre les tâches moins lourdes. Mais s’il n’y a pas un sou, on ne peut négocier des affaires à coût nul. Un réinvestissement est nécessaire. C’est ce qu’on attend de la partie patronale, une ouverture à négocier, et donc, à injecter des sous dans les négociations, sans quoi on n’y arrivera pas», a fait savoir Mme Bouchard-Lachance.

La présidente du syndicat du personnel professionnel de l’éducation, Geneviève Paquette, considère aussi que le gouvernement n’investit pas assez. «Il n’injecte pas assez d’argent pour permettre aux Centres de services scolaires d’offrir des tâches plus attrayantes. On a des tâches à temps plein, mais avec 5, 6,7 et 8 écoles pour certains corps d’emploi. La compétitivité du privé par rapport aux offres salariales fait en sorte que plusieurs désertent. Il faut que ça change», a-t-elle lancé.

(Photo www.lanouvelle.net)

Les syndicats n’entendent pas baisser les bras si rien ne bouge. «Nous sommes en intensification des moyens de pression, a précisé Nancie Lafond. Et à partir du moment où nous avons un vote de grève, s’il faut l’exercer, ce n’est pas ce que nous voulons, mais on devra le faire. Les membres ont voté chez nous très massivement, très fortement.»

Au Cégep, le syndicat dispose d’un mandat de grève depuis le 29 janvier. «On attend toujours que cela ait un effet aux tables de négociations. On ne souhaite pas aller en grève. Personne n’aime ça. Ce n’est pas une partie de plaisir. On a des mandats. On se disait que ça ferait peut-être bouger les choses. Mais visiblement, pas tant que ça, a fait remarquer Audrey Bouchard-Lachance. Donc, pour obtenir un rapport de force, il se peut qu’on se rende là.»

Pourtant, a-t-elle fait valoir, les syndicats ont revu leurs demandes à la baisse. «On a essayé de s’ajuster avec le contexte pandémique et le budget du gouvernement qui allait changer. Mais eux n’ont pas bougé. C’est le même budget qu’avant la crise. Or, dans l’après-crise, il faudra un réinvestissement», a soutenu la présidente.

La crise, selon elle, a révélé des inégalités, notamment le sous-financement du secteur public depuis des années. «C’est comme si on parle juste des entreprises privées pour la relance plutôt que de se concentrer sur les services publics qui sont là, qui ont tenu le fort depuis le début. On dirait qu’on ne figure pas dans le plan de relance alors qu’on devrait se trouver à la base», a-t-elle conclu.