Des millions pour moderniser le centre de tri

Gaudreau Environnement voit s’achever un important projet de modernisation de cinq millions de dollars à son centre de tri, voisin de Laurentide Re-Sources, sur la rue de la Bulstrode dans le parc industriel de Victoriaville.

Après un arrêt complet de sept semaines, le centre de tri revampé a repris du service lundi matin.

Cette modernisation s’avérait nécessaire. « Nous constations une certaine inefficacité de nos opérations de tri », confie, en entrevue avec La Nouvelle Union le directeur général Jonathan Boulanger, en poste depuis près de deux ans.

En modernisant ses installations, Gaudreau avait en tête bien sûr une augmentation de sa capacité, mais le confort des employés primait d’abord et avant tout. « Le point central, c’est véritablement l’environnement de travail pour nos employés, souligne M. Boulanger. Si on veut garder notre monde pour continuer à évoluer et à faire croître l’entreprise, il faut que les gens puissent œuvrer dans un environnement de travail convenable. »

Ces travailleurs au tri, le directeur général les appelle ses « héros ». « Je l’ai essayé ce travail quelques heures. Ça bouge très vite, c’est étourdissant, soutient-il. Vraiment, ces gens travaillent fort physiquement et de longues heures. »

Les travailleurs pourront éventuellement bénéficier de cabines de travail climatisées en été et chauffées en hiver. La qualité de l’air, avec une réduction de la poussière, s’en trouvera accrue.

La modernisation du centre permettra à Gaudreau d’atteindre un autre objectif, soit l’augmentation de sa capacité de production qui doublera. Avant le projet, l’entreprise traitait annuellement 10 000 tonnes de matières. « Nous aurons maintenant la capacité d’aller chercher un volume supplémentaire et signer de nouveaux contrats », assure le directeur général.

Les étapes du projet

C’est en février 2021 que Gaudreau a entrepris la première phase de son projet en procédant à la fermeture de l’un de ses deux centres de tri, celui situé à côté de l’Écocentre.

L’entreprise a ainsi centralisé ses opérations en un seul endroit, de l’autre côté de la rue, tout près de Laurentide Re-Sources. 

En février cette année, pour permettre la transition vers une modernisation complète des opérations, Gaudreau a remplacé sa presse par un nouvel équipement, presse qui permet la mise en ballots des matières recyclées qui seront ensuite vendues.

Les dirigeants de Gaudreau se réjouissent d’avoir mis à contribution des entreprises régionales. La modernisation des équipements revient à Machinex de Plessisville. Industek de Victoriaville a aussi participé au projet.

La modernisation du centre de tri amène une nouvelle façon de faire pour les employés. Jusqu’ici, un travailleur, par exemple, affecté au papier, devait le retirer parmi toutes les matières déroulant rapidement sur la ligne de tri.

Dorénavant, les machines, des séparateurs optiques ou magnétiques, feront la plupart du tri. « Nous avons différents séparateurs, l’un à carton. Sur le convoyeur, l’employé enlèvera tout ce qui n’est pas du carton. Un séparateur magnétique retire ce qui est acier. Un autre fera de même pour tout ce qui est aluminium, comme les assiettes et les canettes. Ensuite, un travailleur séparera les assiettes et les canettes, car ce n’est pas le même type ni la même valeur. On a un marché pour les deux », fait savoir Marc-Olivier Gingras, directeur de production depuis janvier 2018.

« Les gens travailleront donc davantage en contrôle qualité plutôt qu’en tri en tant que tel. Ce sera moins dur physiquement », ajoute Jonathan Boulanger.

Toutes les matières retirées sont ensuite dirigées vers des cellules. Chacune d’elles contient une matière différente. « Quand une cellule est pleine, elle est envoyée à la presse pour être transformée en ballots qui prendront le chemin des différents clients recycleurs », précise le directeur de production.

En plus d’améliorer la santé, la sécurité et le confort au travail, la modernisation aura un impact sur le produit. « Quand on fait tout manuellement, tout va vite et parfois le taux de récupération est moins bon. Nos ballots n’étaient peut-être pas toujours de la plus haute qualité. La mécanisation, assure le directeur général, améliorera la qualité de la matière. L’industrie exige de plus en plus de qualité et de pureté. Nous serons maintenant en mesure de l’offrir. »

La clientèle

Sur la scène municipale, Gaudreau dessert le territoire de la MRC d’Arthabaska, une partie de la MRC de L’Érable, de même que la Régie Bécancour-Nicolet-Yamaska, de Nicolet jusqu’à Lotbinière, ainsi que la Ville de Drummondville.

« On soumissionne pour d’autres contrats, indique M. Boulanger. D’ailleurs, on vient d’obtenir celui du Canton de Melbourne qui débute en janvier 2023. »

Du côté commercial, si le territoire est un peu moins vaste, l’entreprise est très active dans la MRC d’Arthabaska, sur le territoire de la Régie Bécancour-Nicolet-Yamaska, quelque peu à Drummondville, mais compte aussi un bon volume à Trois-Rivières.

« Avec la modernisation, nous pourrons décrocher d’autres contrats, mais nous serons aussi en mesure d’aller chercher juste du volume provenant de régions plus éloignées », observe Jonathan Boulanger, citant en exemple la récupération des Îles-de-la-Madeleine traitée ici au centre de tri et les déchets de Charlevoix qu’on enfouit au site de Saint-Rosaire. « Mais le but sera de collecter un peu plus et d’agrandir notre territoire », avance le directeur général.

La main-d’œuvre

Dans le contexte actuel, Jonathan Boulanger s’estime chanceux. Malgré l’arrêt de production de près de deux mois, les employés du centre de tri, une trentaine, ont tous accepté de revenir.

Au total, incluant aussi le personnel administratif, les chauffeurs et les employés du site d’enfouissement, Gaudreau emploie quelque 200 personnes.

Si l’entreprise ne peine pas trop à recruter en général, la situation est plus difficile chez les chauffeurs. « On se les arrache, fait remarquer le DG. Il nous en manque toujours quelques-uns, deux, trois ou quatre pour bien faire. On est toujours en recrutement constant. C’est le cas aussi chez les mécaniciens. D’ailleurs, on vient d’en accueillir un nouveau venu de France. »

Rencontre avec les municipalités

Ces derniers mois, des maires de la région ont manifesté leur mécontentement vis-à-vis Gesterra, cette société détenue à 51% par la MRC d’Arthabaska et 49% par Gaudreau et ayant la responsabilité de la gestion globale des matières résiduelles.

Gaudreau a apporté certains changements cette année en lien avec le service à la clientèle. Ainsi, les municipalités, advenant une problématique, appellent directement Gaudreau plutôt que Gesterra. « On a ajouté du personnel au service à la clientèle, de même qu’un inspecteur sur le terrain tous les jours. Dès la réception d’une plainte, il se rend sur les lieux, essaie de les gérer, de les prévenir. Il travaille beaucoup avec les chauffeurs. On essaie d’être plus proactif en tant qu’organisation », soutient Jonathan Boulanger qui, depuis le mois de mai, a rencontré à ce jour plusieurs municipalités. Il lui en reste quelques-unes à rencontrer. « Avec les intervenants, on regarde la situation, les irritants, ce qui fonctionne ou non. Souvent on identifie la raison de l’irritant et on parvient, la plupart du temps, à trouver des solutions. Ce n’est souvent jamais très compliqué », termine-t-il.