Dernier hommage rendu à celui que plusieurs qualifiaient de prophète

Des gens issus de tous les milieux ont convergé vers l’église Notre-Dame-de-l’Assomption de Victoriaville, samedi, afin de rendre hommage à l’abbé Gérard Marier, ce prêtre qui se démarquait dans le clergé et pas seulement à cause de ses sandales qu’il portait en toutes occasions, hiver comme été.

L’église était bondée de gens, riches et pauvres, jeunes et âgés, venus assister aux funérailles de celui qui en a marqué plusieurs. Quelques heures avant la cérémonie (et le vendredi aussi), une longue filée, s’étirant jusqu’à l’arrière de l’église, permettait aux gens, après plusieurs minutes, de faire un dernier adieu, en chapelle ardente, à ce prêtre décédé le 8 mars à l’âge de 89 ans.

Plusieurs voulaient lui toucher la main alors que d’autres insistaient pour prendre une photo afin de garder un souvenir de cette journée, mais surtout de cet homme qui ne faisait rien comme les autres. En fait, l’abbé Marier, au cours de son passage sur cette terre, n’a laissé personne indifférent.

Pas de fleurs pour entourer la dépouille, tel que demandé dans l’avis de décès, représentant bien la simplicité et le dépouillement dont Gérard Marier faisait preuve. Mais une ferveur des gens présents qu’on pouvait sentir à leurs réponses pendant la cérémonie.

Si l’église était remplie, plusieurs ont pu suivre la cérémonie de leur domicile puisqu’elle était transmise en direct sur Facebook (où il était assez actif à répandre la Parole de Dieu), ce que le grand communicateur qu’il était aurait apprécié. Une cérémonie que les organisateurs ont voulu à son image aussi, brillante, rassembleuse et à la fois profonde avec des touches humoristiques. D’ailleurs, c’est l’abbé Marier lui-même qui a choisi les textes qui ont été lus. «Lui-même s’attendait à faire l’homélie», a dit en souriant l’évêque du diocèse de Nicolet, Mgr André Gazaille.

Plusieurs témoignages ont été présentés, dont celui de son amie, coresponsable avec lui de la Communauté du Désert qu’il a fondée, Marie-Josée Roux. Elle a parlé de la façon dont les deux lectures présentées touchaient directement l’abbé Marier, a rappelé comment il aimait les pauvres, la prière et la joie.

«Certains ont dit que Gérard était un prophète pour son temps, mais je crois qu’il était un prophète pour l’Église de demain», a indiqué l’évêque en rappelant l’attachement de l’abbé Marier à la Parole de Dieu, son ancrage dans sa mission, son amour des pauvres, etc.

Ce sont d’ailleurs les gens moins fortunés qui l’ont incité à fonder la Communauté du Désert. «Gérard demeure encore fort inspirant pour l’Église missionnaire d’aujourd’hui et de demain», a ajouté Mgr Gazaille.

Pour finir la cérémonie, quelques personnes ont pris la parole, rappelant certains traits caractéristiques de Gérard Marier. Sa nièce, Aline Grenier, a parlé de l’oncle qu’il était pour tous ses neveux et nièces, celui qui leur a fait découvrir la lecture et les voyages. «L’oncle intellectuel qui nous a aussi fait connaître le mot débat.»

Martin Jetté, de la Communauté du Désert, a également voulu parler de Gérard qu’il a bien connu et il a expliqué que contrairement à ce qu’il paraissait aujourd’hui, l’abbé Marier avait eu de la difficulté, au début, avec la rhétorique ou l’écriture. Difficile à croire quand on fait le tour de tous les événements où il a pris la parole et tous les écrits qu’on lui doit. «Il aimait les pauvres et les atypiques, comme lui. Il était à l’aise avec tout le monde. Il disait souvent, il faut que j’aille prier pour les morts, les vivants et les restants», a-t-il raconté, faisant bien rire la foule.

(Photo lanouvelle.net)

Son sens de la répartie restera d’ailleurs gravé dans la mémoire de tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont eu la chance de le côtoyer. Avant de quitter, les gens ont pu entendre le témoignage de Daniel Roy qui a été aux côtés de Gérard Marier pendant de nombreuses années.

Biographie

Né à Drummondville, le 6 janvier 1930, il a été ordonné prêtre le 4 juin 1955. Pendant 50 ans, il s’est consacré à l’éducation dans différents établissements scolaires. Communicateur de grand talent, il a été à la prédication dans divers lieux, au Québec et à l’étranger. Il a publié de nombreux livres, écrit des articles pour différents médias. Il animait une émission à RadioVM et à la Télévision communautaire des Bois-Francs.

C’est en 1971 qu’il a fondé la Communauté du Désert qui avait comme mission d’accueillir des jeunes étudiants peu fortunés. En 1991, la Communauté s’est installée, avec Gérard Marier, à Victoriaville, rue St-Paul avec la mission d’accueillir des hommes et des femmes en transition. Il a par la suite préparé des jeunes à vivre des projets d’aide humanitaire au Pérou, grâce à la mission qu’il a fondée en 1981.

Il avait de nombreux diplômes et a occupé plusieurs postes et fonctions importantes au cours de sa vie.