Dans la classe de Mme Chantal, on apprend en faisant grandir des truites

 À l’école Saint-Gabriel-Lalemant de Victoriaville, on retrouve dans la classe de troisième année de Chantal Paris un aquarium bien spécial. Celui-ci contient des truites que les élèves font grandir avant de les relâcher dans la rivière Nicolet. Une belle expérience qui leur permet, en plus de voir l’évolution des petits poissons, de mettre en pratique plusieurs notions scolaires.

C’est un projet nommé PAJE (Partenariat Action Jeunesse et Environnement), réalisé en partenariat avec le Groupe d’Aide pour la Recherche et l’Aménagement de la Faune (GARAF). Tout le matériel est fourni à la classe afin que les élèves puissent vivre cette expérience scientifique qui leur permet en même temps de participer à la biodiversité. D’ailleurs, l’enseignante tient à souligner le travail de tous les gens des organismes partenaires (dont le CSSBF) qui sont, à ses dires, dévoués à la cause.

Les 50 bébés poissons sont arrivés le 18 mars à l’école. « Il nous en reste 35. Ce n’est pas une bonne année », a fait remarquer Mme Chantal qui participe à ce projet éducatif depuis une quinzaine d’années maintenant. Cela peut sembler anodin de réaliser ce type d’activité, mais il met en lumière une multitude de concepts que les élèves sont à même de transposer dans la réalité. Qu’il s’agisse de mathématiques, de français ou de science, toutes les occasions sont bonnes pour apprendre. Différentes tâches sont reliées à ce projet et les élèves sont toujours heureux de les effectuer même si parfois cela peut représenter beaucoup de travail. Il y a même un attachement qui se crée avec les petits poissons et certains ont même des prénoms. Dans le lot, il y a également un spécimen beaucoup plus petit que les autres. Il semble en effet ne pas avoir grandi comme ses compagnons. « Il y a un questionnement scientifique. Des biologistes chapeautent le projet et, présentement, c’est une première », explique l’enseignante. La truite est véritablement plus petite que les autres même si elle se nourrit régulièrement, comme les autres. Les biologistes vont d’ailleurs l’étudier pour déterminer ce qui se passe.

Une routine éducative

Chaque matin, un élève a comme responsabilité de vérifier le pH de l’eau et de tenir un registre. Si jamais les données ne sont pas bonnes, il faut trouver des solutions afin de rétablir la situation. « C’est touchant et beau de voir les élèves qui participent à la biodiversité », dit Mme Chantal avec fierté.

Une fois aux deux semaines, il faut peser et mesurer un échantillon de cinq truites afin de suivre l’évolution, donner de la nourriture, bref prendre soin des poissons. Cela permet de travailler les nombres décimaux, les moyennes, etc. « C’est une mine d’or », estime l’enseignante.

Bien entendu, il est primordial d’avoir la motivation des élèves qui, pendant trois mois, ont des responsabilités supplémentaires, mais le jeu en vaut la chandelle, semble-t-il.

Des imprévus arrivent également comme des champignons blancs qui sont apparus dans l’eau. Heureusement, les spécialistes ont suggéré un traitement au sel qui permet de régler la situation. Mais dans toutes les étapes, on en profite pour apprendre et pratiquer des notions scolaires.

Florence, Arnaud et Gabriel, des élèves de la classe, apprécient le projet. « On aide la nature », indique Arnaud qui est responsable du pH. Quant à Gabriel, il explique que c’est bien amusant d’avoir des truites en classe. « Ça nous fait apprendre les mathématiques », dit-il encore. Du côté de Florence, elle a bien hâte que les poissons soient relâchés dans la rivière. « C’est le fun de les voir grandir », apprécie-t-elle.

Le travail d’équipe est aussi primordial puisque si l’ensemble des tâches est imposant, le fait que chacun en réalise une partie sépare les responsabilités. Et tous sont bien contents d’avoir le privilège de contribuer, à leur façon, à faire vivre des poissons sauvages. C’est le 9 juin que les truites seront lâchées dans la rivière. Pour l’occasion, chaque élève pourra redonner la liberté à un poisson. « On ne sait pas ce qu’il adviendra d’eux, mais nous aurons réalisé notre objectif de participer à la biodiversité », répète Mme Chantal.