Compteurs intelligents : une invite à la «désobéissance civile»

VICTORIAVILLE. Elles attendaient minimalement 30 personnes… ou, au mieux, 200. Les trois notaires victoriavilloises, Ariane Lapointe, Josée Morin et Nancy Bilodeau, ainsi que Lisette Deshaies et Pierre Fortin ont accueilli 500 personnes à leur réunion d’information sur les compteurs intelligents en ce lundi soir 22 décembre. Et l’auditoire aurait pu être plus grand encore. Parce qu’il a fallu fermer les portes de l’Académie de danse au nez de gens qui faisaient la file, les propriétaires respectant les limites de leur permis.

«C’est l’inquiétude face aux compteurs qui nous a amené tant de monde», a observé Me Morin qui a manqué de copies de la pétition réclamant qu’Hydro-Québec cesse d’installer ses compteurs de nouvelle génération.

Le seul «reproche» qu’on lui a exprimé, dit-elle, c’est que la réunion était organisée un peu sur le tard, beaucoup de Victoriavillois se trouvant à quelques jours de l’«heure de tombée» leur permettant de se prévaloir de l’option de retrait d’un compteur communicant pour en obtenir non émetteur.

Désobéissance civile?

Au cours de cette réunion de deux heures, on a entendu Denis Robillard et Jacques Blais traiter des compteurs de nouvelle génération sous tous leurs aspects : l’impact des radiofréquences qu’émettent les compteurs et les routeurs sur la santé humaine, la façon dont Hydro-Québec s’y prend pour «vendre» et installer les compteurs de deuxième génération, bafouant les données et avis de scientifiques ainsi que des lois et chartes, la prévisibilité d’une tarification diversifiée et d’inévitables hausses de la facture d’électricité lorsque tous les compteurs seront installés au Québec.

C’est M. Robillard, électromécanicien de formation, épluchant ce sujet depuis dix ans, qui a prononcé la première partie de la conférence, disant que plusieurs études scientifiques avaient été menées sur le sujet et que, heureusement encore, «on a la chance d’avoir un Internet libre pour les consulter».

«On vous encourage à la désobéissance civile», a déclaré Jacques Blais, de son côté. M. Blais réside à Saint-Damien et milite contre l’installation des compteurs intelligents.

Il a expliqué qu’aux deux options offertes par Hydro-Québec, l’installation gratuite du compteur de deuxième génération et l’installation d’un non-communicant (15 $ à l’installation plus 5 $ par mois pour la relève du compteur), il y avait une troisième option, celle de conserver son compteur électromécanique (à cadrans et roulette). Il faut, pour cela, appeler le service à la clientèle d’Hydro et lui faire parvenir une lettre recommandée, une lettre de non-consentement.

Mais cette option n’est pas sans risques, a prévenu M. Blais. Hydro-Québec pourrait priver de courant le propriétaire récalcitrant; d’autant, a souligné M. Blais, qu’Hydro-Québec ne reconnaît pas cette «troisième option» voulant faire disparaître tous les vieux compteurs. «Et elle pourrait aussi vous enlever la possibilité d’obtenir un compteur non-communicant pendant 24 mois.»

Afin que les installateurs ne puissent procéder à l’enlèvement du compteur électromécanique, M. Blais recommande de le «barricader». Il a montré plusieurs illustrations de ces compteurs qu’on a enfermés (dont on doit toujours pouvoir lire les cadrans cependant) dans des bricolages de bois ou de métal, certains en forme d’horloge, de cabane à oiseaux, le tout bien cadenassé.

À l’assaut du conseil de Victo

Lors de la période de questions, on s’est étonné que 111 municipalités aient résolu d’un «moratoire» sur l’installation des compteurs intelligents. Denis Robillard a précisé que ces résolutions n’avaient pas force de loi. «Elles sont comme une grosse pétition.»

Il faut, dit-il, prendre tous les moyens, jusqu’à un recours collectif, pour empêcher la société d’État d’aller de l’avant avec l’installation de ces compteurs.

Selon les conférenciers, Hydro-Québec se cache derrière la Régie de l’énergie et le gouvernement du Québec s’en lave les mains, s’en remettant à la Régie.

MM. Robillard et Blais ont invité les citoyens à multiplier les pressions, à acheminer une plainte à l’encontre d’Hydro à la Protectrice du citoyen. Celle-ci n’a pas le mandat de faire enquête sur la société d’État, ont-ils reconnu. Mais un grand nombre de plaintes pourrait provoquer un changement.

«Où sont nos députés?», a demandé un participant indigné de n’en voir aucun dans la salle. Et une autre voudrait que la Ville de Victoriaville ajoute sa voix à celle des 111 autres municipalités pour réclamer un moratoire. «Pour une ville verte, ça fait dur!», s’est-elle exclamée. Il faudrait être nombreux, a-t-elle souhaité, à la prochaine séance du conseil municipal de Victoriaville le lundi 12 janvier à 18 heures.

À toutes les raisons et études évoquées par Denis Robillard pour contrer les compteurs qui pulsent des radiofréquences, un électricien a pris le micro pour dire que jamais, il ne voudrait installer un tel système, craignant le black out qu’un pirate pourrait provoquer.

Les conférenciers ont donné quelques liens où l’on peut s’informer : https://lanaudierefuse.wordpress.com/ ou http://www.cqlpe.ca.