Colère et questionnement des membres de la Coopérative de bovins d’abattage du Québec

C’est aujourd’hui que les membres de la Coopérative de bovins d’abattage du Québec (CBAQ) conviaient les médias pour faire un état de la situation concernant leur projet de relance de l’abattoir de Saint-Cyrille-de-Wendover. Le désarroi des deux dernières semaines fait maintenant place à une colère justifiée et une dénonciation claire de la gestion du dossier par le gouvernement.

Le 28 août dernier, on apprenait que les équipements de Levinoff-Colbex avaient été vendus à des intérêts quelconques en vue d’une liquidation, la terre et le bâtiment en soi ne faisant pas partie de la transaction. Pour Mario Théberge, administrateur de la CBAQ et producteur de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, «il s’agit carrément d’un désaveu d’Investissement Québec et des dirigeants de la province. Ils ont mené en bateau la Coopérative et ses membres pendant des mois! Nos politiciens se disaient d’accord avec tous les arguments qu’on avançait, que ce soit la cohérence avec le projet de souveraineté alimentaire, la prospérité des entreprises bovines ou le bien-être animal. On se rend bien compte qu’ils n’avaient aucune considération à notre égard, ils ne voulaient que nous garder calmes et dociles, et ce temps-là, c’est fini!».

Les administrateurs de la CBAQ, appuyés par plusieurs de leurs membres au Best Western Plus Hôtel Universel de Drummondville, réitèrent qu’ils ont joué cartes sur table depuis le début avec le gouvernement et les autres acteurs de la filière bovine. «Tout le monde connaissait notre plan d’affaires, mais on se disait que l’atout que nous avions qu’aucune autre partie ne pouvait accoter dans le cadre du dernier appel d’offres, c’était la force du nombre: 535 membres, ce n’est pas rien!», ajoute Gervais Pelletier, administrateur et producteur de la région de la Côte-du-Sud. «De plus, comme notre porte-parole, Paul Doyon, n’a cessé de le dire dans les derniers mois, on leur servait un projet de création de richesse et d’emplois sur un plateau d’argent, et le gouvernement a craché là-dessus.»

À l’heure actuelle, les bovins de réforme continuent de faire, en moyenne, neuf heures de camion avant d’être abattus aux États-Unis ou en Ontario et le ministre Pierre Paradis ne cesse de se dire sensible au bien-être animal. Ainsi, le manque de cohérence est évident pour les membres de la CBAQ. «Le ministre Paradis nous répond qu’il veut encourager les abattoirs de proximité dans les régions: des abattoirs peu ou pas rentables, non équipés pour valoriser le cinquième quartier ou ses sous-produits, et qui nécessiteraient un soutien financier de l’État de plus de 6 M $ par année pour rester en activité. Où est-ce qu’un gouvernement qui gratte les fonds de tiroir et qui désire rationaliser les dépenses de l’État va trouver cet argent?», se demande Réjean Bessette, administrateur et producteur de la Montérégie.

Les producteurs membres de la CBAQ présents, provenant de diverses régions de la province, demandent enfin des réponses claires et des engagements concrets envers la filière bovine de la part du gouvernement. «On parle de la filière, mais au bout de celle-ci, se trouve le consommateur qui met du bœuf dans son assiette: nous aimerions que la population joigne sa voix à la nôtre en réclamant du bœuf du Québec. Le gouvernement se rendrait compte à côté de quelle occasion il vient de passer de valoriser le savoir-faire québécois!»,de conclure M. Théberge.