Chevaux de race : une ferme de Princeville en met plein la vue à Toronto

La ferme d’élevage de chevaux Freedom Clydesdales de Princeville s’est illustrée dans le cadre du 100e anniversaire de la Royal Agricultural Winter Fair de Toronto en raflant le titre de champion suprême de la compétition de race Clydesdale avec son étalon Freedom Lochi Final Touch lors des épreuves de conformation.

La ferme princevilloise a également écrit l’histoire alors que c’était la première fois dans les 100 ans de cette compétition que les deux grands champions de la race Clydesdale, mâle et femelle, qui s’affrontaient pour le titre de champion suprême, provenaient du même éleveur et qu’ils en étaient toujours sa propriété au moment du concours.

« C’est moi qui les ai mis au monde et qui les ai élevés. De les voir performer de cette façon, ça fait vraiment chaud au cœur », de commenter le propriétaire de la ferme, Philippe Desharnais, qui est aussi l’unique actionnaire de la Boulangerie Lemieux à Princeville.

Ça fait 25 ans que la famille Desharnais élève des chevaux de la race Clydesdale à Saint-Christophe-d’Arthabaska et Princeville. La ferme d’élevage à Princeville, que Philippe a acquise il y a deux ans, compte 30 chevaux.

Celui-ci participe à cinq ou six compétitions par année aux États-Unis, en Ontario et aussi au Québec. « Je suis notamment allé à Shipshewana en Indiana cette année et aussi à Lansing au Michigan. La « Royal » à Toronto est un peu comme la finale annuelle et sert de conclusion à notre année de compétitions. J’y participe depuis 1999. Il s’agit de ma meilleure performance à vie et je suis heureux qu’elle se soit produite à l’occasion du 100e anniversaire », explique-t-il tout en précisant que ce n’est pas facile pour les Québécois de percer à cet événement.

Un nom à retenir : Freedom Lochi Final Touch

« Je savais que mes chances étaient bonnes cette année à Toronto puisque j’avais de très bons prospects. Cinq de mes huit sujets ont d’ailleurs décroché des premières positions dans leur classe respective », de poursuivre Philippe.

C’est avec son étalon de 3 ans, Freedom Lochi Final Touch, que Philippe a raflé tous les honneurs de la classe Clydesdale, d’abord en gagnant la catégorie senior (chevaux trois ans et plus) et ensuite la catégorie grand champion qui le mettait en compétition avec les chevaux juniors (deux ans et moins). Il a ensuite été couronné champion suprême pour sa victoire sur la grande championne, Freedom Majestic Blooming Charm.

Cette pouliche de 1 an, qui lui appartenait aussi, avait connu un parcours tout aussi magnifique pour se rendre jusqu’à cette grande finale pour le titre de champion suprême. Freedom Majestic Blooming Charm avait d’abord été sacrée championne junior (2 ans et moins) pour devenir grande championne de sa catégorie en ayant le meilleur sur la tenante du titre senior (trois ans et plus).

« Le plus hot, c’est que la pouliche, qui a remporté le titre de grande championne, était la dernière que m’a donné mon étalon Majestic décédé il y a deux ans et qui était âgé de 19 ans. Aussi, mon étalon, qui a soutiré le titre de champion suprême, était le dernier mâle de mon autre étalon Lochi décédé il y a quatre ans. C’était la dernière chance que j’avais de sortir de bons sujets de ces deux étalons que j’avais élevés. »

« Je n’avais jamais gagné de titre de champion suprême ni de grande championne en 23 ans de participation à cette compétition et mon dernier et seul titre de grand champion à Toronto remontait à 2010 avec mon étalon Freedom Royal Venture, un frère maternel de Freedom Royal Majestic qui est le père de la grande championne 2022 et le grand-père du grand champion étalon 2022. »

Majestic avait gagné un prix de niveau mondial en 2007 à Madison au Wisconsin alors qu’il avait 5 ans. Ça faisait déjà 15 ans qu’on attendait de vivre un autre moment aussi palpitant », d’expliquer Philippe, moment qui a été célébré en famille puisque sa conjointe, Kathleen, et leurs trois filles, Émy (16 ans), Alyson (15 ans) et Molly (13 ans), étaient présentes à Toronto.

« Au fil des années, nous avons réussi à bâtir un élevage de qualité. Cette reconnaissance nous démontre là où on en est rendu avec nos chevaux », de poursuivre Philippe qui ne pouvait espérer mieux comme résultats à la Royal Agricultural Winter Fair.

Plus qu’un concours de beauté

Les épreuves en conformation peuvent sembler, au premier coup d’œil, n’être qu’un concours de beauté, mais il n’en est rien. L’éleveur doit faire un choix judicieux et extrêmement rigoureux du cheval qu’il présente, et rechercher d’abord et avant tout une conformation équilibrée. Ces épreuves permettent d’apprécier la structure, la musculature, l’équilibre et le mouvement selon les spécificités de la race du cheval présenté. Ce dernier est présenté avec un licou et une laisse.

Les principales structures qui sont évaluées sont les pieds, les aplombs, le poitrail, la poitrine, la tête, le dos et les reins. Il est également important de tenir compte de la musculature, de l’équilibre de l’ensemble, du tempérament (docilité), de la qualité des allures et de son talent naturel.

Après le show, Philippe affirme qu’il aurait pu vendre quatre de ses chevaux de compétition. « Je ne l’ai pas fait, car je veux profiter de cette fenêtre pour espérer gagner quelques concours de plus. C’est tellement difficile d’arriver avec une génétique d’un niveau pareil sans oublier que la compétition est très forte et que chaque éleveur veut devenir le meilleur. Ce que nous récoltons aujourd’hui, ce sont les efforts des 25 dernières années », mentionne-t-il tout en rappelant que le plus difficile est de demeurer au top.

Ce n’est évidemment pas pour l’argent qu’il compétitionne. Il souligne qu’il lui en a coûté entre 5000 $ et 6000 $ pour se présenter à Toronto pour ne repartir qu’avec des bourses totalisant 1500 $. La réputation est beaucoup plus importante pour l’éleveur.

Pour ce qui est des autres chevaux qui ont performé, on retrouve Freedom Believin Magic Touch (poulain junior de l’année), Freedom Believin Magic Lady (pouliche junior de l’année) et Freedom Believin Foolish Game (poulain de 1 an).

Une passion

Philippe dit avoir développé sa passion pour les chevaux grâce à son père qui avait acheté son premier cheval en 1996. « C’est de là que tout est parti. J’avais 17 ans à cette époque. Au fil des ans, je suis devenu forgeron par la force des choses puisqu’il n’y avait personne dans la région capable de tailler les pieds de cette race de chevaux. La passion est devenue grandissante et elle se poursuit encore avec ma propre écurie qui permet à mes chevaux d’évoluer aujourd’hui dans un environnement différent avec de plus grands espaces pour faire de l’exercice. Nous portons également une attention minutieuse à leur alimentation, tous des éléments qui contribuent à leur bien-être », de conclure Philippe qui flotte encore sur le nuage des derniers titres de son écurie.