Cégep : les centres de recherche ont le vent dans les voiles

Les projets ne manquent pas, c’est le moins qu’on puisse dire, pour les centres de transfert technologique du Cégep de Victoriaville. Des intervenants du CETAB +, du CISA et d’Inovem ont présenté quelques-uns de leurs projets en cours aux membres du conseil d’administration du Cégep, réunis pour leur séance de septembre.

Jean Duval, le directeur du Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB+), a été le premier à s’exprimer, rappelant d’abord l’importante subvention de près de 840 000 $ obtenue du ministère de l’Enseignement supérieur, tout juste avant le début de la pandémie. Montant qui a permis le développement de 25 projets. « Des projets, je ne dirais par marginaux, mais plus osés et qui seraient difficiles à financer par les programmes habituels », a-t-il souligné. 

Certains des projets se réalisent au sein d’entreprises agricoles et d’autres adoptent le modèle « mère-fille ». « On effectue des essais complexes à l’INAB (Institut national d’agriculture biologique) pour ensuite faire des essais simplifiés sur les fermes de nos partenaires. On utilise cette formule de plus en plus depuis quatre ans. Elle permet d’assurer un dialogue entre les producteurs et les chercheurs. Ainsi, beaucoup d’informations circulent dans les deux sens, ce qui fait que ça progresse très vite », a fait remarquer Jean Duval.

Le directeur du CETAB + a fait mention d’un projet avec des tournesols oléiques afin de produire de l’huile.

Mais aussi ce projet de système de production maraichère sans travail de sol. « Ce n’est pas évident. Les maraichers, généralement, travaillent beaucoup le sol pour contrôler les mauvaises herbes. Mais ils sont nombreux à souhaiter qu’on développe un système permettant de moins travailler le sol. Voilà tout un défi », a confié M. Duval.

Au CISA pendant ce temps…

Le Centre d’innovation en agriculture (CISA) n’est pas en reste lui non plus, pilotant actuellement quelque 25 projets, notamment ce projet visant à accroître l’approvisionnement de produits alimentaires québécois dans les institutions publiques et privées de la MRC d’Arthabaska.

« C’est un projet échelonné sur trois ans jusqu’en mars 2024 pour lequel on a obtenu une contribution de quelque 275 000 $ du ministère de l’Agriculture. Il vise l’accompagnement de quatre institutions dans l’élaboration de sites d’approvisionnement de produits locaux et régions », a fait savoir le directeur Simon Dugré.

Le Cégep de Victoriaville, le Collège Clarétain, la Villa Saint-Georges et le Centre de la petite enfance (CPE) La petite école sont les quatre institutions. « Ces établissements seront appuyés pour élaborer les mécanismes d’approvisionnement, les valider et les bonifier. En fin de compte, ce que demande le ministère, c’est de formaliser publiquement l’engagement de ces institutions envers les sites d’approvisionnement alimentaire locaux, régionaux et québécois », a indiqué M. Dugré. 

« Le projet va au-delà des produits québécois. On veut que ce soit le plus local et régional possible. Ainsi, on va même un peu plus loin pour diminuer le transport le plus possible », a ajouté le directeur général du Cégep, Denis Deschamps.

Des distributeurs de la région se greffent au projet comme partenaires, tout comme certaines organisations, la MRC d’Arthabaska, la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR), la table sectorielle régionale en saines habitudes de vie et l’Institut du tourisme et de l’hôtellerie du Québec (ITHQ).

« C’est nouveau ce partenariat avec l’ITHQ pour le CISA. Ça vient nous appuyer pour trouver des façons de travailler avec les parties prenantes pour mener à une stratégie structurante pour un système alimentaire durable », a fait valoir le directeur du CISA.

Par ailleurs, le CISA mène un projet visant l’insertion socioprofessionnelle de jeunes adultes vivant avec le trouble du spectre de l’autisme. « Dans le contexte actuel du manque de main-d’œuvre, ces personnes pourraient profiter du secteur agroalimentaire pour se réaliser et bâtir un projet de vie », a exposé Simon Dugré.

Avec les partenaires Gestion B, les miels d’Anthonin, les Serres Lambert et L’Ami-Temps des Bois-Francs, le CISA travaillera à identifier les meilleures conditions d’insertion sociale avec les entreprises. L’initiative est aussi soutenue par l’organisme Autisme Centre-du-Québec, les écoles La Myriade, Le tandem et Monseigneur-Côté, ainsi que le Centre de services scolaire des Bois-Francs et le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ). « Nous validerons et bonifierons chacun des scénarios qui auront été mis de l’avant en plus d’élaborer des outils de transferts pour que d’autres régions intéressées puissent profiter de ces stratégies d’insertion socioprofessionnelle », a expliqué le directeur du CISA, tout en ajoutant que son équipe planche aussi à fond pour présenter cinq nouveaux projets en vue d’obtenir le financement nécessaire. « Les partenaires et les problématiques sont au rendez-vous. Ça augure bien pour cette année », a terminé Simon Dugré.

Du côté d’Inovem

Chez Inovem, le centre d’innovation en ébénisterie et meuble, l’équipe a travaillé à développer de nouvelles façons d’utiliser le robot collaboratif (cobot). « Le cobot pouvait être utlisé pour la finition à plat, mais il devenait extrêmement difficile à paramétrer en présence de formes complexes. Il nous a fallu développer notre propre expertise pour pouvoir desservir notre client », a confié le directeur Bernard Lefrançois.

Le robot vient accomplir des tâches routinières qui deviennent exigeantes pour le corps humain. « On ne remplace pas l’humain, a spécifié le directeur. On réalise des modèles hybrides où l’humain a une part à jouer, mais beaucoup moins éprouvante  pour le corps. » 

Par ailleurs, pour des clients désireux d’accélérer la formation alors que le roulement de personnel se fait rapidement, Inovem a développé une application, un simulateur pour former les peintres. « L’environnement virtuel a été développé par un étudiant en informatique. Il a élaboré l’environnement pour montrer ce qu’un peintre vit quand il peint dans une cabine de finition », a fait savoir Bernard Lefrançois ajoutant « qu’on est en train de nourrir la bête pour la rendre encore plus réaliste et être en mesure de former des peintres avec cette application ».

En poste depuis environ un an, le directeur d’Inovem trouve simulant, a-t-il noté, de travailler avec « une équipe extraordinaire, des gens vraiment dévoués et passionnés ». « On a beaucoup de pain sur la planche. De belles choses nous attendent, j’en suis convaincu », a-t-il conclu.

Les trois présentations ont ravi les membres du conseil d’administration, à commencer par le vice-président Jean Bolduc. « C’est tellement intéressant ce que vous faites! Je me demande comment on peut promouvoir vos projets, les rendre encore plus vivants, plus concrets pour monsieur et madame Tout-le-Monde. Même pour la communauté du Cégep, jusqu’où est-elle au fait de toutes vos réalisations? C’est tellement intéressant que ça mérite d’aller plus loin, a-t-il exprimé. C’est une belle visibilité pour le Cégep et les centres en plus d’être motivant pour les gens appelés à travailler et à pousser ces projets. » 

« Moi-même à chaque présentation, j’en découvre sur ce qu’ils font, a renchéri le directeur général Denis Deschamps.         Et la grande fierté qu’on peut en retirer, c’est que ces projets de recherche et de développement, sont des trucs de haut niveau. Ce n’est pas rien. Et nos centres ont des missions nationales étant les seuls à faire ce qu’ils font au Québec, et même au pays. Il se fait des choses extraordinaires à Victoriaville par des gens qui font preuve d’une imagination débordante et d’une créativité folle. »

Tout cela démontre bien, selon lui, que le Cégep, au-delà de la formation de qualité dispensée, est également des centres de recherche et des services-conseils qui se donnent. « Le Cégep rayonne ainsi bien au-delà des frontières de la MRC d’Arthabaska. C’est, je pense, ce qu’il faut mettre de l’avant et concrétiser. On a ce défi de démontrer que Victoriaville est aussi une ville du savoir », a exprimé le directeur général.