Cancer de la prostate : François Tardif sensibilise à la prévention et la recherche

François Tardif, entraîneur de soccer bien connu dans la région, fait face au cancer de la prostate depuis 2020. Aujourd’hui, il se prépare à subir un protocole de recherche afin de prolonger son espérance de vie, mais insiste aussi sur l’importance du dépistage de ce cancer sournois de même que de la recherche.

Lorsqu’on voit l’homme de 65 ans, rien ne laisse paraître qu’il est aux prises avec cette maladie. Malgré des métastases osseuses, il garde la forme, se nourrit bien, mais est conscient de l’importance de sensibiliser à cette maladie que certains considèrent comme un cancer sans grandes conséquences.

M. Tardif devient émotif lorsqu’il entend des choses comme : « si j’avais à choisir mon cancer, je prendrais celui de la prostate ». « Personne ne veut avoir le mot cancer dans son vocabulaire », résume-t-il. Et même si plusieurs hommes se sortent de ce cancer sans trop de conséquences, entre 5 et 7% des cas, comme le sien d’ailleurs, sont plus compliqués. « Et il n’en demeure pas moins que 2 hommes sur 5 auront un diagnostic », ajoute-t-il.

C’est d’ailleurs pour sensibiliser à ce fait, entre autres, qu’il a accepté d’être le porte-parole du Défi moustache pour mon CH de la Fondation RSTR et plus précisément de son fonds Gilles-Rousseau, destiné particulièrement aux cancers masculins. Le Défi moustache se tient en novembre, mois de la sensibilisation au cancer de la prostate.

Parce que bien qu’il s’agisse d’un organisme trifluvien, il est important pour la région des Bois-Francs puisque la majorité des cas « plus compliqués » sont traités au service d’urologie du Centre hospitalier affilié universitaire régional (CHAUR) du CIUSSS MCQ à Trois-Rivières. 

Un cancer peut être commun (toucher un grand nombre de personnes), mais jamais banal pour ceux qui en souffrent et encore moins pour les hommes comme François Tardif qui doivent vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. « Pour moi, la recherche c’est l’espoir », dit-il avec fermeté. 

Déjà, en deux ans, la recherche a fait des avancées ce qui fait en sorte qu’il peut espérer continuer son combat, lui à qui on avait donné deux ou trois ans d’espérance de vie en 2020. 

Il veut également encourager les hommes à demander à leur médecin un toucher rectal ainsi qu’une prise de sang afin de détecter le cancer de la prostate le plus tôt possible et ainsi pouvoir obtenir les traitements nécessaires aussitôt que possible et éviter que la maladie ne progresse. 

Il a déjà subi différents traitements en plus de la chimiothérapie, dont des injections et une médication quotidienne, qu’il a dû cesser parce qu’elle ne fonctionnait plus. « Je m’en vais donc vers un protocole de recherche, le PR 21 », explique-t-il. Il s’agit pour lui de recevoir six injections de Lutécium, chaque six semaines, donc un traitement qui s’étale sur 36 semaines. Le Lutécium est un  produit radioactif, comme il l’explique, qui lui demandera, après l’avoir reçu, de s’isoler 48 heures afin de ne pas contaminer les autres. Il est bien heureux d’avoir été choisi pour ce traitement expérimental même s’il est un peu inquiet des effets secondaires. « Et si jamais ça ne fonctionne pas sur moi, je pourrai revenir à la chimiothérapie ou à une autre thérapie », ajoute-t-il.

Malgré tout cela, il continue quand même d’être un entraîneur sportif dévoué. C’est dans sa nature. Mais à son combat et ses tâches s’est ajoutée cette envie de sensibiliser tous les hommes à l’importance, mais également au besoin de financement pour la recherche. « C’est un cancer insidieux, il ne faut pas l’oublier », insiste-t-il. En effet, on peut en être atteint sans avoir de grands symptômes et lorsque ça devient le cas, il peut être trop tard. « Et malheureusement, il faut parfois insister pour se faire dépister parce que ce ne sont pas tous les médecins qui veulent faire le toucher rectal ou la prise de sang », fait-il remarquer en insistant sur le fait que la plupart des cancers de la prostate sont curatifs.

M. Tardif a déjà participé à une conférence de presse du côté de Trois-Rivières il y a quelques jours pour annoncer la campagne de financement, mais tenait à en parler directement aux gens de chez lui, à Victoriaville. Bien conscient qu’il est, comme on dit dans le sport, en période de prolongation, il a bien l’intention de tout faire en sorte pour que le cancer gagne la partie, le plus tard possible. « Certains voient la lumière au bout du tunnel. Moi je suis dans la lumière avant de prendre le tunnel », dit-il avec philosophie.