«Ça ne va pas si bien que ça dans le réseau…»

Des intervenants n’allaient pas manquer la tribune qui s’offrait, profitant, mardi soir à Victoriaville, de la séance publique d’information du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec pour passer quelques messages.

C’est le cas pour Pierre Hébert, propriétaire du ressource de type familiale et président du Regroupement des ressources résidentielles Mauricie-Centre-du-Québec (RRRMCQ) associé au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

«Vous faites état de résultats très positifs, mais dans les faits, ça ne va pas si bien que ça dans le réseau de la santé. Vous indiquez un surplus budgétaire, mais pour nous, les économies réalisées représentent une diminution de service quelque part. Cela signifie concrètement que quelqu’un dans le système n’a pas reçu les services auxquels il devait s’attendre», a-t-il exprimé.

Pierre Hébert a déploré une année record avec, a-t-il précisé, la fermeture de plus de 28 ressources de type familial. «Et l’année n’est pas encore terminée. Avec six résidents en moyenne par résidence, cela fait beaucoup de personnes à déménager avec les soins dont elles ont besoin», a-t-il fait remarquer.

Le président-directeur général du CIUSSS MCQ, Martin Beaumont, a reconnu le nombre important de fermetures. «Mais on a fait ce qu’on devait faire. Pour nous, la qualité et la sécurité, c’est non-négociable», a-t-il noté, expliquant la responsabilité de son organisation de s’assurer de la certification, de la conformité et du maintien des services de qualité et sécuritaires.

Le PDG a admis cependant que les ressources n’ont probablement pas toujours été bien soutenues. «Peut-on faire mieux? Absolument, a-t-il dit. Il faut continuer à bien supporter les ressources et développer encore plus d’éducation.»

Pierre Hébert, par ailleurs, a prévu les autorités de l’alourdissement de la clientèle. «Le réseau va très mal. Vous aurez de la misère à recruter. Les gens se parlent», a-t-il souligné.

M. Hébert, enfin, avait déploré, au début de son intervention, que le PDG Martin Beaumont n’ait pas acquiescé à se demande de le rencontrer.

M. Beaumont a expliqué qu’il avait plutôt dépêché la personne tout indiquée bien au fait du dossier.

Or, à la suite de la rencontre, mardi, le PDG Martin Beaumont a fait preuve d’ouverture, selon Pierre Hébert, à une nouvelle demande. «Il s’est engagé à la mise en place d’une rencontre pouvant être récurrente annuellement et à laquelle il participerait avec ses adjointes et différents directeurs. Nous saluons cette belle ouverture et son engagement à la tenue de telles rencontres», a exprimé M. Hébert indiquant que la première rencontre pourrait avoir lieu d’ici la fin de l’année.

«Je trouve ça scandaleux»

La directrice du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) Unies-vers-Elles de Victoriaville, Lise Setlakwe, a aussi interpellé la direction du CIUSSS MCQ, déplorant un financement inadéquat tout en signalant que le centre victoriavillois figure parmi les cinq CALACS les moins financés au Québec.

«Nous avons apprécié votre visite chez nous, a-t-elle dit à Martin Beaumont. On croyait qu’on allait respirer. Les valeurs que vous énoncez sont extraordinaires. Mais ce n’est pas ce que je vis dans ma ressource.»

Lise Setlakwe a rappelé que d’importantes sommes d’argent ont été annoncées pour les agressions sexuelles. «Mais on ne sait pas où vont ces argents», a-t-elle exprimé, précisant que le CALACS de Victo fait face à de grands besoins. «En six mois, on a déjà plus de la moitié des demandes de l’an dernier. Nous avons reçu 44 nouvelles demandes, a-t-elle indiqué.

À ce chapitre, la directrice du CALACS s’est dite renversée  par une lettre reçue du CIUSSS. «On a écrit que les personnes qu’on ne pouvait aider n’avaient qu’à composer le service 8-1-1. Je trouve ça scandaleux», s’est-elle indignée.

À cela, Martin Beaumont a rappelé que le service 8-1-1 est en lien avec des équipes prêtes à intervenir pour des problématiques psychosociales, qu’il s’agit d’une sorte de zone tampon permettant d’éviter qu’une personne tombe «entre deux craques» et se retrouve sans service.

Lise Setlakwe dit chercher des réponses. «Que dois-je faire? Ce ne sont certainement pas les femmes victimes d’agression sexuelle qui vont quêter de l’argent dans les rues. Que suis-je censée faire pour voir des changements s’opérer. Je cherche les réponses pour un organisme comme le nôtre», a-t-elle questionné.

Le président du conseil d’administration du CIUSSS MCQ, Richard Desrochers, a qualifié de réaliste et d’honnête le plaidoyer de Lise Setlakwe au sujet du financement des organismes communautaires.

Financement qui, a-t-il noté, se heurte aux limites budgétaires et aux besoins importants de la population.

«On essaie d’aider autant qu’on peut», a renchéri Martin Beaumont, tout en rappelant son aide de plus de 5000 $ pour une activité particulière. «J’ai tenté de vous aider un peu en reconnaissance du bon travail que vous faites. Vous avez de bons résultats. Vous livrez la marchandise. On ne peut se passer de vous, a-t-il exprimé. Nous allons continuer à vous aider, mais on gère l’argent qu’on a.»

La séance d’information a pris fin sur les mots de Richard Desrochers, remerciant les gens pour leurs interventions. «Merci de nous avoir interpellés. Cela nous amène à réfléchir sur les façons d’offrir de meilleurs services à la population. Vous savez, ce sont des humains qui aident des humains. Chaque matin, ces gens se lèvent pour aider, accompagner et soigner d’autres personnes», a-t-il conclu.