Approvisionnement alimentaire : le CISA convie les acteurs à un sommet

Le Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA) du Cégep de Victoriaville organise un sommet sur l’approvisionnement institutionnel en aliments locaux dans la MRC d’Arthabaska, le vendredi 3 juin, au Pavillon Arthabaska.

Cet événement s’inscrit dans le projet coordonné par le CISA afin d’accroître l’approvisionnement en aliments locaux et québécois dans les institutions publiques et privées de la MRC d’Arthabaska. D’ailleurs, les institutions n’y échapperont pas. La Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois prévoit qu’en 2023, 85% des institutions publiques du Québec devront s’être dotées de cibles d’approvisionnement en produits québécois.

Les établissements de santé, comme les CHSLD et les hôpitaux, les établissements scolaires, les CPE, certains milieux de travail et résidences pour aînés font partie de ces institutions visées. « Ce sont ces gens-là qu’on veut rejoindre avec le sommet, car les changements vont venir d’eux. Ce sont des acteurs centraux qui vont pouvoir amener un vent de changement pour se tourner vers davantage d’approvisionnement local », précise Aude Fournier, enseignante-chercheuse au CISA.

Tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement sont visés. « On tend la main aux distributeurs comme l’entreprise Famille Lampron, impliquée dans le projet, Alimentation du Lac et autres, les traiteurs, de même que tous les transformateurs. Sans compter les producteurs agricoles qui, jusqu’à maintenant, démontrent un bel intérêt pour le sommet et qui souhaitent vraiment comprendre la dynamique de la chaîne d’approvisionnement afin de pouvoir mieux percer ce marché », souligne Mme Fournier.

« L’idée, c’est de mailler tous ces gens-là pour qu’ils trouvent, qu’ils élaborent les meilleures stratégies pour répondre aux enjeux actuels », signale Marie Pier Genois-Gélinas, conseillère en communication au Cégep de Victoriaville. Les organisateurs s’attendent à la participation d’une centaine de personnes. Au-delà du nombre, c’est la diversité que l’on vise puisque ce sont les participants qui nourriront la réflexion.

Le sommet

Le sommet du 3 juin, qui se déroulera de 8 h 30 à 16 h, a pour but premier de démystifier la Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois. « C’est arrivé rapidement et les gens disposent de peu de temps pour changer leurs pratiques, fait remarquer Aude Fournier. L’Institut national du tourisme et de l’hôtellerie du Québec participe au sommet. Il est mandaté par le MAPAQ pour faire connaître, diffuser et faire rayonner la Stratégie. Les représentants vont vraiment démystifier la stratégie pour que les gens la comprennent bien. Ils seront présents avec un kiosque pour répondre aux questions. »

Les participants auront également droit à des conférences destinées à mieux comprendre la chaîne d’approvisionnement institutionnel. « C’est une thématique nouvelle dans la région, il n’y a jamais eu d’événement sur le sujet. C’est aussi complexe la chaîne logistique, il y a tout un vocabulaire à comprendre et à s’approprier, observe Aude Fournier. On veut que les gens connaissent bien la chaîne d’approvisionnement et comprennent bien le rôle des différents acteurs, de même que les conditions gagnantes pour accéder à ce marché. »

Au sommet, par ailleurs, on consacrera une partie de l’après-midi à poser les bases d’une stratégie territoriale pour accroître l’approvisionnement institutionnel.

« Présentement, les initiatives sont très individuelles, par exemple une école primaire qui décide de s’approvisionner localement, note l’enseignante-chercheuse. Mais ce qu’on veut dans la région, c’est de dépasser ces initiatives individuelles et lever des freins de façon plus collective pour que tout le monde, finalement, bénéficie des avancées qui seront faites dans la région. »

Le CISA profitera du sommet pour dresser un portrait du territoire, présenter l’équipe de recherche en plus d’animer un atelier sur les enjeux prioritaires comprenant la présentation de modèles innovants. Des institutions, dont l’école secondaire L’Escale de Val-des-Sources, viendront témoigner de leur virage amorcé depuis déjà quelques années.

Une suite

Le sommet de juin donnera lieu ultérieurement à un autre événement. « Nous allons poursuivre la réflexion et y lancer notre stratégie, mentionne Aude Fournier. Présentement, on est plus à l’étape du diagnostic, du portrait et de la compréhension des enjeux. La prochaine fois, nous serons davantage dans l’action. Nous saurons plus où on s’en va localement et régionalement. Ce sera plus défini. »

À l’heure actuelle, on ne connaît pas encore le pourcentage de produits locaux qu’on retrouve dans les assiettes de nos institutions. « On est en train de faire le portrait, mentionne la chercheuse du CISA. Notre projet de recherche comporte deux volets : un volet avec quatre chantiers institutionnels où on accompagne des institutions pour la fixation de cibles et la réalisation de leurs portraits. Puis, il y aura une phase test qui se déploiera ensuite. Pour le moment, on en est à l’étape du diagnostic. D’ici le sommet, on aura un premier estimé concernant la part d’aliments québécois servis. »

Notons que dans la stratégie du gouvernement, il est question d’aliments québécois et non d’aliments locaux. Mais la région, ici, entend bien aller plus loin. 

« Ce que les acteurs du terrain nous disent jusqu’ici dans les entrevues, c’est que ce n’est pas suffisant, on veut faire un pas de plus, observe-t-elle. Les gens qu’on accompagne en ce moment souhaitent qu’on priorise le local. Et si on ne trouve pas localement, alors on élargit pour viser des aliments du Québec. Sinon, on s’approvisionne ailleurs. »