Alliance PLC-NDP : antidémocratique et aberrant, clame Alain Rayes

Comme tout le monde, dit-il, le député conservateur de Richmond-Arthabaska, Alain Rayes, a été surpris par cette annonce de l’alliance entre le Parti libéral du Canada de Justin Trudeau et le Nouveau Parti démocratique de Jagmeet Singh. « Personne ne l’a vu venir, ça n’avait coulé nulle part. Et c’est d’autant plus préoccupant justement parce que ça s’est fait en cachette sans que la population soit interpellée », expose-t-il.

Alain Rayes rappelle que la population s’est prononcée lors de l’élection tenue il y a moins d’un an. « Les résultats témoignent de ce que les gens, partout au pays, souhaitaient à la Chambre des communes. De voir le premier ministre Justin Trudeau, pour qui ça ne va pas bien, s’allier à un chef Jagmeet Singh qui n’a aucune chance d’être élu pour garder leur emploi et gouverner de façon majoritaire, honnêtement, c’est vraiment antidémocratique », estime l’élu de Richmond-Arthabaska.

Il rappelle qu’au cours de la dernière campagne électorale, tant Jagmeet Singh que Justin Trudeau ont rejeté l’idée d’une coalition ensemble. « Ce qui se passe n’est pas illégal, mais immoral, précise-t-il. Que le gouvernement fasse des alliances dans une position minoritaire avec des partis d’opposition, personne n’est contre l’idée. On en a vu des ententes avec le Parti conservateur, avec le Bloc québécois et le NPD dans certains dossiers, notamment avec la pandémie. Quand ça a été le temps de mettre en place des mesures d’urgence, tout le monde a travaillé dans le même sens, dans l’intérêt de la population. Tous y trouvaient un intérêt », explique le député Rayes.

Or, dans le présent cas, ajoute-t-il, le gouvernement conclut une alliance jusqu’en 2025 sans même connaître ce qui se passera dans le futur. « Il n’a pas été élu pour ça. Cela est illogique et incompréhensible, exprime-t-il. L’élection d’un gouvernement minoritaire commande de travailler en collaboration. Pourtant, le gouvernement s’associe plutôt avec un parti de quatrième position pour créer un gouvernement majoritaire pour les trois prochaines années. »

Chose certaine, dans l’esprit d’Alain Rayes, cette entente risque de coûter très cher. « Les néo-démocrates ont donné l’assurance au gouvernement jusqu’en 2025 avec un chèque en blanc en échange d’enjeux qu’ils veulent mettre de l’avant et qui vont coûter au bas mot plus de 214 milliards de dollars. Ils ont donné leur appui sans que la population ne puisse s’exprimer. C’est rien pour diminuer le cynisme envers les politiciens », déplore le député Rayes, tout en soulignant que la récente élection ayant mené à un gouvernement minoritaire a coûté plus de 600 M $. « On devait travailler ensemble. Avec l’alliance, on se retrouve plutôt avec un parti ayant terminé au quatrième rang et qui récolte plus de pouvoir que le parti ayant recueilli le plus grand nombre de votes au pays, le Parti conservateur. Les libéraux, qui ont fini deuxièmes, s’allient aux quatrièmes pour faire adopter des projets, sans que la population n’ait donné son accord, en cachette. C’est ce qui est aberrant », se désole Alain Rayes.

Dans un gouvernement minoritaire, fait-il valoir, la population s’attend à ce que le gouvernement négocie avec les différents partis d’opposition en fonction des projets. « C’est tout à fait logique. Mais que le gouvernement prenne une entente, à côté, sans avoir parlé aux autres partis sur tous les projets sur lesquels ils s’enlignent à coups de milliards, ça ne passe pas, souligne-t-il. On le voit d’ailleurs avec les réactions sur les réseaux sociaux, avec les analystes politiques. C’est du jamais vu en politique. »

À la question à savoir si l’alliance pouvait être rompue, le député conservateur répond que tout est possible. « Plus rien n’est surprenant avec Justin Trudeau et avec Jagmeet Singh qui parle d’un côté et qui fait d’autres choses de l’autre. »

Le caractère secret horripile l’élu. « Ça a été fait en cachette à l’insu de la population, des médias et du Parlement canadien. Nous sommes dans une démocratie », plaide Alain Rayes.

Mais si le gouvernement a changé les résultats de l’élection, analyse Alain Rayes, c’est pour servir son intérêt. « Il se rend compte qu’il est impopulaire, qu’il n’arrive pas à gérer des situations comme celles des camionneurs à Ottawa, de l’invasion en Ukraine et de l’inflation », constate-t-il.

Interrogé à savoir si cette alliance, en plus d’éviter une élection et des coûts onéreux pour les trois prochaines années, n’allait pas procurer assez de temps au futur chef conservateur pour se faire connaître partout, Alain Rayes a rétorqué qu’il ne pouvait considérer la chose sous cet angle. « Ce serait comme dire je joue avec la démocratie dans mon intérêt personnel », répond-il.

Le député de Richmond-Arthabaska assure que la dénonciation de l’alliance ne s’estompera pas de sitôt, tellement la situation lui apparaît quasi surréaliste. « Comment peut-on entendre à la Chambre des communes une question « plantée » par Jagmeet Singh au gouvernement libéral sur un enjeu alors  que les deux partis ont une entente de cohabitation pour travailler ensemble sur des projets?, se questionne-t-il. Comment Jagmeet Singh peut, d’un côté, critiquer le gouvernement et dire, de l’autre, je vote avec vous jusqu’à la fin du mandat en 2025? »

Cette situation, note enfin Alain Rayes, suscite de nombreux questionnements, d’où la demande du Parti conservateur au président de la Chambre de s’y pencher pour apporter des clarifications concernant les règles de fonctionnement en regard notamment du dépôt des projets de loi, des motions et des votes. « Quand le NPD dépose un projet de loi ou une motion, est-ce comme si le gouvernement le faisait? On ne sait plus sur quel pied danser, sur la façon de se comporter vis-à-vis du NPD et des libéraux », conclut M. Rayes.