Alexandre Guilmette crée B Transition… pour changer le monde

À Victoriaville, Alexandre Guilmette est surtout connu pour avoir «semé» les graines du mouvement des Incroyables comestibles, lequel gagne du terrain chaque année invitant à cultiver et à partager la nourriture. Cet engagement n’est qu’une des manifestations de la grande ambition de ce père de trois enfants, une sorte de génie du Web, à l’esprit effervescent de jour comme de nuit, au grand dam de sa conjointe. Sa grande ambition? Changer le monde! «Mais on ne peut le faire tout seul», admet-il.

L’entrevue se déroule le bureau situé à sa résidence qu’il a autoconstruite, répondant à toutes les exigences du programme Victoriaville Habitation durable, qu’il a d’ailleurs contribué à «bâtir».

S’étant toujours perçu comme un «intrepreneur» (qui travaille comme un entrepreneur, même s’il est employé), l’homme de 36 ans ose assumer sa fibre entrepreneuriale.

Il vient de créer sa propre entreprise, B Transition (le B est en vert dans le logo), dont la mission vise à «sensibiliser, mobiliser et accompagner des projets misant sur l’intelligence collective (…) afin de bâtir les collectivités viables de demain».

Le B du nom de son entreprise s’inspire du Be the Change de Gandhi. Mais aussi du Bit Corp, du Bitcoin, du Blockchain. Il explique qu’il faut, de toute urgence, passer de A à B, la société Actuelle courant à sa perte, aux plans de l’économie, de la santé, de l’habitation, de l’agriculture, voire de la politique. Il est aussi loquace à parler de l’un comme de l’autre, à l’affût de nouveaux modèles, évoquant par exemple celui de la démocratie liquide lequel, selon lui, inciterait beaucoup plus d’électeurs à voter.

D’«incroyables» services et produits

La nouvelle entreprise qu’il a fondée offre déjà certains produits et services comme de l’accompagnement pour aménager un Incroyable écozone, le premier ayant «poussé» chez Gaudreau Environnement. Comme l’Incroyable Mobilier urbain (dont les bacs de jardinage) que fabrique l’entreprise d’insertion PRISE en recyclant des palettes de bois. Comme les Incroyables plates-bandes et terrasses (pour les restos). Ces «incroyables» innovations ont tous l’humain dans leur mire.

B Transition veut pousser plus loin avec ses «Incroyables récompenses» pour les projets d’habitations durables et d’aménagement abordables. En ce domaine, Alexandre Guilmette souhaite que les habitations durables ne coûtent pas plus cher que d’autres plus traditionnelles. Les Incroyables récompenses offrent des remboursements variant entre 12% et 30%, 12% par exemple pour, entre autres, un cours en design de bâtiment écologique, 30% pour l’achat de plans de maison en 2D ou en 3D.

Le Victoriavillois a même esquissé les contours de l’«Incroyable Écoquartier», un quartier zéro déchet, souligne-t-il. Il explique qu’en s’associant des partenaires financiers, B Transition pourrait acquérir des terrains, les revendre à des propriétaires qui s’engagent à y construire des habitations répondant aux plus hautes normes (Habitation durable là où la municipalité l’a adopté) et à la certification LEED. Ils pourraient se voir rembourser un fort pourcentage de la commission de B Transition, explique-t-il.

«Je ne travaille pas, j’œuvre»

Il a ses convictions sur l’économie, le capital, l’entrepreneuriat. «Je ne travaille pas, j’œuvre», dit-il, se présentant comme un adepte de la simplicité volontaire, souhaitant être un entrepreneur «humain», pour qui l’appât du gain ne constitue pas un objectif. «Je voudrais faire de B Transition un modèle de référence où la transparence, l’intégrité et le bien commun lui donnent du sens.» Le modèle Apple (tiens un A!) ne représente en rien l’entreprise de demain, selon lui.

L’âge n’a aucune importance pour lui et le mot retraite ne figure pas dans son dictionnaire. «Je suis un workaholic, convient-il, je le suis par passion.»

La création de son entreprise s’enracine dans dix ans de recherches, dans l’expertise qu’il a développée avec des projets de développement auxquels il a participé. Il dit avoir travaillé à une application de transport collectif de type Uber avant qu’elle ne se déploie. «C’était mon projet de fin d’études», raconte celui qui est sorti en 2008 de l’Université du Québec à Montréal en informatique et génie logiciel.

Il a aussi participé au développement du logiciel de simulateur de soudure virtuel 3D qui s’est vendu chez plusieurs clients à l’échelle de la planète lorsqu’il travaillait pour 123 Certification Inc. à Montréal.

S’il souhaite que Victoriaville devienne une «incroyable vitrine» pour le Québec, il vise plus loin avec tous ses projets de «croisement entre le social et l’informatique», continuant d’entretenir ses «connexions» à l’étranger.