Alcooliques Anonymes : la pandémie a été dure pour les membres

Depuis deux ans, le quotidien de tout le monde est chamboulé par la pandémie de la COVID-19. Les gens qui combattent une dépendance ne font pas exception et ont dû être forts et vigilants. Ils ont bien hâte à un retour à la normale, comme c’est le cas pour les membres des Alcooliques Anonymes (AA).

Il faut dire que le groupe de rencontre, de discussion et de partage a dû modifier ses activités dans la région. Le responsable du district régional, appelons-le Bertrand (c’est une organisation anonyme), a expliqué que cette période de pandémie avait créé un isolement chez les membres AA, tout comme dans les autres sphères de la société.

« Ils ont besoin les uns des autres », a-t-il lancé d’entrée de jeu. Cet isolement a provoqué, pour plusieurs, des rechutes. Surtout au début de la première vague, où tout a été fermé pendant quelques semaines. Ensuite, l’organisme s’est adapté et est parvenu à maintenir les rencontres AA, un peu partout dans la région, étant considéré comme un service essentiel.

Mais il a fallu modifier les heures des rencontres (à cause du couvre-feu notamment), la grandeur des salles (à cause de la distanciation), réduire les groupes, etc. Des changements qui en ont découragé certains ou ont rendu la fréquentation plus difficile (faute de transport, par exemple). Des personnes plus âgées ont hésité à reprendre les « meetings », étant alors considérées comme vulnérables, surtout avant la venue du vaccin.

Donc, ce sont moins de membres qui sont venus chercher du réconfort et de l’encouragement depuis presque deux ans. « Des gens se sont isolés chez eux et ont broyé du noir, ce qui a pu causer des rechutes », déplore Bertrand. En fait, pour donner quelques chiffres, à certains endroits dans le secteur, où environ une soixantaine de personnes assistaient aux rencontres, le nombre a diminué de moitié. Et actuellement, dans notre région (88) et district (03) qui va de Lyster à Saint-Albert, on dénombre 13 groupes qui tiennent 16 rencontres hebdomadaires, représentant 350 membres. Avant la pandémie, on parlait davantage de 15 groupes pour 19 réunions chaque semaine. « Il y a deux groupes qui ont fermé définitivement », note Bertrand.

Se sont également mises en branle, au début de la pandémie, des rencontres AA en ligne, comme l’ont fait plusieurs organisations afin de garder le contact. « C’est une des choses positives qu’on retire de la pandémie », indique Bertrand. En effet, si les rencontres en « présentiel » sont rapidement revenues pour le regroupement AA, certains ont préféré (et c’est encore le cas), pour différentes raisons, s’en tenir à la version virtuelle qui devrait être maintenue puisqu’elle répond à un besoin. « Et cela même si environ 80% des membres préfèrent  des réunions en personne. Ils ont besoin de ce contact », note Bertrand. Il estime que les jeunes, plus technos, sont intéressés par cette façon virtuelle de faire et pourrait constituer une bonne porte d’entrée vers des rencontres en personne, pour plusieurs. Lui-même, ayant arrêté de consommer depuis une trentaine d’années, ne peut envisager sa vie sans les rencontres hebdomadaires, où il s’est fait de véritables amis.

Il est d’ailleurs bien heureux de voir que les mesures sanitaires s’atténuent de plus en plus, ce qui permettra un certain retour à la normale pour les réunions. Les étreintes du début, le café et le gâteau pourront revenir prendre leur place très bientôt, ajoutant un peu d’humanité dans les réunions de partage. « Mais nous avons été chanceux de pouvoir poursuivre les rencontres », s’empresse-t-il d’ajouter. Avec la fin des mesures sanitaires, il faut espérer que ceux qui ont rechuté reviendront chercher le support dont ils ont besoin auprès de l’organisme et de ceux qui le constituent. 

Et probablement qu’ils seront plus nombreux qu’avant la pandémie à venir chercher de l’aide pour rester sobres. En effet, il semble que depuis deux ans, les appels à l’aide, pour des dépendances, selon Bertrand, ont augmenté. « Il y a des gens qui ont développé des problèmes de consommation avec la pandémie », fait-il remarquer en ajoutant que les listes d’attente pour entrer en thérapie s’allongent dans les lieux dédiés à cet effet, passant parfois d’une trentaine à une centaine de noms. « L’organisme AA sera ainsi de plus en plus important », fait-il valoir rappelant qu’il existe depuis 1935, a des branches partout dans le monde et compte plus de 2,2 millions de membres.

Ainsi, dans la région, le mouvement AA (et ses membres) a vécu deux années difficiles. Mais le pire semble désormais derrière en ce qui concerne la pandémie. Ne restera qu’à convaincre ceux qui ont délaissé l’organisme à y revenir, et à ceux qui ont développé une dépendance à y adhérer.

Le congrès

Une bonne façon de prendre ou de reprendre contact avec les AA est de participer au 38e congrès régional (district 88-03). Ce dernier est de retour cette année et aura lieu le samedi 7 mai à l’Église Baptiste Évangélique, située au 101, rue Saint-Paul à Victoriaville de 9 h à 23 h.

L’événement se veut une occasion d’informer le public, tout simplement, des services offerts par l’organisme. Tous peuvent y venir et poser leurs questions, de même qu’assister à une des nombreuses réunions. Celles-ci se tiennent toute la journée et permettent à des gens de partager leur vécu et leur histoire.

Des représentants des groupes Al-Anon et Al-Ateen seront également sur place pour expliquer leur rôle et les services qu’ils proposent. D’ici là, si vous sentez que vous buvez trop et n’êtes pas capable d’arrêter, il y a une solution. Contactez les AA au 819 758-3959.