Agressions sexuelles : des chiffres effarants dans la région

La hausse de 164% des rencontres individuelles enregistrées au Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) Unies-Vers-Toi de Victoriaville montre que la problématique est bien présente dans les MRC d’Arthabaska, de L’Érable et de Bécancour, le territoire couvert par le centre.

« Le nombre de rencontres est passé de 1079 en 2020-2021 à 1766 en 2021-2022, une augmentation de 164% », a fait savoir la directrice générale du CALACS, Lise Setlakwe.

Cette hausse, elle l’attribue au fait qu’on en parle davantage. « Et les gens viennent chercher de l’aide plus rapidement. Et s’ils le font plus rapidement, ils apprennent à vivre avec et guérissent beaucoup plus vite », a-t-elle observé.

Dans le portrait qu’elle a brossé, mercredi soir, lors d’une rencontre tenue pour souligner l’engagement des partenaires au programme Entreprise et l’attribution du prix Ambassadeur, Lise Setlakwe a révélé des statistiques bien locales émanant des rencontres avec des victimes que l’on appelle aussi des survivantes.

Des chiffres qui ont de quoi donner froid dans le dos. Ainsi, 20% des agressions surviennent à l’intérieur d’une relation de couple. « Même quand tu es marié, quand c’est non, c’est non! », a affirmé la directrice générale.

Par ailleurs, 35% des agresseurs sont un membre de la famille et 20% sont un collègue de travail ou une personne en situation d’autorité. « C’est gros, c’est pesant, c’est présent, on ne peut y faire abstraction. Il faut s’en occuper », a soutenu Lise Setlakwe.

L’équipe du CALACS Unies-Vers-Toi se réjouit d’un fait étonnant. Le centre n’a aucune liste d’attente. « C’est ce dont on est le plus fier au CALACS, c’est inédit dans les organisations communautaires et publiques de n’avoir aucune liste d’attente. C’est parce qu’on a décidé de travailler autrement. On sait comment il est important pour les gens, quand ils appellent, qu’on prenne cela en compte immédiatement », a expliqué la directrice générale.

En exposant les services offerts par le CALACS, Lise Setlakwe a également parlé des interventions de groupe et des activités de sensibilisation.

Et quand l’équipe rencontre des groupes, chaque fois des demandes d’aide sont adressées à l’organisme. Les 92 groupes rencontrés l’an dernier ont mené à 74 demandes.

Chez les jeunes

Lise Setlakwe a révélé des chiffres qui montrent l’existence d’un réel problème. Depuis le mois de septembre, cette année, 25% des élèves de troisième et quatrième secondaire ont reçu des demandes de faveurs sexuelles en échange d’argent, de consommation ou de biens divers.  « Un sur quatre, c’est dégueulasse », s’est-elle exprimée.

Et malheureusement, 12% des jeunes ont accepté d’échanger des faveurs sexuelles, et du nombre, 14% ont accepté plus d’une fois. « C’est énorme, c’est un fléau. Quand on voit ça, ce qu’on veut, c’est répondre présent », a assuré Lise Setlakwe.

Dans le but de rejoindre davantage les jeunes, le CALACS lance un nouveau projet, celui d’une salle multimédia qui devrait être en fonction quelque part en novembre. « De 11 h 30 à 13 h 30, quand les jeunes iront sur notre site, en appuyant sur contactez-nous, ils seront en intervention directe avec nous sur Zoom. Ils pourront nous contacter discrètement et on s’organisera pour obtenir des rendez-vous avec eux », a-t-elle fait savoir.

Et le CALACS fera la même chose avec les parents en fin de journée pour les 5 à 7.

Les impacts

Coordonnatrice clinique au CALACS Unies-Vers-Toi, Lise Alix a pris la parole pour aborder les impacts des agressions sexuelles et des cas de harcèlement.

« Des personnes ont quitté leur travail parce qu’un collègue était harcelant et qu’elles n’étaient pas entendues », a-t-elle observé.

Nombreux sont les effets sur les victimes, baisse d’estime de soi, dépression, perte d’emploi, problèmes financiers, problème de consommation, mais aussi du côté de la sexualité et rupture de couple.

Les impacts se sont aussi sentir chez les proches. « C’est pourquoi on donne aussi de l’aide aux proches pour les aider à accompagner la victime », a souligné Mme Alix, heureuse, par ailleurs, des résultats produits par la sensibilisation en entreprise. « Quand on a commencé la sensibilisation en entreprise, une dame reçue à mon bureau m’a confié avoir été témoin, à la suite de la sensibilisation, du congédiement d’un employé pour ses comportements inadéquats. Elle m’a dit se sentir en sécurité lorsqu’elle allait travailler. Je voudrais que vous compreniez l’importance que vous avez », a-t-elle lancé à l’endroit des employeurs.

Avec le programme Entreprise mis sur pied, le CALACS souhaite atteindre un maximum de victimes, sensibiliser les parents et les proches pour s’en faire des alliés et lutter, sensibiliser pour prévenir, pour limiter les comportements inappropriés et diminuer les cas de harcèlement.

L’équipe du CALACS invite les employeurs à devenir des ambassadeurs de la non-violence et à relever le défi des ambassadeurs. Chaque année, comme on l’a fait avec Bateaux Princecraft, le CALACS honorera une organisation qui fait le pas de plus pour porter la voix des victimes et des survivantes.