25 jours de marche, pour le plaisir et pour le défi

VICTORIAVILLE. Ils aiment la marche, les longues marches, disent-ils. Bien, Michelle Auger-Bellemare, une jeune femme originaire de Victoriaville et son ami de cœur Éric Côté-Kougnima, en ont entrepris toute une. Ils ont quitté Rivière-du-Loup le 24 juillet pour rentrer chez eux à Montréal, à pied. Vingt-cinq jours de marche, un périple de quelque 650 km.

Le www.lanouvelle.net a rencontré le couple, mercredi matin, à la Vélogare du centre-ville de Victoriaville au moment où il s’apprêtait à reprendre le sentier du Parc linéaire des Bois-Francs à destination de Kingsey Falls où réside le père de la marcheuse.

Michelle et Éric avaient passé la nuit chez la maman de Michelle à Victo. Ils avaient bonne mine. Ça allait bien pour les deux amoureux qui se sont rencontrés à l’Université du Québec à Montréal où tous deux ont fait partie d’une équipe de basketball. Le sport fait partie de leur vie, dit la Victoriavilloise d’origine.

Comptable de formation, Michelle travaille dans une entreprise montréalaise tandis qu’Éric étudie pour l’obtention d’une maîtrise en administration publique.

L’homme et la femme ont aussi ce point en commun qu’ils affectionnent la marche. «Un jour, en voyant sur une carte le sentier transcanadien traversant le pays, cela nous a fait surgir des idées de grandeur. Et ça a cheminé comme ça», raconte Éric qui, dans le passé, a marché pendant 21 jours sur le chemin de Compostelle. «J’en ai fait une bonne partie, rappelle-t-il. On s’est dit alors que nous pourrions faire notre chemin de Compostelle au Québec, que ce serait plaisant de rentrer chez nous à pied.»

«Et puis, ajoute Michelle, plutôt que de visiter un autre pays, autant visiter le nôtre, on a toutes les ressources, le réseau cyclable.»

Compostelle, c’est environ 700 km. «On a trouvé un endroit qui concordait, Rivière-du-Loup. Cela représente une distance d’environ 650 km de Montréal», note Éric.

«De plus, c’est une région que je n’avais jamais visitée. Et à pied, on a le temps de tout voir, les paysages incroyables, les chaînes de montagnes», renchérit Michelle Auger-Bellemare.

Cette longue randonnée nécessite une bonne préparation. «Cela exige beaucoup d’organisation, témoigne Michelle. Il fallait calculer la distance entre chaque arrêt puisque nous dormons en auberge, dans les «bed and breakfast», et non en camping. Il fallait nous assurer des disponibilités. Nos 25 jours étaient planifiés. Tout était réglé d’avance.»

Bien différent de Compostelle où les auberges se font nombreuses. «Ici s’ajoutent un défi, un stress puisqu’on doit se rendre à la destination prévue, au jour prévu, peu importe comment on se sent. Sinon, ça découle tout. Mais finalement, ça se passe bien», affirme Éric Côté-Kougnima.

Sur la route

Le jeune couple, qui a entamé sa marche le 24 juillet, a prévu son arrivée à Montréal le dimanche 17 août.

Ils marchent en moyenne 28 km par jour alors qu’ils s’attendaient à parcourir 26 km. «On a constaté qu’on marche deux ou trois kilomètres de plus que prévu. C’est une bonne différence, cela représente environ 40 minutes», évalue Michelle.

«C’est beaucoup, reconnaît Éric. À Compostelle, on suggère entre 20 et 25 km par jour.»

Michelle et Éric ont vécu deux journées difficiles, le trajet Charny-Plessisville en pleine chaleur. Entre ces deux localités ne se trouvait qu’une seule auberge, à Dosquet. «Cela nous faisait des journées de tout près de 40 km, au grand soleil. J’ai trouvé ça difficile, mais on l’a fait», se réjouit la jeune femme.

Jusqu’à Victoriaville, du moins, où le couple avait réalisé environ la moitié de son périple, soit 342 km, les marcheurs ont connu, somme toute, du beau temps, la pluie ne se manifestant souvent qu’en soirée ou la nuit. À peine deux jours et demi de pluie environ. Mais beau temps mauvais temps, on marche.

L’heure de départ matinale varie en fonction des prévisions météo et de l’heure du déjeuner. «L’idéal est de partir tôt. Marcher le matin, c’est beaucoup mieux avec un temps plus frais. Et on bénéficie de plus de temps en fin de journée pour se reposer», observe Éric.

Grand défi

Éric a vécu Compostelle, mais Michelle participe, pour la première fois, à une telle expérience, à un si long parcours.

Des maux de genou l’ont sérieusement éprouvée à un certain moment, si bien que le couple a même songé à tout abandonner.

Mais le malaise s’est heureusement résorbé. Michelle a aussi eu droit à des réactions allergiques aux yeux. «Notre corps n’est pas habitué. Il y a toujours de nouveaux maux qui sortent», dit-elle.

«Ça demeure un gros défi, on veut le réussir. On ne le fait pas pour quelque chose ou pour une cause», signale Éric. «Il s’agit d’un défi personnel, une mise en forme et une visite du Québec. Voilà ce qui nous motive à faire ce voyage», précise Michelle Auger-Bellemare.

La marche leur permet de rencontrer des gens, d’occuper en hébergement de belles auberges, des maisons ancestrales. «Les gens sont chaleureux, accueillants. Et c’est plaisant aussi parce que nous intriguons certaines personnes, raconte Michelle. Un homme, qui lisait son journal en déjeunant, nous a aperçus et il nous a rejoints pour faire un petit bout avec nous.»

Des rencontres un peu moins intéressantes celles-là, les rencontres avec les chiens présents dans les champs. Dix fois par jour, des chiens jappent en présence des marcheurs. «Je possède mon poivre de Cayenne. C’est une sécurité, les animaux peuvent être imprévisibles. Je ne l’ai pas utilisé, mais je l’ai sorti une fois, car j’étais craintive», admet la Victoriavilloise.

Un beau voyage

Michelle et Éric sont unanimes lorsqu’on pose la question. «Une telle expérience en vaut la peine, vraiment, commente Michelle. Chaque journée est différente, avec toujours un doute qui persiste à savoir si on va réussir parce que le risque de blessure existe. On n’a pas de contrôle sur le corps. Et le soir, on arrive parfois complètement brûlé.»

Éric, lui, y voit un bel équilibre entre le défi, l’effort physique et la récompense du soir avec le souper au restaurant et l’hébergement à l’auberge. «Quand on arrive, on est content. On profite de nos soirées», dit-il.

Rien n’est encore décidé comme projet d’avenir. Reste qu’ils aimeraient bien répéter ce genre d’expérience qui, préviennent-ils, mérite une bonne préparation et exige, à la base, une certaine forme physique.

«On s’est bien préparé en s’équipant, en consultant des spécialistes. Et puis, point important, il faut voyager léger, avec l’essentiel, ce qui n’était pas le cas pour nous au départ», reconnaît Michelle.

Sitôt l’entrevue terminée, le duo a repris la route. Objectif Montréal avec des haltes à Kingsey Falls, Richmond, Saint-Denis-de-Brompton, North Hatley, Magog, Waterloo, Granby, Chambly et autres.