Des familles ont choisi les États-Unis

On vous raconte l’histoire que vivent quatre familles, dont celle de Mathieu Fournier de Victoriaville. Une histoire de déracinement volontaire en raison du travail qui les amène loin de leur milieu dans l’État de la Virginie aux États-Unis.

Ces employés de Cascades (des Cascadeurs) et leur famille ont accepté la proposition pour mener à bien le projet de l’usine de Bear Island, achetée par l’entreprise de Kingsey Falls en 2018.

Mathieu Fournier, sa conjointe Line Bilodeau et leurs enfants Isaac (11 ans), Flora (10 ans) et Téa (8 ans) ont quitté leur domicile de Victoriaville à la fin juillet à destination de leur nouveau milieu de vie identifié par Mathieu lors de ses fréquents aller-retour depuis 2019 et par des recherches sur le Web. « Nous vivons dans la banlieue nord-ouest de Richmond. À cinq rues de chez nous, c’est la campagne. On se trouve dans un beau quartier résidentiel, très boisé, où résident de nombreuses familles. Les enfants se sont faits pleins d’amis et ils marchent pour se rendre à l’école située à un peu moins d’un kilomètre », indique Mathieu Fournier. « Un beau quartier familial, sécuritaire, poursuit-il. Les gens sont super accueillants. »

L’aîné de la famille, William, qui fréquente l’Université Laval, n’a pas accompagné ses proches, mais il passe le mois de janvier avec eux.

En préparation de ce périple, les parents ont inscrit leurs enfants dans une école privée de Victoriaville pour qu’ils acquièrent une base en anglais.

À l’école, les enfants, à leur arrivée, ont passé une évaluation en anglais pour déterminer leur niveau d’aide et de soutien dont ils auraient besoin. « Mon fils de 11 ans et ma fille de 8 ans obtiennent de l’aide en anglais. Je trouve ça très bien. L’accueil est bien structuré », fait remarquer Line Bilodeau.

« Les enseignants sont super, offrent beaucoup de support, ajoute Mathieu. Honnêtement, on est bien tombé dans un beau quartier peuplé de gens accueillants, gentils, avec de bonnes écoles. »

En général, la vie au pays de l’Oncle Sam n’est pas si différente, à l’exception de la langue. « En fait, note Mathieu, ce sont plein de petits détails qui peuvent être différents. » Comme les heures à l’école, par exemple. Les enfants n’ont qu’une récréation à l’heure du dîner. « Ils ont un temps pour dîner, pour aller dehors et ils terminent l’école à 14 h 30 », précise maman Line.

Les Victoriavillois apprécient particulièrement le temps clément, d’ordinaire. Sauf que tout a changé il n’y a pas si longtemps. « Il semble que la météo ait décidé que ce serait l’hiver avec le plus de neige depuis les 10, 15 ou 20 dernières années », souligne Mathieu Fournier.

La neige qu’ils ont vu tomber a fondu. Mais au moment de l’entrevue, une quarantaine de nouveaux centimètres de neige s’annonçaient pour le prochain week-end. « Le problème, c’est qu’ils n’ont pas les infrastructures pour gérer la neige. Quand tu es chanceux, ils déneigent ta rue, et ce faisant, ils ne font que la pousser, sans la ramasser », constate-t-il.

« Quand ils neige, ils ferment les écoles. Il a fallu trois jours avant que l’école ne rouvre après la dernière tempête », fait remarquer Line Bilodeau.

De manière générale, l’hiver en Virginie correspond à l’automne québécois, observe Mathieu Fournier. « L’été, ici, est extrêmement chaud », dit-il. « Au point où peu de gens se retrouvent dehors », ajoute Line.

Somme toute, la belle saison s’échelonne sur une longue période. « C’est intéressant, on remarque que les gens sont plus relaxes », renchérit Mathieu.

Les membres de la famille apprécient, par ailleurs, la position géographique de leur terre d’accueil. « On se situe à environ deux heures de la plage. Nous y sommes allés une fois. On se trouve également à deux heures de Washington. Donc, relativement rapidement, on est en mesure d’effectuer certaines visites », mentionne le père de famille.

À quelques heures de route s’offrent à eux différentes possibilités. « On peut se rendre en cinq heures à Myrtle Beach, aller dans les montagnes pour le vélo, visiter le centre-ville de Washington. »

Les parents voient aussi à inscrire les enfants à des activités sportives. Leur garçon a eu la chance d’intégrer rapidement une équipe de hockey. « Ça nous permet de voyager à travers l’État de la Virginie, souligne le papa. On a pris part notamment à un tournoi en banlieue de Philadelphie. On a joué contre des équipes provenant du New Jersey, de New York, du Maine, de la Caroline. Nous allons au Maryland de temps à autre. »

Les filles, quant à elles, s’adonneront à la gymnastique et au soccer.

La mentalité américaine

Line Bilodeau ne s’exprime pas véritablement en anglais. « Je suis en apprentissage, mais je trouve que les gens sont patients et conciliants. Ils sont très sociables. Les gens se saluent, c’est une marque de politesse », confie-t-elle.

« Les gens sont super accueillants et te saluent quand tu te promènes en auto ou à pied, reprend Mathieu. On se situe à la limite entre le sud et le nord. Les sudistes font beaucoup de plein air, ils sont un peu plus relaxes. Les gens font preuve d’une très grande ouverture. »

Les Fournier-Bilodeau séjournent aussi dans un coin de pays riche en histoire, observe Mathieu. « Qu’on pense à la première colonisation américaine, la guerre de Sécession. C’est un endroit très riche en histoire et ça se voit. »

L’adaptation à son nouveau milieu a coulé de source, si on veut. « L’adaptation n’est aucunement un problème. Tout le monde s’adapte super bien. L’école va bien, l’anglais aussi, les sports, les enfants se font des amis. Vraiment au-delà de ce à quoi on aurait pu s’attendre », témoigne Mathieu Fournier.

Malgré tout, un certain mal du pays peut se pointer à l’occasion. « En fait, on vit des hauts et des bas. Des jours, tout se passe super bien et d’autres où l’on s’ennuie. Mais c’est plutôt rare. Et les bas ne sont pas tellement bas et ne durent pas longtemps », assure-t-il.

La famille, durant la période des Fêtes, est revenue au Québec pour une courte présence, mais le variant Omicron l’a amenée à rentrer au bercail assez rapidement.

Les mesures liées à la COVID ressemblent à celles du Québec, ont-ils constaté. En classe, les enfants doivent porter le masque en tout temps et respecter une bulle. Le virus ayant aussi affecté tous les membres de la famille, ils ont dû observer une période d’isolement de 10 jours à la maison.

Une expérience qui en vaut le coup

Ils se réjouissent notamment de l’expérience qu’ils font vivre aux enfants. « On peut maintenant, en parlant, passer du français à l’anglais et l’inverse aussi. C’est vraiment intéressant de faire vivre culturellement ce qui se passe ici », fait valoir Mathieu.

Chose certaine, ils ne regrettent aucunement leur décision. « On connaît d’ailleurs des gens qui l’ont déjà fait. C’est quelque chose qui m’intéressait, qu’on mûrissait depuis très longtemps, et l’occasion s’est présentée. De plus, on déménageait avec des gens qu’on connaît », note-t-il.

Une telle expérience, ils la recommandent certainement. « Absolument, même si ce n’est pas de tout repos. Cela exige de la préparation. Il y a beaucoup de choses à gérer quand on déménage d’un pays à l’autre. Ce n’est pas simple, mais ça en vaut grandement la peine. Ce n’est pas une question monétaire, mais bien une question d’aller chercher ce bagage, de vivre cela en famille, de voir d’autres choses, d’autres cultures », expose Mathieu Fournier.

La vie à l’américaine pourrait durer trois ans pour la famille de Victo. « J’ai signé, pour ma part, un contrat de trois ans avec Cascades. Ma conjointe, en raison de son travail, peut se permettre de partir deux ans. Mais nous sommes en discussions. Ce que je dis, c’est qu’on a signé deux ans avec une année d’option », mentionne-t-il en empruntant une formule sportive.

Et les autres                                                                                

Les Fournier-Bilodeau ne sont donc pas totalement en terrain inconnu puisque d’autres familles expérimentent aussi cette aventure. Trois autres familles de Cascadeurs vivent aussi l’expérience américaine. Mathieu Gendron, lui, s’est vu confier le poste de directeur de l’usine de Bear Island.

Sa conjointe Catherine Côté, vétérinaire pour les chevaux, raconte dans le journal interne de Cascades que la vie se passe plutôt bien en sol américain. « Si rien ne change, dit-elle, il se pourrait qu’à la fin du contrat, nous désirions prolonger notre séjour dans ce bel État. »

Patrick Laroche, sa conjointe Édith et leur fils Édouard prennent aussi part à l’aventure. « C’était un peu émotif de quitter notre maison des 12 dernières années, mais le plus difficile a été de nous éloigner de notre famille et de nos amis », confie la maman.

En Virginie, souligne-t-elle, l’accueil des gens a grandement facilité leur intégration. « On a déjà plus de contacts avec les gens de notre rue qu’ici au Québec. Les gens sont très accueillants. »

« On trouve les gens d’ici très sympathiques, accueillants, chaleureux et très ouverts. Ils nous saluent de façon très naturelle et spontanément sans même nous connaître », exprime, dans le journal de Cascades, Joselina Coello, conjointe du Cascadeur Yan Veillette qui, note-t-elle, s’est toujours montré ouvert à l’idée de déménager et de vivre de nouvelles expériences. « Avec le projet de cette nouvelle usine, l’occasion s’est présentée et on l’a saisie. La vie nous a emmenés ici, et c’est pour une raison. On demeure ouverts à tout ce qui se présente », conclut Joselina, parente avec Yan, de trois enfants, Alejandro (17 ans), Rafaella (16 ans) et Gabriella (15 ans).