COVID-19: le milieu de la santé en appelle à la population

Les intervenants de la région interpellent la population en regard de la situation difficile qui prévaut actuellement dans le réseau de la santé. Les hôpitaux de la région subissent une forte pression en raison des nombreux cas de COVID et des complications que subissent un certain nombre de malades.

« On ne réalise pas toujours à quel point la situation actuelle met de la pression sur le réseau et son personnel. Cette pression se fait certes sentir chez le personnel soignant dans nos urgences, dans nos unités de soins, chez les technologues de laboratoire, mais aussi chez les personnes travaillant aux cuisines et en matière d’hygiène salubrité, par exemple », fait valoir la Dre Marianne Lemay, directrice des services professionnels et de la pertinence clinique par intérim au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ).

Ces gens peuvent être affectés tant par la COVID que par une demande accrue dans le réseau de la santé. « On souhaite notamment que la population fasse preuve d’indulgence envers le personnel, qu’elle réalise que les services peuvent être un peu plus lents en raison de la très grande demande et du personnel qu’on a », explique-t-elle.

L’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, particulièrement, a connu un taux d’occupation suffisamment important pour que les autorités enclenchent un délestage de services. « En comparaison avec les autres RLS, on est un des RLS les plus touchés par la COVID au niveau populationnel, ce qui fait que notre hôpital a été probablement le plus impacté au niveau de la capacité de nos lits hospitaliers et de nos lits des soins intensifs », a confié la Dre Marianne Lemay.

Même que certains patients, précise-t-elle, n’ont pu être hospitalisés aux soins intensifs de l’HDA et ont dû, en raison de la sévérité de leur état, être dirigés ailleurs. « On a reçu beaucoup de patients qui nécessitaient des soins critiques et qui ont dû être transférés vers Trois-Rivières et Québec », observe-t-elle.

En analysant la proportion de la vaccination populationnelle et le taux d’occupation des lits par les personnes non vaccinées, celles-ci sont surreprésentées par rapport à la population générale, fait remarquer Dre Lemay sans toutefois préciser de chiffres puisqu’ils varient de jour en jour.

Cependant, à un certain moment, les lits des soins intensifs ont été occupés à plus de 90% par des non-vaccinés. 

Des messages à la population

Malgré tout, malgré la charge de travail générée par le coronavirus, Dre Lemay rappelle l’importance de consulter en présence de malaises ou de symptômes importants. « La COVID ne nous empêche pas de soigner les gens, insiste-t-elle. C’est un message très fort qu’on veut lancer à la population. Consultez, si vous éprouvez des symptômes d’allure cardiaque ou d’AVC, par exemple. N’hésitez pas à aller consulter. C’est important! »

Pour sa part, la présidente-directrice générale adjointe du CIUSSS MCQ, Nathalie Boisvert, invite la population à la bienveillance, consciente que la pression subie par les travailleurs du réseau et les citoyens peut avoir des impacts sur les comportements. « Il est presque normal, dans le contexte actuel, qu’il y ait un peu plus de délais lorsque nous allons consulter. On doit faire appel à la bienveillance. Je crois que les gens ne réalisent pas toujours vraiment ce qui se passe à l’intérieur des murs des établissements et tout le travail qui se fait », exprime-t-elle, tout en disant souhaiter que la population puisse prendre la pleine mesure de la réalité tout en encourageant les citoyens à adapter leurs comportements pour agir ainsi en soutien à toutes les équipes. « En général, ça se passe bien, note-t-elle, mais parfois, malheureusement, on observe des écarts dans certains comportements. »

Le moral des troupes

Après 22 mois de travail intense, le personnel du réseau ne l’a pas facile, reconnaît la PDG adjointe. « De façon générale, oui, les gens sont très fatigués. Ils vivent eux aussi des défis personnels. Certains ont vécu le décès de parents, d’autres ont des enfants éprouvant des difficultés à l’école. Ils vivent aussi, comme quiconque dans la population, des contraintes accentuées même par leur sentiment d’assumer pleinement leur devoir de membre du réseau de la santé », souligne Nathalie Boisvert.

Malgré la fatigue, ils vont quand même bien, ajoute-t-elle, et souhaitent voir la fin de cette pandémie.

La crise sanitaire amène d’importants défis, signale la PDG adjointe, ce qui oblige les dirigeants, dans certaines situations, d’appliquer des arrêtés ministériels qui ne sont pas sans conséquence pour le personnel. « En ce moment, la situation est particulièrement difficile pour nos équipes de soignants, bien qu’elles demeurent très engagées vis-à-vis la population », commente-t-elle.

À la fatigue du personnel de la santé s’ajoute celle de la population également, tient à dire la Dre Lemay. « C’est le cas aussi pour les gens. On est vraiment tanné tout le monde. Mais même si nous sommes fatigués comme individu, on peut s’aider personnellement jusqu’à un certain point », affirme-t-elle. Oui, plaide-t-elle, on peut s’aider avec les mesures sanitaires, le port du masque, la désinfection, la réduction des contacts et la vaccination qui contribue à contracter une maladie moins sévère. 

Mais elle prône aussi l’adoption de saines habitudes. Parce que confronté à l’adversité, comme c’est le cas actuellement, l’humain peut adopter des comportements « pas nécessairement protecteurs ». Comme une plus grande consommation d’alcool et une alimentation de moindre qualité, par exemple. « J’en appelle à la population de tenter d’adopter aussi de saines habitudes. Buvez de l’eau, mangez sainement, faites de l’exercice et évitez l’alcool le plus possible », encourage-t-elle, tout en invitant à la solidarité. « Il faut continuer à se motiver mutuellement,  à s’appeler en pensant aux personnes seules. On peut avoir un mouvement social de solidarité très grand, d’encouragement, de motivation, croit la Dre Marianne Lemay. Il faut se montrer résilient face à l’adversité et développer des outils de résilience ». 

Le délestage

Le CIUSSS MCQ, affirme Mme Boisvert, tente toujours de maintenir le maximum de services, mais la pandémie oblige à recourir au délestage. « Le délestage est une action très dynamique. On essaie de l’ajuster au mieux et on tente toujours de maintenir le maximum de services. Au CIUSSS MCQ, concernant les chirurgies, on a la ferme volonté de ne pas les réduire en deçà de 50%, car il y a des conséquences, admet-elle. On en est conscient. Mais on maintient toutes nos chirurgies oncologiques, les chirurgies urgentes et semi-urgentes. »

À l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, on réussit à maintenir le 50% quotidiennement, assure la PDG adjointe. Bien sûr, le délestage se traduira par l’allongement des listes d’attente. « Ce sera le défi, par la suite, de revenir à plein rendement », expose-t-elle.

La vaccination comme meilleure arme

Pour sortir de la pandémie, la vaccination demeure la meilleure arme, reprend Nathalie Boisvert. « On encourage les gens. En ce moment, on constate d’ailleurs une augmentation des personnes qui vont chercher leur première dose. On les en remercie », dit-elle, tout en informant les personnes craintives qu’elles disposent de tous les moyens nécessaires pour bien s’outiller et bien comprendre.

« En ce moment, les meilleures armes dont nous disposons, ce sont le respect des mesures sanitaires, la vaccination et prendre soin de soi », résume-t-elle en conclusion.