Innover grâce à la production de champignons 

À l’Institut national d’agriculture biologique (INAB) du Cégep de Victoriaville, comme ailleurs sur les fermes maraîchères, c’est en étant confronté à des défis que les idées les plus créatives émergent. Permettre à chaque élève de faire l’apprentissage du vivant est en soi un défi pour l’équipe enseignante puisque force est de constater qu’une tomate récoltée le matin par un élève ne peut l’être à nouveau par un autre en après-midi. 

C’est ainsi qu’il faut nous aussi apprendre à repenser et reconfigurer les manières de faire pour potentialiser chaque espace.

Il faut également rester à l’affût des tendances et des innovations afin de demeurer à l’avant-garde. C’est ainsi que l’idée a germé, en 2020, de faire pousser des champignons aux pieds des plants de tomates. Une pratique émergente sur certaines entreprises maraîchères diversifiées à travers la province. La beauté de cette méthode est de valoriser un espace déjà existant. Ce qui permet, en fin de compte, d’augmenter la quantité de nourriture produite sur une même unité de surface. Bref, un pas de plus vers l’autosuffisance alimentaire.

Le concept est relativement simple. La production consiste à installer des contenants sur un côté du rang de la tomate, sous les feuilles qui feront de l’ombre, car le champignon n’est pas un organisme photosynthétique. Dans ces bacs, différents intrants riches en Carbone (paille, granules de bois, etc.) sont mélangés avec le mycélium (le champignon). Par la suite, un système d’irrigation est ajouté afin d’envoyer une bruine d’eau sur le mélange, mais sans toucher les feuilles pour éviter le développement de maladies. L’enjeu est de garder ce mélange humide, mais sans noyer le tout.

Les défis agronomiques restent nombreux. Il est rare de cultiver ou d’élever un être vivant dont on ne voit que les fruits, sans pouvoir apprécier la croissance et son développement. On peut apprendre à « lire » un plant de tomates en prenant différentes mesures de sa croissance et en exerçant son œil, mais ce n’est pas évident de le faire pour un organisme qui pousse dans l’ombre. 

Il y a également peu de références sur la façon de produire les champignons et un peu comme la tendance actuelle, on construit l’avion en plein vol. Beaucoup de recherches et de développement restent à faire afin de trouver une façon simple, efficace et productive de le faire. La mise en marché reste elle aussi un enjeu, les Québécoises et Québécois n’étant pas de grands consommateurs de champignons en comparaison à d’autres endroits sur le globe. Mais les pleurotes qu’on produit sont délicieux, à vous d’y goûter.