Coalition Minimum 18 $ : consensus du mouvement syndical et communautaire 

Un nouveau consensus voit le jour au sein du mouvement syndical et communautaire québécois : le salaire minimum doit être haussé à 18 $ l’heure, et ce, afin d’assurer qu’une personne seule travaillant 35 heures par semaine puisse se sortir de la pauvreté. C’est la raison d’être de la coalition Minimum 18 $, lancée ce matin, qui demande au gouvernement de François Legault de tenir compte des réalités économiques actuelles lors de l’annonce relative à la prochaine hausse du salaire minimum, attendue dans les jours à venir.

Cette mise à jour devenait nécessaire en fonction de la hausse du coût de la vie des dernières années. Malgré le fait qu’elle a rendu désuète la revendication antérieure de 15 $ l’heure, elle révèle le statut encore plus inapproprié du salaire minimum actuel de 13,50 $, soutiennent les membres de la coalition. Cette dernière regroupe le Collectif pour un Québec sans pauvreté, le Front de défense des non-syndiqué-es, le Centre ces travailleurs immigrants, la FTQ, la CSN, la CSD, l’APTS, le SFPQ et le SPGQ. 

Au Centre-du-Québec, le Collectif de lutte contre la pauvreté Centre-du-Québec(CLCPCQ), qui regroupe une trentaine d’organismes communautaires, appuie une hausse du salaire minimum à 18 $ l’heure. « S’il y avait une hausse significative du salaire minimum, ces salariés dépenseraient en fréquentant le restaurant du coin, l’épicerie locale et les autres commerces de proximité. Ils encourageraient l’économie locale », affirme Anne Lamothe, responsable du Collectif de lutte contre la pauvreté Centre-du-Québec.  

« Les banques alimentaires annonçaient en octobre une augmentation de 37% de la distribution de paniers de provisions entre 2019 et 2021. La hausse du coût de la vie et l’inflation ne feront qu’aggraver la situation. « Comme citoyen, comment accepter de vivre dans une société où des personnes qui travaillent à temps plein sont obligées de fréquenter les banques alimentaires, par manque de revenus », estime Mme Lamothe.

Exclusion sociale de centaines de milliers de travailleurs 

« La pandémie aura révélé le rôle essentiel du personnel des résidences pour aîné-es, de la chaîne alimentaire et du commerce au détail. Or, une large proportion de ces personnes, majoritairement des femmes, doivent cumuler des emplois sous-payés, mais demeurent tout de même incapables de joindre les deux bouts pour faire vivre leur famille. En n’intervenant pas directement par l’entremise de la hausse du salaire minimum, le gouvernement cautionne cette marginalisation économique, cette exclusion sociale de centaines de milliers de travailleurs, tout comme celle de leurs enfants », indiquent les porte-parole de la coalition.

La vigueur actuelle de la reprise économique et les problèmes, omniprésents, de pénurie et de rareté de main-d’œuvre favorisent considérablement une telle hausse du salaire minimum, plaident les organisations syndicales et communautaires. Elles soulignent que les secteurs de la restauration et du commerce de détail, bien que ne représentant que 17% de l’emploi total au Québec, cumulent pourtant à eux seuls 44 000 postes vacants, soit 23% des emplois qui sont à combler à l’heure actuelle. Or, la moyenne des salaires offerts pour ces postes est de 15,07 $ l’heure, bien en deçà de la moyenne de 21,80 $ pour l’ensemble des postes vacants – et largement inférieure à la moyenne des salaires de l’emploi au Québec, qui se situe à 28,52 $.

Pour effectuer la mise à jour de leur revendication relative au salaire minimum, les membres de la coalition prennent en considération différentes données, notamment la mesure à faible revenu à 60% de la médiane des revenus (MFR-60), un indicateur beaucoup plus englobant que la mesure du panier de consommation (MPC), qui ne tient compte que des besoins de base (à savoir se nourrir, se loger, se vêtir et se déplacer). À plus d’une reprise, les organisations membres de la coalition ont soulevé leurs préoccupations auprès du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale quant au côté arbitraire de sa cible, soit un salaire minimum établi à 50% du salaire moyen.

D’autres organisations syndicales et communautaires seront appelées à joindre la coalition au cours des prochains jours. C’est le cas de la CSQ, dont les instances démocratiques se prononceront sur le sujet à la mi-décembre.