Selon une étude, une augmentation du salaire minimum à 18 $ aurait un lourd impact sur les PME

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) dévoile, dans un nouveau rapport, les effets qu’engendrerait une augmentation du salaire minimum à 18 $ sur les PME. L’étude démontre que 9 PME québécoises sur 10 jugent qu’une hausse de cet ordre aurait un impact sur elles. Entre augmentations des prix et multiplication des heures travaillées pour les entrepreneurs, une telle hausse fragiliserait les PME.

« Nos données actuelles montrent que les PME du Québec doivent éponger des hausses importantes de leurs coûts d’exploitation, tout cela dans un contexte où la moitié d’entre elles n’ont pas encore retrouvé des revenus normaux. Il ne fait aucun doute qu’une augmentation de 33% du salaire minimum, représentant un coût supplémentaire pour un employeur de 10 806 $ par année par employé, ferait mal aux petites entreprises. Nous espérons que notre étude permettra d’éclairer un peu ce débat et aidera le gouvernement à prendre la meilleure décision pour tous », affirme François Vincent, vice-président Québec à la FCEI.

Faits saillants de l’impact sur les PME 

33% des PME devraient augmenter le prix de leurs produits et services.

30% des PME indiquent que cela entraînerait un effet domino sur les salaires des employés, y compris ceux qui ne sont pas au salaire minimum.

18% des propriétaires de PME devraient compenser en travaillant plus d’heures.

11% réduiraient leur nombre d’employés.

11% des propriétaires de PME affirment que cela fragiliserait l’entreprise au point d’envisager la fermeture.

« Dans un contexte inflationniste, une hausse de 33% relèverait d’une absence de vision d’ensemble. La prise en considération de toutes les variables, notamment les effets sur l’économie et les consommateurs, demeure la clé pour se rapprocher d’une décision équilibrée et responsable. En définitive, l’approche parfois dogmatique et simpliste de cet enjeu complexe doit laisser place à une véritable réflexion pragmatique qui tient compte du caractère multiple des répercussions d’une hausse considérable et soudaine du salaire minimum », souligne Francis Bérubé, analyste principal des politiques à la FCEI.

La FCEI s’inquiète que de telles revendications soient portées par diverses organisations sans tenir compte de ses effets sur l’économie et les PME, de surcroît dans un contexte pandémique qui a hautement fragilisé les entreprises. Selon notre Baromètre des affairesMD, les projets d’augmentation des salaires et des prix pour les PME ont également atteint des sommets jamais enregistrés depuis sa publication en 2009. Ce n’est vraiment pas le moment d’en demander plus aux PME.

Donner de la marge de manœuvre aux PME pour leur permettre d’augmenter les salaires

Interrogées dans le sondage de la FCEI sur les meilleurs moyens de les accompagner lors d’une hausse du salaire minimum, les PME priorisent d’abord une réduction du fardeau fiscal global (79%), une baisse des taxes sur la masse salariale (73%), une offre de crédits d’impôt (58%) et un allégement du fardeau administratif et réglementaire (49%). Ce sont des mesures à la portée du gouvernement pour avoir un impact positif sur l’augmentation des revenus des employés.

La FCEI rappelle également qu’il existe des mesures plus efficaces pour lutter contre la pauvreté qu’une hausse considérable du salaire minimum. La bonification du montant personnel de base, l’amélioration des primes au travail ou les crédits d’impôt ciblés bénéficieraient directement aux employés à bas salaire et atteindraient cette cible sans créer de pression supplémentaire sur les PME.

« La question de l’augmentation du salaire minimum doit prendre en compte l’environnement économique actuel et ses divers impacts, surtout sur les PME qui sont le poumon de notre économie. L’équilibre et la prévisibilité doivent être au rendez-vous afin de ne pas engendrer un effet de cumul supplémentaire contribuant à hausser les coûts des entreprises et le coût de la vie de tous les citoyens, y compris les plus vulnérables. Nous invitons le gouvernement du Québec à faire preuve de prudence et à prendre une décision responsable pour tous », conclut François Vincent, vice-président Québec à la FCEI.